L’année démarre très fort. Prometteuse de toujours plus d’inclusivité. Dimanche s’ouvrait la session du Congrès américain. Si en France, tout finit en chanson, aux États-Unis tout commence par une prière. À la tribune, pour cette petite oraison, le député démocrate Emanuel Cleaver, 77 ans, pasteur méthodiste afro-américain (ce genre de détail se précise aujourd’hui) et défenseur des droits civiques devant l’Éternel. Et, surprise, si Cleaver achève sa prière par le traditionnel « amen », il y ajoute sa petite touche personnelle : un très novateur « awomen », histoire de bien marquer, sans doute, que les États-Unis d’Amérique entrent résolument dans une ère inclusive et progressiste après un long hiver de quatre années de plomb – on ne vous fait pas un dessin.
On ne vous fera pas, non plus, l’injure de rappeler qu’« amen », en anglais, en français, en latin et, vraisemblablement, en patagon, ça veut dire « amen », et qu’« amen » vient de l’hébreu qui veut dire, grosso modo, « ainsi soit-il » (c’est ainsi que l’on traduisait « amen » dans les missels d’avant). Mais dans « amen », il y a « men », pluriel de « man ». On ne fera pas l’injure au lecteur, etc. Donc, là où il y a des hommes, il y a de l’hommerie, disait François de Sales. Et aujourd’hui, parité et inclusivité obligent, là où il y a des femmes, il y a de la femmerie. Notez qu’en français – en anglais, je sais pas -, hommerie et femmerie riment avec un troisième mot du genre féminin et équitablement réparti sur l’ensemble de la planète, y compris aux States et, sans doute, au Congrès américain, par catégories sociales, sexes, âges, couleurs des yeux et toutes sortes d’autres choses. Donc, là où il y a « amen », il y a « awomen ».
Évidemment, les républicains ont réagi à cette invention sémantique. Passons sur le fait que certains ont affirmé que « amen » est un mot latin. On va pas chipoter pour si peu. Vu de Washington, le Latinland, ça doit pas être loin de l’Hébreuland. Plus sérieusement, Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, ne voit pas de l’ignorance dans ce néologisme mais bien l’expression d’une idéologie : « Amen and awomen… The radical madness has begun » (« La folie radicale a commencé »). Comme on dit, ça promet.
Question sémantique et peut-être théologique : faut-il traduire « awomen » par « ainsi soit-elle » ou « ainsi soient-elles » ? That is the question!
Par ailleurs, ce qui est assez intéressant, dans cette affaire, c’est le compte rendu que peut en faire un journal progressiste comme Le HuffPost. En titrant « Le “Amen” inclusif de cet élu démocrate n’a pas plu aux républicains » et en expliquant que « le député a misé sur l’inclusivité, ce qui n’a pas du tout plu aux députés républicains », la coquetterie pastorale, somme toute assez ridicule, pour ne pas dire grotesque, passe en quelque sorte au second plan.
Cet après-midi, il a neigé par chez nous. Pas assez pour faire un bonhomme de neige. Pardon, une bonnefemme de neige.
The prayer to open the 117th Congress ended with « amen and a-women. »
Amen is Latin for « so be it. »
It’s not a gendered word.
Unfortunately, facts are irrelevant to progressives. Unbelievable. pic.twitter.com/FvZ0lLMDDr
— Rep. Guy Reschenthaler (@GReschenthaler) January 3, 2021
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec