ADL : le b.a.-ba de la haine

ADL : le b.a.-ba de la haine

Aux États-Unis, l’Anti-Defamation League (ADL) œuvre sans relâche au service de la vérité et de la tolérance, contre le mensonge et la malveillance. Tel un Big Brother drapé de blanc, l’organisation traque les crimes de pensée sur tous supports médiatiques et assainit ainsi le débat public. Mieux, elle donne des armes à l’honnête citoyen pour déceler les symboles de haine alentour et participer à leur extermination.

Resituons tout d’abord l’ADL pour les innocents qui ignoreraient jusqu’à l’existence de cette vénéneuse vénérable institution. Au début du XXe siècle, le B’nai B’rith croît en influence au sein de la société américaine. L’association de solidarité israélite recueille l’adhésion d’élites juives issues des quatre coins du monde et entend peser sur la conduite des affaires intérieures, dans l’intérêt communautaire. Aussi, lorsque le brave Leo Frank est lynché par une foule en colère en 1913, après avoir été déclaré coupable du viol suivi du meurtre d’une enfant, le B’nai B’rith crie au scandale et crée l’ADL.

L’objectif poursuivi, sous couvert de lutte globale contre les discriminations, est alors de réhabiliter Frank, lui qui était président du B’nai B’rith d’Atlanta à ce moment-là. Ne regardant pas plus à la dépense qu’à la noblesse des méthodes employées, l’ADL parvient à obtenir en 1986 un pardon posthume de l’État de Géorgie à son pédocriminel de client, pour n’avoir su empêcher sa pendaison. Une maigre consolation pour l’association qui aurait préféré voir l’innocence de son représentant reconnue, mais un succès de prestige malgré tout tant le dossier était mazouté dès l’origine.


Emmanuel Ratier brossant déjà un portrait exhaustif de l’ADL et de ses créateurs dans Mystères et Secrets du B’nai B’rith – soulignant notamment les efforts des deux institutions pour l’amélioration de la qualité de vie en Occident –, attardons-nous sur les dernières contributions de la Ligue à la surveillance du mal. Particulièrement active sur la toile, l’ADL y recense notamment les symboles de haine au sein d’une liste qu’elle actualise chaque fois qu’un mal-pensant accouche d’une idée dégénérée. Pour ce travail d’inventaire, elle plonge dans les bas-fonds de la fachosphère US au péril de sa foi en la nature humaine, et nous en rapporte sans délectation les dernières abjections.

Florilège.

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• L’acronyme ACAB

Contrairement à ce qui ressort des forums ultra-droitards et des rêves érotiques d’Éric Zemmour, ACAB ne veut pas dire All Criminals Are Black [Tous les criminels sont noirs] mais All Cops Are Bastards (« Tous les policiers sont nés hors mariage »). Le tacle est dur, parfois blessant, et souvent illégitime (lui). C’est pourquoi l’ADL surveille très rigoureusement son emploi. Comme elle se plaît à le rappeler, le contexte est déterminant. En temps normal, l’expression est classée en discours haineux pour son effet essentialisant envers les forces de l’ordre. En revanche, si un policier blanc fait des génuflexions trop prolongées sur la nuque d’un gentleman à l’épiderme sombre, le protocole s’assouplit. On peut alors faire l’amalgame, crier ACAB dans la rue et, si le cœur y est, piller un Apple store au passage. CQFD.

• Le rapport 13/52

Aux États-Unis, les Afro-Américains sont au nombre de 43 millions, soit 13 % de la population générale [1]. Ils seraient responsables – selon un bureau d’investigation sérieux – d’environ un meurtre sur deux : 52 % des homicides commis dans le pays [2]. Il n’en fallait pas davantage aux nerds de l’alt-right pour faire les comptes et accoucher du quotient ultime. Un 13/52 que les suprémacistes blancs (pléonasme) aiment à agiter devant les promoteurs de la diversité, tel un cruel démenti que leur adresseraient le réel et les maths. En réalité, ce n’est de leur part qu’une tentative désespérée pour culpabiliser leurs ennemis libéraux. Mais cela importe peu : selon les dernières informations, ce symbole de haine serait déjà – et heureusement – obsolète ; les dernières statistiques semblant pencher vers un solide 12/60.

• Le slogan White Lives Matter

Ce signe de haine est particulièrement subtil donc délicat à appréhender. Exemple en image. À première vue, on est en présence d’un banal message miroir, rappelant que les vies noires comptent pour les Blancs et que les vies blanches comptent pour les Noirs. Ce n’est pas si simple. Quand Candace et Kanye portent un t-shirt WLM, ils ne rappellent pas que chaque personne, fusse-t-elle non noire, est importante. Non : ils prennent le parti de l’oppresseur et ridiculisent un mouvement émancipateur. En revanche quand Michael et Amy mettent leur haut BLM, ils prennent le parti du faible et se placent du bon côté de l’Histoire. Et non, ils ne cautionnent pas un mouvement socialement mortifère détournant plus d’argent qu’il n’arrive à en blanchir. On récapitule : toutes les vies sont précieuses, certaines le sont juste moins que d’autres. On vous avait prévenus. C’est subtil.

• Le nombre 109

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– Votre fils a été renvoyé 109 fois ?
– Oui mais ce n’est jamais sa faute, ce sont toujours les écoles qui le persécutent sans raison.

Le nombre 109 traîne depuis quelques années une funeste réputation. Il représente les cent neuf localisations dans le monde où la présence d’une communauté juive – pourtant bien établie et insérée – n’a momentanément plus été souhaitée. Des faits d’usure, de blasphèmes et de crimes rituels à tendance pédo-paganistes constituaient les accusations – parfois infondées – les plus récurrentes. Mais si bêtise et convoitise furent les raisons véritables de ces bannissements, les nazillons du Net s’en moquent. Ne manquant aucune entorse à la décence, ils ont même fait du nombre 110 un nouveau signe de ralliement, pour qui aspire à un nouvel exil du peuple élu. Le cycle de la haine se trouve ainsi perpétué par les nombres. De quoi choquer un kabbaliste…

• Le mème Pepe la grenouille

Ici encore, la nuance est de rigueur. Le dessin de ce sémillant batracien n’a pas toujours suinté la haine et le ressentiment. Fut un temps où il était juste un personnage de BD posté en ligne avec une légende légère. Puis il est devenu l’apanage du doomer, cet archétype de l’adulescent occidental désabusé par son impuissance à s’extirper de la Matrice. Mis en scène dans des animations de plus en plus étranges et dystopiques, Pepe a naturellement fini par échouer sur les rives boueuses du Net. Et c’est aux mains de l’extrême-droite qu’il a pris sa forme ultime où, affublé des pires costumes, on lui fait dire les pires horreurs. Le citoyen modèle attachera donc une attention très aiguisée à la recherche du détail qui fait la différence, notamment dans l’accoutrement et la posture du personnage, pour deviner les intentions potentiellement malveillantes de l’artiste.

• Le taux 9 %

Citer ce pourcentage peut ne pas être innocent. Si c’est pour rappeler la part du peuple français convaincue que la Terre est plate, ça passe [3]. Mais si c’est pour souligner que les Blancs représentent moins du dixième de la population mondiale selon l’ONU, ça coince. Comme vous l’expliqueraient avec patience et bienveillance les gens de qualité qui pensent la lutte contre la discrimination par le prisme de la race uniquement, cette réalité démographique est sympa mais elle ne colle pas au narratif victimaire. Peu importe le faible nombre de Blancs se pavanant ici-bas, et peu importe que ce nombre s’amenuise d’année en année. Ces gens-là ont la même couleur de peau que ceux qui ont pensé, bâti et dirigé le monde tel qu’il nous parvenu. Et pour cela ils doivent payer. Notamment en aidant les 7,5 milliards de racisés minoritaires en souffrance sur Terre. C’est le minimum.

• Le signe OK

Ce geste de la main consiste à former un cercle avec son pouce et son index, tout en dressant majeur, annulaire et auriculaire vers le plafond de la pièce. Prisé des plongeurs en bonne posture et des mecs cool des années 80, le signe a hélas lui aussi été perverti par l’extrême droite américaine et ses suppôts de 4chan. De manière subliminale, la gestuelle décrirait un W et P, initiales du sinistre White Power (« Pouvoir Blanc »). Naturellement, si le hasard de la naissance vous a gâté d’un épiderme foncé ou d’un sang non chrétien, vous ne sauriez être suspecté de prêter au OK cette signification haineuse. Mais si par malchance vous vous badigeonnez d’indice 50 avant une exposition prolongée au soleil, il sera préférable de signifier votre satisfaction du moment à l’oral. À la limite, de lever un pouce timide. « Jeux de mains, jeux de vilain ». Surtout quand on est un Blanc et un gentil.

• La formule « Les goyim savent, arrêtez tout »

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Image 1 : Sir Evelyn de Rothschild pointant du doigt le prince Charles, futur roi d’Angleterre. Image 2 : Un goy pointant du doigt la communauté organisée, actuelle régente.

Selon cette expression nauséabonde, une certaine élite juive aurait la mainmise sur les affaires du monde – par le contrôle des médias, du spectacle et de la finance – et n’userait pas ses grands pouvoirs avec l’esprit chevaleresque espéré. Pire encore, elle chercherait à dissimuler ses méfaits et censurer férocement les voix qui les dénoncent. Ce fantasme antisémite, pourtant éculé, demeure vivace en 2024. Des illuminés continuent de tisser des liens fragiles entre Google, Hollywood et Wall Street et imposent à leurs contemporains le résultat de leurs mixtions mentales : un système d’emprise médiatique, culturelle, économique, sociale et politique ; conçu par un pouvoir unique, centralisé et communautaire ; pour asservir mentalement et physiquement les populations ; au sein d’un monde sans frontière ni nation ni cohésion… L’ignorance, la peur et une imagination débordante sont les moteurs de la haine. Sachons les arrêter.

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S’il ne doit rester qu’une chose de ce guide – par ailleurs bien plus fourni [4] que ne le suggèrent les quelques exemples précités –, c’est que le contexte prévaut. Devant un symbole potentiellement raciste, il ne faut pas céder à l’emportement mais au contraire s’en référer à des indices clairs : ce signe est-il brandi par un opprimé (Noirs, Asiatiques, Arabes, Latinos) ? Ce signe accompagne-t-il un discours progressiste (diversité, inclusion, libération, réparation) ? Ou plus prosaïquement, ce signe est-il arboré par un homme blanc hétérosexuel ? Autant d’outils que l’ADL met gracieusement à votre disposition dans cette guerre pour la paix des peuples. À vous de collaborer à présent.

Léon Lacroix

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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation

À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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