Un second souffle à la Révolution tranquille, le sous-titre choisi de De Gaulle, Les 75 déclarations qui ont marqué le Québec est une sorte de jugement porté sur cette période de l’histoire récente du Québec. Il suggère un essoufflement après quelques années. Le Parti Libéral du Québec (PLQ) a déjà cherché à situer la Révolution tranquille entre les années 1960 et 1966. Autrement dit, ce phénomène portait la marque d’un gouvernement et ne lui avait pas survécu.
Je suis de ceux qui pensent qu’une jeunesse instruite a fortement influencé les élus vers la fin des années 1950. Duplessis a commencé à en subir les assauts. Le Québec s’ouvre au monde et un fort vent nationaliste se lève. L’heure est à la décolonisation surtout en Afrique et en Amérique latine.
En juin 1966, les libéraux sont renvoyés aux douches. Je suis de ceux qui applaudissent. La Révolution tranquille est dans un creux. Daniel Johnson fait ce qu’il peut. Il rassure. L’année 1967 apporte une puissante bouffée d’air frais. Expo 67 a un effet qu’on n’a pas encore bien mesuré. Les quelques heures que le général de Gaulle va alors passer au Québec créeront l’effet d’une nouvelle donne, d’un nouveau départ, d’un second souffle. C’est le sujet de Roger Barrette.
Sitôt de retour en France, le général de Gaulle donne ordre à son ministre Alain Peyreffite d’ajouter rapidement du contenu. Celui-ci est au Québec dès septembre avec plein de propositions. Il est aussi porteur d’une lettre du général à l’intention du premier ministre Johnson : « Pour notre Communauté française, c’est donc – ne pensez-vous pas ? – le moment d’accentuer ce qui est déjà entrepris. Dans les domaines financier, économique, scientifique et technique, mon gouvernement sera incessamment en mesure de faire au vôtre des propositions précises au sujet de notre effort commun. Pour ce qui est de la culture et de l’enseignement, M. Peyreffite, à qui je confie cette lettre, vous indiquera ce que le gouvernement de Paris est prêt à faire tout de suite et qui est assez considérable ».
« Le relevé de décisions, signé le 14 septembre 1967 par Daniel Johnson et Alain Peyreffite, est pléthorique », écrit Samy Mesli dans son remarquable ouvrage consacré à la Coopération franco-québécoise dans le domaine de l’éducation (Septentrion, 2014). Le gouvernement français annonce, tout d’abord, sa volonté de multiplier par huit sa contribution financière dans le cadre d’un vaste programme triennal : de 5 millions de francs en 1967, les crédits engagés passeront à 24,8 millions de francs dès l’année suivante, pour atteindre 40 millions de francs en 1970. »
Ce sera la période d’or de la coopération avec la France. Je l’ai vécue presque depuis le début jusqu’à ce qu’elle s’essouffle faute de volonté politique. Mais elle a duré assez longtemps et assez intensément pour transformer le Québec. II faut l’avoir vécue pour le croire.
Les Français ont accompagné politiquement le Québec jusqu’en 1980. La suite est plus complexe. Mais de toute façon, le Québec n’est plus le même… grâce au général de Gaulle ! Je n’en démords pas ! Merci Roger Barrette.
Crédit photo : Archives de la Ville de Montréal
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