Les relations russo-européennes continuent, sans grande surprise, à se dégrader au rythme des provocations occidentales autour de Navalny et des réactions de la Russie, dont la patience est épuisée. Aux dernières nouvelles, trois diplomates européens venant d’Allemagne, de Pologne et de Suède, ayant activement participé aux manifestations à Saint-Pétersbourg et Moscou en soutien à Navalny le 23 janvier, en violation de leurs obligations statutaires diplomatiques, ont été déclarés persona non grata par la Russie et doivent quitter le territoire. Les dirigeants européens, Merkel et Macron en tête, jouent un concert de jeunes vierges sur le retour effarées : mais comment, mais pourquoi, d’ailleurs cela prouve que la Russie n’est plus un État de droit. Et ils sont sérieux dans leur absurdité. Ont-ils d’ailleurs seulement le choix ? Triste spectacle que ces marionnettes répétant un texte qu’ils n’ont pas écrit.
Imaginez la réaction de Macron, si des diplomates russes accompagnaient les Gilets jaunes, s’ils filmaient les manifestations en marchant à leur côté ? Ou si des membres du Consulat russe prenaient part aux manifestations, tout aussi nombreuses, en Allemagne ? La France et l’Allemagne parleraient immédiatement d’ingérence – et elles auraient raison. Mais il ne s’agit pas de la France, il s’agit de la Russie, donc c’est possible. Et à l’inverse, toute réaction est, dans la Novlangue permettant l’absurdité du monde, une atteinte à l’état de droit. Dixit Merkel.
Les faits sont simples : le 23 janvier, trois diplomates européens, deux à Saint-Pétersbourg et un à Moscou, ont participé aux manifestations illégales en faveur de Navalny. À Saint-Pétersbourg se trouvaient les représentants de la Pologne, en la personne du responsable du Consulat pour les questions de sécurité (qui a fait tout le parcours avec les manifestants) et de la Suède, en la personne du responsable au Consulat pour les questions culturelles (d’abord assis dans un café occupé à filmer, puis a rejoint le cortège). À Moscou, l’Allemagne était dignement représentée par son responsable du département de l’ambassade pour les questions politiques, qui a rejoint les manifestants. Ils ont été filmés par les caméras dans les rues (voir ici).
Suite à cela, ils furent convoqués au Ministère russe des Affaires étrangères le 5 février, alors que le responsable de la diplomatie européenne arrivait en Russie porter la bonne nouvelle de la démocratie et exiger, au nom de l’impératif politique et de la supériorité de l’idéologie sur le droit, la libération de Navalny. Ces trois diplomates ont été sommés de quitter dans les plus brefs délais le territoire, ayant ouvertement violé leurs obligations statutaires.
Immédiatement, Borrell demande que ces chers « diplomates » ne soient pas sanctionnés, puisqu’ils n’auraient pas mené des actions incompatibles avec leur statut – cela veut-il dire que les diplomates russes vont pouvoir participer en Europe aux manifestations contestataires ? La Suède affirme immédiatement que son diplomate, filmé, n’a pas participé à la manifestation – il devait y être par hasard, à l’insu de son plein gré. Merkel, lors d’une conférence de presse avec Macron, déclare, pour sa part, que c’est inadmissible et que la Russie montre « une nouvelle facette », qu’elle n’est plus un État de droit. Et Macron, en bon chien de son maître, soutient, soutient, soutient. Les réactions de la Pologne laissent songeur : elle estime que les diplomates n’ont fait que remplir les obligations, qui découlent de leur statut diplomatique … C’est une conception surprenamment ouvertement favorable à la violation de la Convention de Genève de 1961. Et continuant dans l’absurde, promet de prendre des sanctions.
L’hystérie des gouvernants européens vient du fait qu’ils se trouvent dans une impasse. Ils ne peuvent ouvertement affirmer, que les diplomates européens sont au-dessus des lois en Russie, comme dans tout pays colonisé, donc que la Russie ne peut se permettre de les mettre face à leurs responsabilités, car elle n’a que le droit de se comporter en pays colonisé qui remercie ses maîtres de lui indiquer la voie de la démocratie, qu’elle ne pourra évidemment jamais atteindre, et suivra donc fidèlement la voie qui lui est tracée dans ce monde global, où les pays européens doivent être des acteurs locaux, dociles, transmettant les messages venant du Centre sur leur zone de compétence. Macron et Merkel grognent, car ils viennent de se faire remettre à leur place, par la Russie, qui ne joue pas le jeu.
La Russie n’ayant aucun intérêt à se comporter en pays colonisé, en pays écrasé face au mythe conquérant, très usé, de la démocratie exportée, autrement dit, comme la Russie est depuis longtemps sortie des années 90, ce qu’ouvertement Borrell a regretté lors de la conférence de presse avec Lavrov, les diplomates participant à la déstabilisation de la situation intérieure du pays doivent préparer leurs valises. Et comme le Ministère russe des Affaires étrangères l’a souligné, en espérant qu’à l’avenir ces missions diplomatiques vont respecter leurs obligations …
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