Rencontre au front avec Sarah Michel

Rencontre au front avec Sarah Michel

Quand Sarah, 16 ans, a obtenu son poste au comptoir du prêt-à-manger d’un supermarché bien connu, elle ne s’attendait pas à vivre tout ce branlebas de combat. 

« Au départ, je devais faire des heures précises, mais disons qu’avec les mesures sanitaires à respecter, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Chaque jour, on m’assignait à un endroit différent, selon les urgences. » 

« Mes patrons éteignaient des feux. Nous, les employés, tous assez jeunes, on devait faire vite. Un jour, j’étais au prêt-à-manger, le lendemain j’étais garde de sécurité à l’entrée. Un matin, on est venu me chercher à mon poste pour prendre les commandes en ligne. Trente minutes plus tard, on m’assignait comme secrétaire. Le lendemain, on m’a montré à faire la caisse. »

Quand je travaillais, j’avais peur. C’était quasiment impossible de respecter le deux mètres entre employés ; tu ne peux pas recevoir une formation à deux mètres de distance.

Elle se rappelle un jour être rentrée chez elle en pleurant : « J’étais trop stressée. J’avais travaillé trop d’heures. On n’est pas supposés, mais j’ai accepté parce que je me disais que si je partais, c’était les autres qui allaient recevoir toute la charge de travail. Si je ne le faisais pas, qui allait le faire ? Je devais être solidaire. » 

Il y a deux semaines, une collègue, et aussi une amie de classe, l’appelle pour lui annoncer qu’elle avait contracté le virus. Sarah s’est tournée vers ses parents. « C’est que je ne suis pas seule ! On est huit chez nous ! Je risquais de contaminer tout le monde ! »

Après un conseil de famille, les parents ont décidé que Sarah resterait à la maison. Son patron n’a pas bronché. 

Vivre l’anxiété avec les autres

As-tu peur ? « Non. C’est par précaution… mais quand je travaillais, j’avais peur. C’était quasiment impossible de respecter le deux mètres entre employés ; tu ne peux pas recevoir une formation à deux mètres de distance. L’autre doit te montrer des trucs à l’ordinateur ou sur la machine, et en plus il fallait se dépêcher pour se libérer pour aller aider ailleurs… Et puis, faire la sécurité à l’entrée, c’était difficile. Plusieurs clients étaient très agressifs envers nous quand on leur disait de se laver les mains, de suivre les flèches au plancher ou de se limiter à une personne par famille. » 

Sarah dit que tout ce stress, toute cette peur, elle l’a offert à Dieu. À la maison, elle avoue se sentir un peu inutile : 

« Quand je prenais les commandes par téléphone, j’aidais au moins les gens. C’était souvent des personnes âgées, des personnes inquiètes. Des personnes pleuraient parce qu’elles n’avaient pas reçu leur épicerie depuis plusieurs jours… toute cette anxiété, cette peine-là, je la vivais avec eux. Ce travail, c’était tout de même mon seul contact avec le monde extérieur. J’aimais me sentir utile, importante… Et mes amies me manquent tellement ! » 

Au moment de publier ce papier, Sarah m’annonce qu’elle est de retour au travail et que son amie est presque remise. C’est elle qui a appelé son patron ; elle se sentait à l’aise, dit-elle, d’y retourner. Je parie que là où se trouve l’offense, Sarah, du haut de ses 16 ans, saura mettre le pardon ; que là où se trouve le désespoir, elle mettra l’espérance, car elle a compris, déjà, si jeune, que c’est en donnant qu’on reçoit, et en s’oubliant qu’on se trouve soi-même. 


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