Par Andrei Martyanov − Le 16 avril 2020 − Source Reminiscence of the Future
Et si nous admettions tous que les États-Unis VONT militariser l’espace. Cela va sans dire et des déclarations comme celle-ci : « Trump a insisté sur le fait que la loi américaine reconnaîtra la possibilité d’une propriété privée sur la Lune. Et bien sûr, les propriétaires et le « rentiérisme » seront juste derrière. » renforcent toutes ces craintes légitimes.
Encore un autre épisode de la promotion par les États-Unis de la « liberté », de la « démocratie » et du « libre marché » au niveau interplanétaire. Bien sûr, les Martiens s’inquiètent de l’ingérence des États-Unis dans leurs affaires intérieures depuis des décennies :
Et qui les condamnerait ? Les Russes, voyant les préoccupations des Martiens, ont décidé de s’attaquer à ce problème en conservant leur programme spatial en bon état et, en plus d’envoyer leur propre « inspecteur » de satellite pour s’occuper du dernier et plus avancé des espions américains alias Keyhole, ils ont décidé de s’attaquer frontalement aux aspirations américaines de la guerre des étoiles.
Le commandement spatial américain a déclaré mercredi qu’il suivait un essai de missile antisatellite à ascension directe (DA-ASAT) effectué par la Russie pour prouver qu’elle peut interférer avec ou détruire des satellites en orbite basse. « Le test DA-ASAT de la Russie fournit un autre exemple que les menaces qui pèsent sur les systèmes spatiaux américains et alliés sont réelles, sérieuses et croissantes », a déclaré le général John « Jay » Raymond, commandant du SPACECOM et chef des opérations spatiales de la force spatiale américaine, dans un communiqué. « Les États-Unis sont prêts et engagés à dissuader toute agression et à défendre la nation, nos alliés et les intérêts américains contre les actes hostiles dans l’espace ». Les responsables du Commandement spatial ont déclaré que le dernier test en date fait suite à un comportement non professionnel observé en février dernier lorsque deux satellites russes, Cosmos 2542 et 2543, ont suivi un satellite américain, USA 245, également connu sous le nom de KH-11. Le Time Magazine a rapporté que les satellites russes ont erré à moins de 100 miles de KH-11, une activité que Raymond a qualifiée d’« inhabituelle et dérangeante », similaire aux affrontements à haute vitesse et risqués que la Russie a connus par le passé dans l’espace aérien international.
Ah, oui, le bon vieil argument du « comportement non-professionnel ». Vous savez, vous pouvez vous rappeler ces Vietnamiens, ces Irakiens, pour ne pas parler des tribus afghanes qui se comportent de manière absolument « non-professionnelle » en décidant de ne pas se rendre mais de riposter, avec un succès considérable. En effet, à quel point ce comportement est « non-professionnel »… Mais si les Afghans avec des AK-47 et quelques RPG peuvent faire des ravages sur le terrain, les Russes, étant barbares et arriérés, et très peu professionnels, les gens, pour une raison quelconque, ont développé cette capacité peu professionnelle de se battre extrêmement efficacement dans tous les domaines existants (je parle ici en langue du Pentagone) et, en fait, peuvent dissuader tout ce que les États-Unis peuvent leur balancer, y compris dans l’espace. Bien sûr, Star Tre… pardon, le Commandement spatial américain a publié une déclaration hilarante :
« Ce test est une nouvelle preuve de l’hypocrisie avec laquelle la Russie défend les propositions de contrôle des armements dans l’espace extra-atmosphérique visant à restreindre les capacités des États-Unis tout en n’ayant clairement aucune intention d’arrêter leurs programmes d’armement anti-spatiales », a déclaré Raymond.
En fait, l’hypocrisie est une caractéristique déterminante de l’approche américaine du contrôle des armes, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’arme soit située juste devant la tempe américaine et que la partie américaine soit « convaincue » qu’il vaut mieux parler que se battre. L’hypocrisie, cependant, s’est immédiatement manifestée dans la suite de la déclaration de Raymond :
« L’espace est crucial pour toutes les nations et notre mode de vie. Les contraintes qui pèsent sur les systèmes spatiaux se poursuivent en cette période de crise où la logistique, les transports et les communications au niveau mondial sont essentiels pour vaincre la pandémie COVID-19 », a déclaré Raymond. « Il est de l’intérêt et de la responsabilité de toutes les nations spatiales de créer des conditions sûres, stables et durables pour les activités spatiales, y compris les activités commerciales, civiles et de sécurité nationale ».
Sans blague, la dernière fois que j’ai vérifié, Raymond était un général et commandait une branche de combat des forces armées américaines, ce qui, d’une certaine manière, n’a rien à voir avec « l’intérêt partagé », pour ne pas parler de la responsabilité. Sans parler des « conditions durables » (quelque soit la signification) car les militaires partout dans le monde, par définition, n’existent que dans UN seul but : perturber ces conditions très « durables » pour tout adversaire. Je le sais, j’ai un diplôme d’études supérieures en perturbation des « conditions durables ». Mais tout cela n’est rien comparé au « partage », car l’annonce par Trump de son projet d’exploitation minière de la Lune ne sonne pas comme un « partage » et constitue une violation directe du traité des Nations unies sur l’espace extra-atmosphérique de 1966 (les États-Unis en sont signataires), et ce traité est très explicite :
L’espace extra-atmosphérique, y compris la lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen.
Les États parties au Traité s’engagent à ne mettre sur orbite autour de la terre aucun objet porteur d’armes nucléaires ou de tout autre type d’armes de destruction massive, à ne pas installer de telles armes sur des corps célestes et à ne pas placer de telles armes, de toute autre manière, dans l’espace extra-atmosphérique.
En d’autres mots, et je cite :
L’espace extra-atmosphérique, y compris la lune et les autres corps célestes, ne peut faire l’objet d’appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d’utilisation ou d’occupation, ni par aucun autre moyen.
Mais je suis sûr que Mr. Raymond sait tout cela et qu’il a sûrement informé POTUS que la Lune, comme l’Irak, la Yougoslavie, le Vietnam ou, d’ailleurs, la Syrie, est une entité souveraine et est reconnue comme telle par le droit international. Et ici, nous devons tous faire une simple recherche et faire le point sur le bilan de l’Amérique en ce qui concerne ce truc juridique. Eh bien, ça n’a pas l’air bon. Donc, les Russes ont décidé de s’assurer que les déclarations sur le « partage » n’auront pas pour conséquence qu’une merde spatiale conçue pour attaquer la Russie se retrouve dans l’espace sans supervision adéquate et ce faisant, les Russes ont développé des armes antisatellites. C’est simple, vraiment. C’est un facteur tellement irritant dans les « stratégies » américaines, ces satanés Ruskies arriérés et non professionnels qui n’acceptent pas ces armes américaines très libératrices et extrêmement démocratiques. Sans parler du fait que des rumeurs circulent selon lesquelles ces complexes laser Peresvet « non-existants » sont également capables de s’occuper de satellites et, oui, c’est tellement non-professionnel, car comme nous le savons, seuls les Jedis peuvent avoir des sabres laser et se battre pour tout ce qui est bon, juste et démocratique dans ce monde et au-delà − vous savez, là où aucun homme n’est allé auparavant.
Andrei Martyanov
Traduit par Zokal, relu par Hervé pour le Saker Francophone
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