Cour suprême, démocratie et développement durable (par Nicolas Casaux)

Cour suprême, démocratie et développement durable (par Nicolas Casaux)

I. LES ÉTATS-UNIS N’ONT JAMAIS ÉTÉ UNE DÉMOCRATIE

Leur « cour suprême », qui s’est récem­ment illus­trée en reti­rant le droit d’a­vor­ter aux femmes, n’a donc jamais été pen­sée comme un ins­tru­ment démocratique.

Les « pères fon­da­teurs » des États-Unis (des pères, bien enten­du, pas de « mère » dans l’affaire), ceux qui ont rédi­gé la consti­tu­tion fon­da­trice du pays (laquelle date de 1787, mais n’entre en vigueur qu’en 1789), étaient tous ouver­te­ment anti­dé­mo­crates. La démo­cra­tie, pour eux, c’était une hor­reur, quelque chose d’affreux, d’insupportable, une tyran­nie dégoû­tante, parce que c’était une forme de gou­ver­ne­ment dans laquelle les masses, c’est-à-dire les pauvres, étaient au pou­voir. James Madi­son, par exemple, un des­dits « pères fon­da­teurs », affir­mait que la démo­cra­tie devait être crainte parce qu’elle mena­çait la pro­prié­té pri­vée et la sta­bi­li­té éco­no­mique. Ain­si esti­mait-il que « les démo­cra­ties se sont tou­jours révé­lées incom­pa­tibles avec la sécu­ri­té per­son­nelle, ou les droits de pro­prié­té ; et elles ont en géné­ral été aus­si brèves dans leur vie que vio­lentes dans leur mort ».

Alexan­der Hamil­ton, fédé­ra­liste très influent, nota qu’il cher­chait à « for­mer un gou­ver­ne­ment répu­bli­cain. La vraie liber­té n’existe pas dans un régime des­po­tique pas plus que dans les excès de la démo­cra­tie ; elle existe dans les gou­ver­ne­ments modé­rés. » Par ailleurs : « Les membres qui ont défen­du le répu­bli­ca­nisme avec le plus de téna­ci­té […] étaient aus­si tenaces dans leur dénon­cia­tion des vices de la démocratie. »

Dans son excellent livre Démo­cra­tie : His­toire poli­tique d’un mot aux États-Unis et en France, dont sont tirées toutes les cita­tions que je men­tionne, Fran­cis Dupuis-Déri écrit que

« plu­sieurs sources de l’époque révèlent sans ambi­guï­té aucune que les pères fon­da­teurs des États-Unis modernes étaient conscients et convain­cus que leur socié­té était divi­sée en classes sociales. De plus, ils croyaient que les riches doivent être res­pon­sables des affaires poli­tiques, alors que la “démo­cra­tie” était asso­ciée soit au régime où les pauvres gou­vernent, soit à la classe des pauvres elle-même (comme l’aristocratie peut à la fois dési­gner un régime poli­tique et une classe sociale, la noblesse). Le 18 juin 1787, Alexan­der Hamil­ton pro­nonce un dis­cours à la Conven­tion de Phi­la­del­phie qui exprime très bien cet état d’esprit :

“Toutes les com­mu­nau­tés se divisent entre les peu nom­breux et les nom­breux. Les pre­miers sont les riches et les biens nés, les autres la masse du peuple. La voix du Peuple est dite être la voix de Dieu ; et même si cette maxime a été si sou­vent citée et crue, elle est fausse en réa­li­té. Le peuple est tur­bu­lent et chan­geant ; il ne juge et ne recon­naît le juste que rare­ment. Il faut donc don­ner à la pre­mière classe une part dis­tincte et per­ma­nente dans le gou­ver­ne­ment. Les riches et les biens nés vont contrô­ler l’instabilité des seconds, et comme ils ne peuvent obte­nir un quel­conque avan­tage d’un chan­ge­ment, ils vont donc néces­sai­re­ment tou­jours main­te­nir un bon gou­ver­ne­ment. Est-ce qu’une assem­blée démo­cra­tique, qui annuel­le­ment se déroule dans la masse du peuple, peut sup­po­sé­ment être stable dans sa pour­suite du bien com­mun ? Rien d’autre qu’un corps per­ma­nent peut frei­ner l’impudence de la démo­cra­tie. Cette dis­po­si­tion tur­bu­lente et hors contrôle requiert des contrôles.” […] 

Consé­quem­ment, Hamil­ton décla­rait que “la force qui détient les cor­dons de la bourse doit abso­lu­ment gou­ver­ner”. Le peuple doit donc être contrô­lé par les riches. […] Selon John Adams, “les pauvres sont des­ti­nés au labeur, les riches sont qua­li­fiés pour les fonc­tions supé­rieures en rai­son de leur édu­ca­tion et de l’indépendance et des loi­sirs dont ils jouissent”. »

En outre, pour les « pères fon­da­teurs » des États-Unis — et sur ce point, ils avaient rai­son — la démo­cra­tie, c’était un type d’organisation sociale qui conve­nait uni­que­ment pour des très petites socié­tés humaines. James Madi­son notait « que dans une démo­cra­tie les gens s’assemblent et exercent le pou­voir en per­sonne ; dans une répu­blique, ils s’assemblent et gou­vernent par le biais de leurs repré­sen­tants. Une démo­cra­tie, consé­quem­ment, ne peut être éta­blie que dans un petit endroit. Une répu­blique peut englo­ber une vaste région. » Un autre « père fon­da­teur », Tho­mas Jef­fer­son, affir­mait lui aus­si que la « démo­cra­tie » est « la seule pure répu­blique, mais qu’elle est impra­ti­cable hors des limites d’un vil­lage ». Un cer­tain Bru­tus remarque, dans un article en date du 18 octobre 1787 dans le New York Journal :

« Dans une démo­cra­tie pure, le peuple est le sou­ve­rain, et il exprime lui-même sa volon­té ; pour cela, le peuple doit se réunir pour déli­bé­rer et déci­der. Cette forme de gou­ver­ne­ment ne peut donc pas exis­ter dans un pays d’une vaste dimen­sion ; il doit être limi­té à une seule cité, ou à tout le moins main­te­nu dans des limites telles qu’il est pos­sible pour le peuple de se ras­sem­bler faci­le­ment, de débattre, de com­prendre le sujet qui lui est sou­mis, et d’exprimer son opinion. »

Comme le rap­porte Fran­cis Dupuis-Déri :

« En 1801 paraît à Phi­la­del­phie un texte qui explique que la Consti­tu­tion des États-Unis est fon­dée sur deux prin­cipes, la “fédé­ra­tion des États” et la “démo­cra­tie repré­sen­ta­tive” : “On a conclu avec jus­tesse que la démo­cra­tie pure, ou l’autocratie directe du peuple, n’est pas adap­tée à un grand État […]. Mais la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive peut être adop­tée par un État quelle que soit sa taille, et dans toutes les cir­cons­tances où les hommes sont gui­dés par la raison. »

Ce que ces gens-là appe­laient (et appellent tou­jours) « démo­cra­tie repré­sen­ta­tive » n’a bien enten­du rien à voir avec la démo­cra­tie. La « démo­cra­tie repré­sen­ta­tive », c’est un oxy­more. Comme l’a­vait noté Rous­seau, dès lors qu’il y a « repré­sen­ta­tion » le type de régime poli­tique change et bas­cule dans le domaine de l’aristocratie.

Bref, la cour suprême, éta­blie dans la consti­tu­tion états-unienne de 1787, conçue et par pour les gens (les hommes) riches, les pos­sé­dants, comme cette consti­tu­tion elle-même, n’a jamais rien eu de démocratique.

Certes, comme le rap­porte Fran­cis Dupuis-Déri, aux alen­tours de 1830, cer­tains diri­geants états-uniens com­mencent à se dire démo­crates et à par­ler de démo­cra­tie de manière posi­tive, et même, ulté­rieu­re­ment, à qua­li­fier de démo­cra­tie l’or­ga­ni­sa­tion poli­tique des États-Unis. Mais c’est uni­que­ment par oppor­tu­nisme, et le fait qu’ils se mettent à par­ler de démo­cra­tie pour qua­li­fier un régime poli­tique ouver­te­ment pen­sé pour être anti­dé­mo­cra­tique ne change en rien la nature de ce régime.

La France non plus n’a rien d’une véri­table démo­cra­tie. On peut par­ler d’aristocratie élec­tive, d’oligarchie élec­to­rale ou d’autre chose encore, mais qua­li­fier l’État fran­çais, ou d’ailleurs n’importe quel État, de démo­cra­tie, relève de l’abus de lan­gage, du men­songe, de la confu­sion ou de la contra­dic­tion (selon les cas).

II. Bon Pote est une grosse merde, épisode #8000

Donc, trois ultra­riches PDG d’en­tre­prises qui brassent des mil­lions voire des mil­liards — Total vient de faire 14 mil­liards d’eu­ros de pro­fit et de dis­tri­buer plus de 8 mil­liards de divi­dendes à ses action­naires — appellent « les Fran­çais » à consom­mer moins, et lui, il trouve ça super, et il appelle ça « la décroissance ».

D’a­bord, que les riches arrêtent d’a­che­ter des yachts, des Lam­bor­ghi­nis, des SUV, des 4×4, de faire construire des vil­las secon­daires, des manoirs, qu’on arrête les innom­brables gas­pillages d’éner­gie et de res­sources (les golfs, les entre­prises de vente de tro­ti­nettes élec­triques, de montres de luxe, de montres connec­tées, de télé­vi­seurs, de sodas, de drones, de réfri­gé­ra­teurs connec­tés, de tablettes, de brosses à dents élec­triques, etc.), qu’ils rendent l’argent qu’ils ont volé, les richesses qu’ils ont acca­pa­rées, le pou­voir qu’ils ont confis­qué, ensuite on pour­ra tous ensemble consom­mer moins.

Tout récem­ment, par ailleurs, le Bon Pote a car­ré­ment col­la­bo­ré avec l’ID­DRI (l’Institut du déve­lop­pe­ment durable et des rela­tions inter­na­tio­nales, un « think tank qui faci­lite la tran­si­tion vers le déve­lop­pe­ment durable », finan­cé par le groupe Renault, l’AFD ou Agence fran­çaise de déve­lop­pe­ment, Engie, EDF, Suez, Vin­ci, Veo­lia, la BNP Pari­bas, la Banque mon­diale, la fon­da­tion Bill & Melin­da Gates, etc.) — IDDRI qui, par ailleurs, emploie la « célèbre acti­viste » pro­fes­sion­nelle Camille Etienne —, et avec l’A­deme (ça, c’est l’É­tat) pour pro­mou­voir ses bêtises selon les­quelles un autre capi­ta­lisme indus­triel est pos­sible, neutre en car­bone et durable.

Son avè­ne­ment (illu­soire, un capi­ta­lisme indus­triel durable, ça n’est ni pos­sible ni sou­hai­table) néces­si­te­rait un accrois­se­ment des normes, des règle­men­ta­tions, des lois, une admi­nis­tra­tion tou­jours plus pré­cise de l’exis­tence humaine, vous y seriez tou­jours contraints de vendre votre vie sur le « mar­ché du tra­vail » en tant que simple « res­source humaine » au ser­vice du sys­tème socio-tech­nique, des tech­no­crates et des plou­to­crates, etc., MAIS vous vous ren­drez à votre « emploi » à vélo (dans la mesure du pos­sible), et tous vos faits et gestes seront car­bo­mo­ni­to­rés afin de s’as­su­rer que vous ne dépas­sez pas les quo­tas fixés par les experts, etc.

Les imbé­ciles du mou­ve­ment cli­mat sont du côté de la domi­na­tion (mais de la domi­na­tion neutre en car­bone), de l’É­tat, des entre­prises qui inves­tissent dans les mys­ti­fi­ca­tions ridi­cules du « déve­lop­pe­ment durable », des imbé­ci­li­tés éco-indus­trielles, des men­songes verts.

III. PLUS D’UN SIÈCLE DE « PROTECTION DE LA NATURE » FINANCÉE PAR LES INDUSTRIELS ET LES ÉTATS : UNE BELLE RÉUSSITE !

L’inquiétude des gens ordi­naires aus­si bien que des riches, des puis­sants, des classes diri­geantes vis-à-vis de la des­truc­tion de la nature n’est pas nou­velle. Dès les pré­misses de l’industrialisation du monde, dès les débuts de la révo­lu­tion indus­trielle, dans divers milieux, on remarque et on se pré­oc­cupe de la des­truc­tion indus­trielle du monde. Y com­pris dans les hautes sphères.

Du 17 au 19 novembre 1913, à Berne, en Suisse, une « Confé­rence inter­na­tio­nale pour la pro­tec­tion de la nature » est orga­ni­sée à l’initiative du gou­ver­ne­ment hel­vé­tique. Cepen­dant, la Pre­mière Guerre mon­diale inter­rompt les efforts des socié­tés natu­ra­listes et des gou­ver­ne­ments (17 par­mi les­quels le gou­ver­ne­ment fran­çais) qui s’y étaient enga­gés à consti­tuer au plus vite une orga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale de pro­tec­tion de la nature.

Par la suite, il y a presque un siècle, du 31 mai au 3 juin 1923, eut lieu à Paris, au Muséum natio­nal d’histoire natu­relle, le « Pre­mier Congrès inter­na­tio­nal pour la pro­tec­tion de la nature, faune et flore, sites et monu­ments natu­rels ». Il fut orga­ni­sé conjoin­te­ment par la Socié­té natio­nale d’ac­cli­ma­ta­tion de France, la Ligue fran­çaise pour la pro­tec­tion des oiseaux et la Socié­té pour la pro­tec­tion des pay­sages de France. Y par­ti­cipent « sur­tout des scien­ti­fiques — avec de plus en plus d’écologues –, mais aus­si les repré­sen­tants d’intérêts éco­no­miques (pel­le­tiers, chas­seurs pro­fes­sion­nels…) et des socié­tés de chasse ».

Rebe­lote en 1931, avec le Deuxième Congrès inter­na­tio­nal pour la pro­tec­tion de la nature. Les images ci-des­sous sont tirées du livre rap­por­tant les prin­ci­paux actes de ce congrès.

& ce qu’on remarque — de manière par­fai­te­ment logique, par­fai­te­ment atten­due — c’est que dès le départ, les pre­mières orga­ni­sa­tions et les pre­miers évè­ne­ments majeurs visant à pro­mou­voir la « pro­tec­tion de la nature » sont mar­qués du sceau contra­dic­toire du « déve­lop­pe­ment durable » (même si l’expression n’avait pas encore été inven­tée). On déplore les ravages de l’in­dus­trie, mais on célèbre les pro­grès de l’in­dus­trie. C’est atten­du parce que les puis­sants, les riches, les aris­to­crates, ne sont pas com­plè­te­ment sui­ci­daires. Pro­té­ger la nature, oui, mais seule­ment dans la mesure où ça ne nuit pas — pas trop — à l’économie, à l’ordre éta­bli, au pro­grès de l’industrie, de la civi­li­sa­tion. La contra­dic­tion qui mine l’essentiel des mou­ve­ments éco­lo­gistes, l’essentiel des aspi­ra­tions dites éco­lo­gistes qui ont voix au cha­pitre aujourd’hui, c’est déjà celle-là. On ne peut pas avoir une socié­té indus­trielle ET pré­ser­ver la nature. On ne peut pas favo­ri­ser l’économie ET pré­ser­ver la nature. On ne peut pas avoir le pro­grès tech­nique ET pré­ser­ver la nature. D’ailleurs, on ne peut pas non plus avoir ces choses-là ET avoir l’égalité, la démo­cra­tie, la liber­té humaine.

Et dès le départ, donc, les orga­ni­sa­tions et évè­ne­ment éco­lo­gistes sont finan­cés par les riches et les puis­sants, les États et les indus­triels, de même que les prin­ci­pales orga­ni­sa­tions éco­lo­gistes (ou sociales) d’aujourd’hui (d’Oxfam au WWF).

Le mou­ve­ment cli­mat, né aux alen­tours de l’an 2009 suite à la Confé­rence de Copen­hague de 2009 sur les chan­ge­ments cli­ma­tiques, né, donc, sous l’impulsion d’organisations éta­tiques et supra-éta­tiques (États et ONU) et grâce à des finan­ce­ments mas­sifs d’importantes fon­da­tions « phi­lan­thro­piques » appar­te­nant à des indus­triels, s’inscrit dans la conti­nua­tion de cet éco­lo­gisme absurde, impos­sible. Mais en pire encore. Si aupa­ra­vant, l’écologisme auto­ri­sé et finan­cé par les États et les indus­triels s’empêtrait dans une contra­dic­tion absurde (pré­ser­ver la nature ET favo­ri­ser le pro­grès tech­nique, l’industrialisation, le déve­lop­pe­ment éco­no­mique), le mou­ve­ment cli­mat, lui, évince car­ré­ment le sou­ci pour la nature. Ne reste plus qu’une pré­oc­cu­pa­tion pour l’avenir de la civi­li­sa­tion indus­trielle face au réchauf­fe­ment cli­ma­tique qu’elle pro­voque elle-même.

Celles et ceux qui se sou­cient de la nature et de la liber­té devraient, depuis le temps, avoir com­pris. On ne peut pas avoir à la fois une civi­li­sa­tion indus­trielle, une indus­trie, un sys­tème tech­no­lo­gique, ET pré­ser­ver la nature, et avoir la liber­té. Il faut choisir.

DÉFENDRE LA NATURE, C’EST S’OPPOSER À L’ÉTAT ET À L’INDUSTRIE

IV. ENCORE UN FESTIVAL POUR SAUVER LA PLANÈTE

La crois­sance, c’est aus­si la crois­sance — la mul­ti­pli­ca­tion — du nombre de fes­ti­vals ou d’évènements pré­ten­du­ment verts, res­pon­sables, éco­res­pon­sables, durables, sou­te­nables, etc. Des évè­ne­ments — orga­ni­sés grâce à la géné­ro­si­té phi­lan­thro­pique de spon­sors pré­oc­cu­pés par l’état du monde et dési­reux de faire le bien — où on dis­cute de com­ment un autre capi­ta­lisme indus­triel est pos­sible, mais plus sym­pa, et plus vert. Et de com­ment, pour y par­ve­nir, nous avons besoin d’un sur­saut col­lec­tif, de tra­vailler tous ensemble, main dans la main, entre­prises, diri­geants éta­tiques, élus, orga­ni­sa­tions para-éta­tiques, célèbres acti­vistes, grandes réa­li­sa­trices, direc­teurs d’entreprises, etc.

Autre­ment dit, la crois­sance, c’est aus­si la crois­sance du fou­tage de gueule, des ges­ti­cu­la­tions ridi­cules, des pré­ten­tions men­son­gères, des coop­ta­tions grossières.

V. MEA CULPA

J’ai oublié de vous par­ler de l’édition 2022 de Chan­ge­NOW, « l’évènement mon­dial des solu­tions pour la pla­nète », qui s’est tenue fin mai à Paris. S’y sont retrou­vés la pre­mière ministre néo-zélan­daise, les PDG d’AXA, Accor, Renault, Bon­duelle ou encore Good­vest, des cadres de la BNP Pari­bas, de Micro­soft, de la Fon­da­tion Bill & Melin­da Gates, de Google, etc., ain­si que l’inévitable Camille Étienne (« célèbre acti­viste » pro­fes­sion­nelle), etc. — autre­ment dit, tous les plus grands éco­lo­gistes de la planète.

Il s’agissait, bien enten­du, de tra­vailler à l’avènement du capi­ta­lisme indus­triel durable, de nous pré­sen­ter les pro­grès des « villes durables », de connec­ter inves­tis­seurs, repré­sen­tants poli­tiques et jeunes star­tu­peurs, etc. De per­mettre aux acteurs majeurs des puis­sances domi­nantes (du capi­ta­lisme et de l’É­tat), de trou­ver des manières de conti­nuer à faire du pognon mais tout en pré­ten­dant sau­ver la pla­nète et encou­ra­ger la jus­tice sociale, cli­ma­tique, blablabla.

Ce sec­teur éco­no­mique en plein essor (le busi­ness du solu­tion­nisme cli­ma­tique, éco­lo­gique, etc.), on devrait lui don­ner un nom plus hon­nête. L’é­co­no­mie du fou­tage de gueule, par exemple. « L’é­co­no­mie du fou­tage de gueule est en plein boom, les experts pré­voient qu’elle repré­sen­te­ra 2600 mil­liards d’eu­ros annuels d’i­ci 2026. C’est for­mi­dable. Quelle époque grandiose. »

Avec la mul­ti­pli­ca­tion de ce genre d’évènements, nul doute que nous serons bien­tôt sau­vés. Hallelujah.

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À propos de l'auteur Le Partage

« Plus on partage, plus on possède. Voilà le miracle. »En quelques années, à peine, notre collec­tif a traduit et publié des centaines de textes trai­tant des prin­ci­pales problé­ma­tiques de notre temps — et donc d’éco­lo­gie, de poli­tique au sens large, d’eth­no­lo­gie, ou encore d’an­thro­po­lo­gie.contact@­par­tage-le.com

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