Non, je ne condamne pas le Hamas ! — Xiao PIGNOUF

Non, je ne condamne pas le Hamas ! — Xiao PIGNOUF

Mieux : je lui donne mon soutien plein et entier. Toute autre position ne vise qu’à ménager la chèvre et le chou et équivaut aux postures modérées qui sont entre autres celles du Parti Communiste français, condamnant le génocide des Palestiniens du bout des lèvres. Qu’ils aillent au diable ! Le Hamas fait partie de la résistance palestinienne à la colonisation israélienne et n’est en rien coupable des atrocités commises à Gaza depuis plus d’une demi-année : seule Israël doit être tenue pour responsable et tout indique que son entreprise de terre brûlée n’attendait que l’opportunité qui manquait à un gouvernement sur la sellette pour annihiler l’opposition, s’emparer du reste des territoires palestiniens et procéder à un nettoyage ethnique en bonne et due forme.

Depuis le 7 octobre 2023, l’énergie déployée par le gouvernement israélien et l’Occident pour faire avaler au monde entier la couleuvre du terrorisme palestinien personnifié par le Hamas est sans précédent dans l’histoire récente de la propagande. Même le brouillard médiatique autour de la guerre en Ukraine fait figure de passe-temps en comparaison. Elle va jusqu’à invoquer en dernier recours de terribles analogies qui, en profanant l’histoire de l’Holocauste dans le but de servir les intérêts israéliens, ont le triple effet de déprécier la réalité des faits, de désensibiliser la mémoire et de faire renaître les causes profondes de l’extermination des Juifs d’Europe. Fondant ainsi leur rhétorique mondialisée sur le présupposé selon lequel ils seraient incapables de commettre un acte dont ils auraient été les victimes archétypiques, ils pensent pouvoir se protéger de tout retour de flamme accusatoire. Ils n’ont pas tort. L’Occident, en particulier la vieille Europe, ses dirigeants et ses médias, empêchés par leur propre simulacre de culpabilité, contraints à faire du surplace à l’instar de ces rêves où mettre un pas devant l’autre est aussi ardu que courir sous l’eau, est paralysé, comme l’est le gibier nocturne dans les phares d’une voiture, par l’éclat aveuglant de cette relique mémorielle. Las ! L’Histoire regorge d’opprimés devenus oppresseurs. Il n’y a rien qui prémunisse les uns d’êtres les autres, et vice et versa.

Pourtant, cette énergie consacrée à modeler les esprits des masses afin qu’elles pensent de la manière appropriée qu’on attend d’elles est inversement proportionnelle au degré de vérité du canevas narratif qu’elle cherche à tisser.

Ainsi, des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre, il ne reste plus rien d’autre aujourd’hui que la calomnie persistante. Aucune preuve matérielle n’a été donnée de l’existence des nourrissons décapités et brûlés, des femmes enceintes éventrées, des filles violées puis assassinées. Au contraire, celles de l’humanité des combattants palestiniens commencent à émerger timidement, en pointillé, dans les médias de masse. Autre exemple de cette construction narrative en carton-pâte, le prétendu massacre des fêtards de la rave-party qui s’est tenue ce jour-là sur un site pourtant réputé dangereux parce qu’il se trouvait dans un périmètre fréquemment bombardé par la résistance palestinienne. Le risque pris par les organisateurs et le bras d’honneur que cette initiative cynique a lancé à la dignité du peuple de Gaza, enfermé à quelques kilomètres de là dans une prison à ciel ouvert et dans des conditions de vie inhumaines qu’un nombre croissant d’observateurs s’accordent à trouver comparables à l’Apartheid doivent être pris en considération dans notre compréhension du 7 octobre. Qu’avons-nous aujourd’hui en dehors des images de gens qui s’enfuient en courant, de véhicules à l’abandon et de détritus typiques de ceux qu’on trouve sur les lieux d’un tel rassemblement ? Rien. Où sont les corps des massacrés ? Introuvables, même sur la manne qu’est la Toile.

Je ne reconnais pas cette qualification faite au Hamas de terrorisme. Je la rejette car elle procède d’une inversion accusatoire tristement récurrente dans l’histoire du colonialisme et dont nous, Français, avons à la fois fait les frais et usé jusqu’à la nausée.

Ainsi, les résistants français, au premier rang desquels les FTP-MOI, ont été repeints en terroristes par le régime de Vichy et plus tardivement par l’occupant allemand en déroute.

L’emploi du mot « terroriste » contre la résistance communiste vient donc de la magistrature française, qui avait à l’unanimité prêté serment de fidélité à l’ennemi. Ces traîtres restaient fidèles à ceux qui firent entrer le mot « terreur » dans notre Histoire en falsifiant son sens originel.

Roger Pannequin, résistant français, in Raison présente, n°81, 1er trimestre 1987. Démythifier le terrorisme.

Il est vrai que nos adversaires, les nazis et leurs alliés français, nous qualifiaient de terroristes dans tous les moyens de propagande, affiches, journaux, radios qu’ils contrôlaient. La qualification péjorative avait pour but d’impressionner l’opinion, mais naturellement nous ne l’acceptions jamais.

Raymond Aubrac, résistant français, in Topiques n°83, p. 7 à 10, Terroristes ou résistants ?

Quelques années plus tard en Algérie, ce sont les Fellagas en lutte pour leur indépendance que les autorités françaises ont traités de terroristes. C’est probablement d’ailleurs pendant la guerre d’Algérie que le terme s’est fixé dans son sens actuel — l’usage de la violence à des fins politiques — et que les attentats aveugles furent intronisés comme moyen d’atteindre un oppresseur supérieur en nombre et en moyens. Et ce n’est probablement pas un hasard s’ils furent perpétrés dans les décennies qui suivirent sur le sol israélien par la résistance armée palestinienne. Pourtant, dans le contexte immuable de la colonisation, je persiste à considérer que le terrorisme est d’abord le fait du colonisateur, son essence même, et non du colonisé qui, s’il est jugé, doit l’être à l’aune de la légitime défense. Et c’est sur la base de ce point précis que le 7 octobre 2023 doit être considéré et qu’apparaît alors clairement l’urgence absolue pour Israël et pour ses alliés occidentaux d’en faire, à l’instar du 11-Septembre, un acte fondateur sans passé et sans causes, né d’un néant incompréhensible d’où seuls peuvent ressortir le vice et la barbarie innés des Palestiniens. Il devient alors plus facile de qualifier ces derniers de nazis. La boucle est bouclée.

Alors, non. Assez de ces injonctions médiatiques idiotes ! Je ne condamne pas le Hamas ! Je le soutiens ! Je lui rends hommage ! Que cela fasse de moi ou non un apologue du terrorisme ou un antisémite ne se débat pas là où l’intelligence se fait aussi rare que l’oxygène en altitude. Comme si les renards étaient fondés à discuter des droits des poules. Et probablement pas dans des tribunaux que l’oppression macroniste surcharge d’ouvrages inutiles. Ce n’est pas moi qui mérite d’y être conduit mais ceux, Français, qui vont en Israël assassiner des femmes et des enfants au nom du sionisme. Ce sont eux les criminels que la police devrait attendre de pied ferme à l’aéroport. Quant à être traité d’antisémite ou d’islamogauchiste par des gens qui ne savent pas écrire ces deux mots correctement, ça a le mérite de me faire sourire. Israël ne représente pas plus les Juifs que le boulet ne représente le bagnard… Comme disait cet ignoble personnage un jour d’été 2018 devant une assistance rigolarde : « Qu’ils viennent me chercher ! »

Xiao PIGNOUF

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À propos de l'auteur Le Grand Soir

« Journal Militant d'Information Alternative » « Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »C'est quoi, Le Grand Soir ? Bonne question. Un journal qui ne croit plus aux "médias de masse"... Un journal radicalement opposé au "Clash des civilisations", c'est certain. Anti-impérialiste, c'est sûr. Anticapitaliste, ça va de soi. Un journal qui ne court pas après l'actualité immédiate (ça fatigue de courir et pour quel résultat à la fin ?) Un journal qui croit au sens des mots "solidarité" et "internationalisme". Un journal qui accorde la priorité et le bénéfice du doute à ceux qui sont en "situation de résistance". Un journal qui se méfie du gauchisme (cet art de tirer contre son camp). Donc un journal qui se méfie des critiques faciles à distance. Un journal radical, mais pas extrémiste. Un journal qui essaie de donner à lire et à réfléchir (à vous de juger). Un journal animé par des militants qui ne se prennent pas trop au sérieux mais qui prennent leur combat très au sérieux.

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