Le G20 se penche sur les ultrariches

Le G20 se penche sur les ultrariches

Le G20, une version du G7 élargie aux grandes économies émergentes, représente plus de 80 % du PIB mondial et les deux tiers de la population de la planète. L’organisme tenait les 28 et 29 février la première réunion de l’année de ses ministres des Finances. Le Brésil avait choisi la taxation minimale des ultras-riches à l’échelle internationale comme un des sujets de discussion.

L’impôt personnel effectif des milliardaires est souvent bien inférieur à celui que paient les autres contribuables. Selon les chiffres de l’Observatoire européen de la fiscalité, il ne dépasse pas, en moyenne, 0,5 % de leur fortune. L’organisme souligne leur niveau élevé d’optimisation qui serait souvent à la limite de la légalité. « C’est très facile quand on dispose de beaucoup de patrimoine de le structurer pour qu’il ne génère pas de revenu taxable », commente à ce sujet le porte-parole de l’Observatoire, Quentin Parrinello. Cela se ferait dans de nombreux pays, les techniques variant d’un à l’autre.
 

Dans les pas d’Oxfam

À ce sujet, le 15 janvier dernier, l’organisme onusien Oxfam affirmait que les fortunes des cinq hommes les plus riches du monde auraient augmenté de 114 % depuis 2020, passant de 405 à 869 milliards de dollars, soit 14 millions de dollars d’augmentation par heure. En comparaison, selon la progression actuelle, il faudra environ 230 ans pour mettre fin à la pauvreté dans le monde.

Au total, la fortune des milliardaires aurait augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, soit trois fois plus rapidement que l’inflation mondiale. Il y aurait un grand écart de distribution de ces milliardaires entre les pays. Ceux de l’hémisphère nord possèderaient près de 70 % des richesses mondiales. Environ 1 % de la population mondiale aurait 43 % de tous les actifs financiers de la planète.

Selon le directeur général par intérim d’Oxfam International, Amitabh Behar, des milliards de personnes subiraient les chocs économiques dus à la pandémie, à l’inflation et à la guerre, tandis que les milliardaires prospèreraient. Ces inégalités seraient dues, selon lui, au fait que les mieux nantis veilleraient à ce que les entreprises contribuent avant tout à leur propre enrichissement, au détriment du reste de la population. Dans une note récemment publiée par cette ONG, sur chaque dollar de recette fiscale généré dans les pays du G20, moins de 8 cents proviennent de l’impôt sur la fortune.
 

Le Brésil et la France montrent le chemin

La réunion s’est terminée sans communiqué conjoint, mais le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, a déclaré après qu’il voudrait que les ultras-riches paient leur juste part d’impôt avec un système de taxation minimale des milliardaires à l’échelle internationale. Il espère un accord sur une déclaration commune à ce sujet d’ici la prochaine réunion ministérielle du G20 en juillet.

Ce sujet a eu une résonnance particulière en France où 10 % des ménages possèdent 54 % des richesses, un pourcentage stable depuis 2019. Ceux-ci auraient un patrimoine d’au moins 716 000 euros d’actifs, tandis que les 10 % les plus pauvres auraient 163 fois moins, soit un maximum de 4 400 euros. En 2018, année de la précédente étude, l’écart était de 158 fois entre les deux catégories. Cette inégalité serait encore plus élevée dans plusieurs autres pays de la zone euro. Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, a affirmé se battre pour une taxation mondiale plus simple, plus efficace et plus juste.

L’économiste français, qui s’intéresse beaucoup à l’évasion fiscale, Gabriel Zucman, avait été invité le 29 février à s’exprimer sur le sujet. Selon lui, il y a de plus en plus de preuves que les systèmes fiscaux actuels, au lieu d’être progressifs, tendent à être nettement régressifs au sommet de la distribution. L’explosion de l’extrême richesse serait l’une des principales caractéristiques de l’économie mondiale actuelle.
 

De l’argent pour aider les pays en difficultés

Selon Oxfam, un impôt annuel sur la fortune allant jusqu’à 5 % rapporterait près de 1 500 milliards de dollars par an. L’Observatoire européen de la fiscalité a indiqué dans une étude publiée au mois d’octobre que l’instauration d’un impôt minimum mondial sur les milliardaires pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. Cette somme, bien qu’imposante, ne représenterait que 2 % des 13 000 milliards de dollars de richesses qu’ont les milliardaires du monde entier.

Pour leur part, les pays en développement auraient besoin annuellement de 500 millions de dollars pour faire face aux défis du changement climatique. Ces pays sont confrontés à d’importantes pressions pour atteindre les objectifs de développement et de transition climatique.

Chose encourageante à ce sujet, un groupe appelé les « Millionnaires patriotes », regroupant des personnes fortunées à travers la planète, a plusieurs fois demandé une augmentation de leur niveau d’imposition. Ces grandes fortunes, telle l’héritière du géant allemand BASF, Marlene Engelhorn, ont affirmé lors de la rencontre à Davos cette année qu’ils seraient fiers de payer plus de taxe. Le président américain, Joe Biden, répète aussi régulièrement son souhait d’augmenter l’imposition des plus nantis.
 

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