Juliette Bryant, l’une des nombreuses victimes de Jeffrey Epstein, révèle les horreurs commises à l’usine d’abus sexuels de l’île des pédophiles

Juliette Bryant, l’une des nombreuses victimes de Jeffrey Epstein, révèle les horreurs commises à l’usine d’abus sexuels de l’île des pédophiles

Récemment, l’une des nombreuses victimes de Jeffrey Epstein, Juliette Rose Bryant, est entrée en relation avec moi sur le réseau social ✘ (anciennement Twitter). Je lui ai rapidement proposé de traduire en français l’article qui avait été publié à son sujet sur le site Web d’information américain The Daily Beast, le 7 avril 2022. Elle accepta tout aussi rapidement : « Bonjour Guy. Merci beaucoup pour votre message. Ce serait formidable si vous pouviez traduire l’article en français. » Juliette Bryant est une femme d’affaires sud-africaine qui a été violée à plusieurs reprises par Jeffrey Epstein. Elle a déclaré au Daily Beast qu’elle avait rencontré Epstein au Cap en 2002, à l’âge de 20 ans, après avoir été attirée dans son orbite par une femme qui lui avait promis de l’aider dans sa carrière de mannequin. Elle a été invitée à dîner avec Epstein, Bill Clinton et les acteurs Kevin Spacey et Chris Tucker, a rapporté le site d’information. « C’est ce qui a donné de la crédibilité à Epstein », a déclaré Mme Bryant. « Le fait qu’il était avec Clinton. »

Dans l’émission “House of Maxwell” diffusée le 18 avril 2022 sur la chaîne BBC Two, Juliette Bryant raconte comment elle a été trompée sur son île et agressée sexuellement par le magnat. La survivante des horribles abus présumés de Jeffrey Epstein et de sa complice Ghislaine Maxwell décrit avoir été trompée, contrainte et menacée de commettre des actes sexuels sur la fameuse « île des pédophiles » d’Epstein. Rappelant ses expériences avec le couple dans le documentaire, elle a déclaré : « On m’ordonnait d’aller dans sa chambre au moins trois fois par jour. À ce moment-là, il y avait encore plus de filles. À cette époque, j’ai vu au moins 60 filles aller et venir. J’avais 20 ans quand j’ai été emmenée là-bas, donc j’ai eu de la chance, je n’étais pas aussi jeune que certaines autres filles. C’était comme une usine, il faisait fonctionner une machine et c’était Ghislaine Maxwell qui la faisait fonctionner. »

Dans l’émission “House of Maxwell” diffusée le 18 avril 2022 sur la chaîne BBC Two, Juliette Bryant raconte comment elle a été trompée sur son île et agressée sexuellement par le magnat. La survivante des horribles abus présumés de Jeffrey Epstein et de sa complice Ghislaine Maxwell décrit avoir été trompée, contrainte et menacée de commettre des actes sexuels sur la fameuse « île des pédophiles » d’Epstein. Rappelant ses expériences avec le couple dans le documentaire, elle a déclaré : « On m’ordonnait d’aller dans sa chambre au moins trois fois par jour. À ce moment-là, il y avait encore plus de filles. À cette époque, j’ai vu au moins 60 filles aller et venir. J’avais 20 ans quand j’ai été emmenée là-bas, donc j’ai eu de la chance, je n’étais pas aussi jeune que certaines autres filles. C’était comme une usine, il faisait fonctionner une machine et c’était Ghislaine Maxwell qui la faisait fonctionner. »

Décrivant comment elle a été attirée dans cette situation, elle a partagé : « Je n’étais qu’une jeune fille avec des espoirs et des rêves, et je pensais que je pouvais vraiment faire quelque chose de ma vie. Alors j’ai commencé le mannequinat, j’ai pensé que je pourrais, vous savez, essayer. Un jour, cette belle mannequin américaine, Naja Hill, s’est approchée de moi et m’a demandé si j’étais mannequin. Je lui ai dit que je venais de commencer le mannequin, puis elle a dit que son ami, propriétaire de Victoria’s Secret, était là et que je voulais le rencontrer parce qu’il pourrait m’aider dans ma carrière de mannequin. Alors je me suis dit : « Oh mon Dieu, tous mes rêves deviennent réalité », je n’arrivais tout simplement pas à y croire. Quelle opportunité. Nous sommes donc allés montrer à Jeffrey mon portfolio. »

Juliette a poursuivi : « Je suis entrée dans la chambre d’hôtel, je me suis assise en face de lui, je lui ai donné mon livre de mannequin et il l’a feuilleté. Il m’a dit : « Wow, tu as la silhouette la plus incroyable que j’ai jamais vue dans ma vie. » Puis il a dit : « Bien, nous voulons vraiment t’emmener d’Afrique du Sud à New York. » Ils m’ont dit qu’ils allaient payer mon billet et m’obtenir un visa. Je pensais que ce serait l’occasion la plus extraordinaire de ma vie. Puis son bureau m’a téléphoné et m’a dit : « Fais tes valises, nous partons pour les Caraïbes ». J’ai pensé que c’était pour une séance photo. J’ai donc immédiatement dit oui. Son île était le plus bel endroit que j’aie jamais vu. La mer y est absolument exquise, la mer turquoise. »

Mais après son arrivée sur l’île de Little Saint James, le rêve s’est rapidement transformé en cauchemar : « Jeffrey aimait beaucoup regarder des films et le lendemain, une autre fille l’a amené. Nous regardions un film et cette autre fille était là et elle a commencé à lui faire l’amour alors que j’étais assise à côté de lui. J’étais absolument pétrifiée parce que j’étais si jeune et que je n’avais jamais rien vu de tel. J’ai couru hors de la pièce et j’ai pleuré, je ne savais pas quoi faire. Il n’y avait aucun espoir de s’enfuir. J’étais dans un pays étranger, sans téléphone portable, sans argent et sans moyen de communication. J’ai alors réalisé que j’étais complètement piégée et que je ne pouvais rien faire ». La Sud-Africaine a admis : « Je ne me suis plus jamais sentie bien après cela. Tout s’est effondré. C’est très difficile à comprendre. J’essaie encore de tout reconstituer. Je voulais être tranquille, vivre ma vie et oublier tout ça, mais je n’arrive pas à l’oublier. J’en ai assez d’avoir honte, je veux parler au nom de ceux qui ne peuvent plus parler ».

En ce qui concerne l’organisation de cette horrible entreprise, elle se souvient : « Ghislaine dirigeait les filles et nous disait quand nous devions aller dans sa chambre. On ne pouvait pas dire non, il n’y avait pas d’autre choix. Vous ne vouliez pas les mettre en colère, cela aurait été très effrayant de les mettre en colère. Personne n’a jamais essayé de s’opposer à eux ».

Et il y a une bonne raison pour que personne ne défie les pratiques dégoûtantes de l’île : « Les gens me demandent pourquoi j’y suis retourné. Personne ne désobéissait à Epstein. Avant de me renvoyer chez moi, il m’a emmenée dans son bureau et m’a dit qu’une femme l’avait accusé de viol et qu’il avait mis de la drogue dans son appartement et l’avait envoyée en prison. Il m’a ensuite dit qu’il avait inscrit le nom de ma famille sur une liste, alors j’ai fait ce qu’on m’a dit parce que j’étais pétrifiée par lui, par ce qu’il était. Je savais que ce serait une très, très mauvaise idée de le trahir ». De manière déchirante, Juliette a raconté les détails de sa propre agression : « Sa chambre était plongée dans l’obscurité et glaciale. Je suis sortie de mon corps et je l’ai laissé faire ce qu’il voulait parce que je ne savais pas quoi faire d’autre. J’ai essayé de m’échapper de cette pièce dans mon esprit. J’ai essayé de faire comme si de rien n’était. Il s’y est passé des choses qui m’ont tellement effrayée que je ne peux même pas en parler. Il se nourrissait de cette terreur, il y avait quelque chose qu’il aimait dans l’énergie d’une fille effrayée ».

Elle a également fait part de souvenirs plus sombres concernant l’île elle-même : « Le petit chalet dans lequel on m’a fait rester quand je suis arrivée avait une œuvre d’art très bizarre sur le mur. Il s’agissait d’une fille nue et d’un gros morse, comme si le morse essayait de la violer. C’était une image très dérangeante. Je n’avais jamais vu un tel dessin. Il y avait beaucoup de choses bizarres dans sa maison, il y avait des photos de filles nues partout, et il y avait aussi beaucoup de photos de Ghislaine nue ». Malgré ce dernier détail nauséabond, Juliette, comme d’autres victimes d’Epstein, n’a jamais observé d’interaction romantique entre le couple puissant. Elle raconte : « Lorsque j’ai rencontré Ghislaine pour la première fois, on m’a dit qu’elle était la petite amie d’Epstein. Mais le fait est que je ne les ai jamais vus se tenir la main ou s’embrasser une seule fois, ni même se faire un câlin, pour être honnête. Je ne les ai jamais vus s’approcher aussi près l’un de l’autre, donc ce n’était certainement pas une relation romantique ».

Après avoir vécu une horreur inimaginable, le récent verdict de culpabilité de Ghislaine a redonné un peu d’espoir à Juliette. Elle a réfléchi : « Je n’aurais jamais cru que cela arriverait. Ces gens s’en sont sortis avec ce qu’ils ont fait pendant de nombreuses années. Il faut les tenir à l’écart pour qu’ils ne puissent pas nuire à d’autres personnes. Les gens se rendent compte de la vérité ». Ce témoignage est tellement poignant, et il y a tant de femmes qui ont des histoires similaires à propos d’Epstein et de Maxwell. Nous espérons qu’elles trouveront toutes la paix et la guérison qu’elles méritent.

➢ Le témoignage de Juliette Bryant lors de l’émission « House of Maxwell », épisode #1.3, BBC Two (18 avril 2022).

➽ Victime : Epstein partageait une suite d’hôtel avec Bill Clinton et s’inquiétait d’être empoisonné

Par Kate Briquelet. The Daily Beast, le 7 avril 2022

Juliette Bryant se trouvait dans un bar à cocktails du Cap avec une amie lorsqu’un associé de Jeffrey Epstein l’a abordée. Ce soir-là, en septembre 2002, l’actrice américaine Naja Hill leur a dit : « Ce type me dérange, Est-ce que je peux passer du temps avec vous ? » Bryant, qui venait d’avoir 20 ans, a compris que les femmes doivent veiller les unes sur les autres et a invité la belle étrangère à se joindre à elles. Lorsque Hill a appris que Bryant aspirait à devenir mannequin, elle a suggéré qu’elles trouvent son ami “milliardaire” Jeffrey, dont elle a faussement prétendu qu’il était le propriétaire de Victoria’s Secret et qu’il pourrait donner un coup de pouce à la carrière de Bryant.

Hill, qui avait mis l’accent sur les contacts d’Epstein avec les célébrités, a fait savoir que le financier se trouvait actuellement dans un restaurant chic des environs en compagnie de l’ancien président Bill Clinton et des acteurs Kevin Spacey et Chris Tucker. Elle a demandé à Bryant si elle aimerait les rencontrer. Bryant et Hill ont alors sauté dans une voiture, étourdis par l’opportunité de faire leur connaissance.

« J’étais une jeune fille idiote de 20 ans et j’ai pensé que c’était une opportunité extraordinaire compte tenu des personnes avec lesquelles il était ici », a déclaré Mme Bryant au Daily Beast, dans sa première interview approfondie sur sa survie au réseau sexuel d’Epstein. Elle a également parlé à BBC Two pour sa nouvelle série sur l’ancienne petite amie d’Epstein et complice aujourd’hui condamnée, Ghislaine Maxwell. La série, House of Maxwell, a été diffusée pour la première fois le 18 avril 2022.

« C’est ce qui a donné de la crédibilité à Epstein », a ajouté Mme Bryant. « Le fait qu’il était avec Clinton ».

Juliette Bryant sur l’île privée de Jeffrey Epstein dans les îles Vierges américaines.

Selon Mme Bryant, lorsqu’elle est arrivée au restaurant, M. Clinton s’est levé pour lui serrer la main et ne l’a pas lâchée, même lorsqu’il a commencé à parler à quelqu’un d’autre. « Il n’a pas lâché ma main, même lorsqu’il a commencé à parler à quelqu’un d’autre. C’était comme un rêve. C’était tellement bizarre. » (Après la publication de cet article, Hill a nié avoir présenté Bryant à Epstein).

Elle reverra le célèbre démocrate le lendemain, après que Hill l’ait invitée à se joindre à leur entourage et à montrer à Epstein son book de mannequins.

Bryant a croisé Clinton et Epstein lors d’une tournée humanitaire en Afrique, au cours de laquelle l’ancien président, son équipe des services secrets et d’autres personnes ont voyagé à bord du jet privé d’Epstein, surnommé le “Lolita Express”. Clinton n’a pas parlé publiquement de ce voyage ou de ses multiples autres vols avec Epstein, à l’exception d’une déclaration de 2019 qui affirmait qu’il ne savait « rien » des « terribles crimes » de l’ancien délinquant sexuel.

Hill n’a pas retourné les messages laissés par The Daily Beast, pas plus que les représentants de Tucker et de Spacey. Angel Ureña, porte-parole de Mme Clinton, nous a renvoyé à la déclaration précédente, qui se lisait comme suit : « Le président Clinton ne sait rien des graves crimes commis par le défunt » :

« Le président Clinton ne sait rien des crimes graves pour lesquels Jeffrey Epstein a plaidé coupable en Floride il y a quelques années, ni de ceux pour lesquels il a été récemment inculpé à New York. En 2002 et 2003, le président Clinton a effectué quatre voyages à bord de l’avion de Jeffrey Epstein : un en Europe, un en Asie et deux en Afrique, avec des escales liées au travail de la Fondation Clinton. Des membres du personnel, des sympathisants de la Fondation et des membres des services secrets ont voyagé à chaque étape de chaque voyage. Il a rencontré Epstein une fois dans son bureau de Harlem en 2002 et, à peu près à la même époque, il s’est rendu brièvement à l’appartement new-yorkais d’Epstein en compagnie d’un membre de son personnel et de son service de sécurité. Il n’a pas parlé à Epstein depuis plus de dix ans et ne s’est jamais rendu à Little St. James Island, au ranch d’Epstein au Nouveau-Mexique ou à sa résidence en Floride. »

Juliette Rose Bryant écrivait sur le réseau social Twitter/X le 18 octobre 2023 : « J’ai été repérée par l’agence de mannequins Elite à l’âge de 14 ans. Heureusement, ma mère ne m’a pas laissé faire du mannequinat à un si jeune âge. Et les autres filles qui sont emmenées ? »

Peu de temps après ce rendez-vous au Cap, Epstein a pris Bryant au piège de son trafic en lui proposant des emplois de mannequin aux États-Unis. Mais quelques instants après avoir posé le pied sur le sol américain, Bryant a été emmenée au domicile du gestionnaire de fonds dans les îles Vierges américaines, où il l’a violée à plusieurs reprises pendant deux semaines avant de l’emmener à Palm Beach pour poursuivre les agressions. Les abus sexuels se sont poursuivis dans les résidences d’Epstein à travers le monde jusqu’en 2004.

« J’ai été complètement escroquée », a déclaré Mme Bryant. « Je n’aurais pas accompagné un homme au hasard dans les Caraïbes. Il semblait légitime. Clinton lui a donné de la crédibilité. »

Aujourd’hui mère de famille et chef d’entreprise en Afrique du Sud, Mme Bryant affirme qu’elle se présente pour défendre les victimes de la traite des êtres humains dans le monde entier et pour apporter ses propres pièces au puzzle que constitue le mystérieux réseau d’Epstein. Dernièrement, elle se demande pourquoi les amis éminents d’Epstein, comme Clinton, ne font pas l’objet d’un examen plus approfondi, ou pourquoi ses assistantes, comme Sarah Kellen, qui l’aurait envoyée dans la chambre d’Epstein pour y être abusée, ne font pas l’objet de poursuites pénales.

À la fin de 2019, Bryant a intenté un procès contre la succession d’Epstein, alléguant que le financier l’avait violée à plusieurs reprises pendant des années dans ses résidences de Paris, Palm Beach et New York, ainsi que dans son complexe au Nouveau-Mexique et sur son île privée dans les îles Vierges américaines. (Un an plus tard, elle a conclu un accord avec le programme d’indemnisation des victimes d’Epstein). « Je veux soutenir les autres filles », nous a dit Bryant. « Je veux avancer dans ma vie, mais je ne peux pas. J’en ai été le témoin. Chaque pièce du puzzle compte, aussi petite soit-elle ».

Ces détails, dit Mme Bryant, sont encore frais dans son esprit. Vingt ans plus tard, elle a plus de questions que de réponses. Elle est convaincue qu’Epstein et Maxwell étaient plus puissants et plus dangereux qu’on ne l’imagine. « Chaque jour est encore difficile », dit-elle. « La plupart du temps, je ne me sens pas bien. Mais je suis simplement reconnaissante d’être là où je suis et d’être en vie ».

« Epstein était si intelligent qu’il a fait croire à tout le monde que c’était de leur faute », a-t-elle ajouté. « Les gens doivent réaliser que cet homme était si maléfique et capable de tant de choses. »

Lorsque Bryant a rencontré Clinton et Epstein, elle a eu l’impression que les deux hommes étaient proches – ou du moins suffisamment amis pour partager apparemment une suite au luxueux Cape Grace, un hôtel 5 étoiles situé sur le front de mer de Victoria & Alfred. « Jeffrey vous aime beaucoup », lui dit Hill au téléphone le lendemain. « Pouvez-vous venir à l’hôtel et lui montrer votre book de mannequinat ? » Hill l’informe que Clinton doit également prononcer un discours ce jour-là dans une université technologique locale et l’invite à l’accompagner. Bryant a rejoint le cortège du groupe, qui comprenait une escorte policière, assise à l’arrière d’une camionnette avec un conseiller de Clinton.

Mme Bryant se souvient que Spacey — que plus d’une douzaine d’hommes accuseront plus tard d’abus et de harcèlement sexuels — a filmé certains des propos de Mme Clinton et de l’auditoire à l’aide de ce qui semblait être une caméra numérique. Spacey, dit-elle, était distant et « pensait que nous étions un peu gênants », tandis que Tucker était amical mais n’interagissait pas beaucoup avec elle. (Dans son procès, le trio d’influence n’est décrit que comme « un ancien haut fonctionnaire du gouvernement américain, un acteur célèbre et un comédien bien connu »).

À la fin du discours, raconte Mme Bryant, tout le monde est retourné à Cape Grace et elle a pris son book de mannequin dans la voiture. On lui dit que son “casting” aura lieu dans la chambre d’Epstein.

Elle prend l’ascenseur jusqu’à la suite et rencontre dans un grand salon trois des assistantes d’Epstein, dont on lui dit qu’elles travaillent pour l’agence Karin Models. Mme Bryant se souvient d’avoir rencontré Kellen et une autre jeune femme en particulier. Contactée par The Daily Beast, cette dernière a confirmé avoir rencontré Bryant lors du voyage en Afrique du Sud et a déclaré qu’elle avait récemment rejoint le cercle d’Epstein. Elle a nié avoir jamais travaillé pour une agence de mannequins ou prétendu le faire. « Il faut savoir qu’à l’époque, j’étais encore très ignorante », a déclaré cette femme à propos d’Epstein et de Maxwell. J’ai vu ces deux personnes fortunées qui me disaient : « Hé, tu veux participer à ce voyage en Afrique avec Bill Clinton ? Pour quelqu’un d’une vingtaine d’années, tout cela semble vraiment génial. Vous ne savez pas ce qui se cache derrière tout cela ».

Bryant a déclaré au Daily Beast qu’elle avait approché les trois assistants, qui étaient assis à une longue table et feuilletaient son portfolio. « Pendant qu’ils faisaient cela, Clinton a traversé la pièce et a dit : ‘Salut les gars’. Lui et Epstein partageaient la suite présidentielle », se souvient Bryant, ajoutant que Clinton s’était ensuite retiré dans sa propre chambre privée dans la suite. (Bryant n’était pas la seule survivante à avoir rencontré l’ancien président. Chauntae Davies, alors âgée de 22 ans et voyageant avec Epstein, a été photographiée en train de masser le cou de Clinton pendant sa tournée en Afrique.)

Lorsqu’on lui a demandé si Clinton et Epstein partageaient une suite, Ureña a répondu que l’ancien président n’était pas resté au Cap après son événement universitaire. « Au lieu de cela, il s’est envolé pour Johannesburg où il a, entre autres, rencontré les présidents Mbeki et Mandela », a déclaré Ureña dans un courrier électronique. « Epstein et Maxwell ne se sont pas rendus à Johannesburg. »

Les assistants ont ensuite dit à Bryant qu’elle pouvait se rendre chez Epstein, qui a examiné son portfolio et a déclaré : « Vous avez la silhouette la plus parfaite que j’ai jamais vue. Tu es parfaite pour Victoria’s Secret. Alors que Hill lui avait déjà dit qu’Epstein contrôlait l’entreprise de lingerie, Epstein a informé Bryant que son « meilleur ami » Les Wexner en était propriétaire. »

« J’étais tellement excitée parce que ma famille avait des difficultés financières », nous a dit Bryant. « Je pensais que j’allais faire une différence pour ma famille. J’avais prié pour que quelque chose de bien se produise et je pensais : Oh mon Dieu. Mes rêves deviennent réalité. » Epstein et ses compagnons de voyage ont quitté le pays ce jour-là. Peu de temps après, son assistante de longue date, Lesley Groff, a appelé Bryant pour organiser son prochain voyage à New York. Bryant n’avait pratiquement pas d’argent, dit-elle, alors Epstein a proposé de couvrir ses frais de voyage et de les déduire de son futur travail de mannequin. Les employés d’Epstein, a-t-elle ajouté, ont organisé son visa. Groff, par l’intermédiaire d’un avocat, a nié tout acte répréhensible en relation avec Epstein. « Après plusieurs années d’enquêtes multiples, les procureurs n’ont porté aucune accusation contre Lesley Groff car, à aucun moment au cours de son emploi, en tant que membre de l’équipe professionnelle d’Epstein, elle n’a commis aucune faute ni n’a eu connaissance d’un quelconque acte répréhensible », a déclaré l’avocat Michael Bachner.

Bryant dit qu’elle pensait qu’elle était en sécurité ; sa mère a parlé à Epstein avant qu’il n’achète son billet d’avion et il a déclaré qu’il lui avait réservé un appartement dans un immeuble de la 66e rue Est où il abritait des mannequins, des employés et des amis distingués. « Il a assuré à ma mère que ce serait non seulement sûr, mais que ce serait une énorme opportunité qui changerait ma vie », a déclaré Bryant.

➢ Une vue aérienne du domaine d’Epstein sur l’île caribéenne de Little St. James.

C’était la première fois que Bryant sortait d’Afrique du Sud. Lorsqu’elle est descendue de l’avion, elle a été stupéfaite par le chauffeur qui l’attendait avec son nom imprimé sur un grand panneau d’affichage. « Comme pour les célébrités », se souvient Bryant. « J’étais comme, whoa. Je ne pouvais pas y croire. » Le chauffeur d’Epstein l’a amenée à l’appartement de Manhattan et quelques minutes après avoir déposé ses bagages, le téléphone de la chambre a sonné. Kellen était en ligne et a annoncé : « Faites vos valises. Vous allez dans les Caraïbes. » Bryant n’avait pas dormi pendant tout son vol de 20 heures, n’avait ni argent ni téléphone portable et ne savait pas quoi faire d’autre que de se conformer.

Elle a embarqué sur un vol au départ de Teterboro avec des passagers dont Epstein et Kellen. Lorsqu’elle s’est assise, Epstein a commencé à lui tripoter l’entrejambe de manière sexuelle, et Kellen se serait moqué d’elle. Bryant dit qu’elle a immédiatement réalisé qu’Epstein n’était pas le bienfaiteur qu’il prétendait être, mais une sorte de prédateur sexuel. « Ils n’ont pas mis mon nom sur ce carnet de vol, donc si je disparaissais, ma famille penserait que je suis à New York », nous a expliqué Bryant. « Je pense que j’avais réalisé à ce moment-là que j’avais été escroquée. J’ai réalisé que si je ne faisais pas ce qu’il voulait, mes jours étaient comptés. Cela m’a complètement fait flipper. »

Dans le repaire d’Epstein aux îles Vierges, Bryant dit qu’elle était « piégée », sans aucun moyen de contact avec le monde extérieur. « J’ai commencé à être appelée dans sa chambre », a déclaré Bryant. « Il n’a plus jamais mentionné le mannequinat. »

Bryant a déclaré que Kellen avait commencé à lui ordonner de se rendre dans la chambre d’Epstein, qui était « sombre et glaciale », pour être agressée sexuellement trois fois par jour. Son procès détaille les horreurs qu’elle a vécues : Epstein utilisait des appareils de massage sur elle, la forçait à avoir des relations sexuelles orales et la violait. Au cours de son séjour de deux semaines, elle a vu une autre fille faire une fellation à Epstein alors qu’ils regardaient un film. « J’ai commencé à pleurer et je suis sorti de là en courant », a déclaré Bryant au Daily Beast.

Kellen, qui a été l’un des lieutenants les plus fiables d’Epstein pendant plus d’une décennie, a nié avoir facilité les abus d’Epstein. À l’automne 2019, Kellen s’est elle-même présentée comme victime, sa porte-parole déclarant : « Sarah a été ciblée par Epstein et Maxwell alors qu’elle, comme beaucoup de leurs victimes, était extrêmement vulnérable – en difficulté financière et émotionnelle. »

Epstein a transporté Bryant à Palm Beach pendant une semaine après le cauchemar des Caraïbes.

Avant de quitter la Floride, Epstein a lancé un avertissement inquiétant : il a déclaré qu’il travaillait pour la CIA et qu’il la mettait, ainsi que les membres de sa famille, sur une « liste ». Une jeune fille l’avait un jour accusé de viol, a-t-il prévenu, alors il a placé de la drogue dans son appartement et l’a fait envoyer en prison. « C’est un maître manipulateur », a déclaré Bryant. « J’ai toujours eu l’impression qu’il me surveillait via mon téléphone ou mon ordinateur. Cela m’a vraiment dérangé la tête. »

➢ Juliette Bryant a été obligée de voyager sur l’île pendant diverses périodes, de temps en temps, pendant près de deux ans, révélant « J’étais tellement brisée à ce moment-là, j’ai en quelque sorte accepté ça. »

Bryant n’était plus la même quand elle est rentrée chez elle. Elle dit qu’elle a commencé à boire pour engourdir la douleur, qu’elle a développé des troubles de l’alimentation et qu’elle a eu du mal à se sentir satisfaite. Parce qu’Epstein se vantait de ses relations politiques, elle était terrifiée par lui et pensait qu’il était « l’une des personnes les plus puissantes de la planète ». À l’époque, elle n’a parlé à personne de ses abus dégradants. Et quand il a demandé à la revoir, elle a obéi. Les dossiers de vol révèlent que Bryant a voyagé entre New York, les îles Vierges, Palm Beach, Paris et Albuquerque avec Epstein et ses associés.

Bryant estime qu’elle a passé environ huit semaines avec Epstein entre 2002 et 2004. Pendant cette période, elle a été contrainte à la servitude sexuelle et dit avoir vu des dizaines d’autres filles visiter les maisons d’Epstein et rester de garde pour lui rendre service.

Avec le recul, Juliette Bryant pense qu’elle et les autres jeunes femmes dans l’orbite d’Epstein étaient coincées dans une sorte de “syndrome de Stockholm”. « Nous serions tous assis là et il appellerait celle qu’il voulait », a déclaré Bryant. « Il a essayé de créer de la jalousie. C’était presque le syndrome de Stockholm, on commence à se ranger du côté de son ravisseur parce qu’on est pétrifiée. »

« De toute évidence, nous avons été violées, agressées, mais il y a plus que cela : le contrôle mental », a ajouté Bryant. « C’était une situation très difficile d’être piégée comme une jeune fille si naïve. »

L’homme d’affaires effrayant profitait de chaque occasion pour afficher ses amis puissants et semblait les appeler beaucoup, même dans son véhicule équipé de trois ou quatre téléphones. « Je l’ai entendu parler au téléphone de l’achat d’une flotte d’hélicoptères pour 20 millions de dollars », se souvient Bryant. « Il était souvent assis à son bureau et au téléphone. Il ne travaillait pas réellement. Je ne sais pas ce qu’il faisait. Il s’agissait plutôt de communiquer. » « Epstein parlait beaucoup à Clinton au téléphone et disait qu’il était ami avec Fidel Castro », a déclaré Bryant.

➢ Juliette Bryant dans la propriété de Jeffrey Epstein au Nouveau-Mexique.

Bryant dit qu’Epstein prétendait parfois travailler avec Clinton. Lorsqu’elle a demandé pourquoi Clinton avait besoin de travailler alors qu’il venait d’être président, Epstein a répondu qu’il « avait besoin d’un million de dollars par an pour assurer la sécurité de sa fille en raison des menaces de mort ».

La décoration de la maison d’Epstein – qui comprenait des photos de lui-même, de Maxwell et de dirigeants mondiaux – semblait étayer ses prétendus liens avec les maîtres de l’univers. Pendant ce temps, une femme qui a travaillé pour Epstein pendant environ 15 ans a déclaré à Bryant qu’elle avait servi du thé au riche pervers et au fondateur de Microsoft, Bill Gates.

Bryant dit qu’Epstein a également fréquenté des personnalités hollywoodiennes, notamment le réalisateur Michael Bay, qui, selon elle, a visité l’île privée d’Epstein. « Il a eu une petite réunion avec Epstein », se souvient Bryant. « Ils ne semblaient pas si proches, mais cela ressemblait à une affaire d’affaires. » Un avocat de Bay a cependant déclaré au Daily Beast dans un e-mail : « M. Bay n’est jamais allé dans les îles Vierges et n’a jamais eu affaire à Jeffrey Epstein. » Maxwell était également un nom compte-gouttes. « Je me souviens d’une fois où elle est revenue à Palm Beach et a dit qu’elle avait assisté à une soirée des Oscars avec Ralph Fiennes », a déclaré Bryant. (Le nom de l’acteur anglais est répertorié dans le Rolodex d’Epstein, ainsi que les coordonnées de sa cousine Susannah.)

À Paris, Bryant a séjourné dans l’appartement d’Epstein avec Maxwell et Kellen, qui l’auraient forcée à faire une séance photo nue pour Epstein. Une photo nue de Bryant sera plus tard exposée dans la salle de bain du financier – l’une des nombreuses photos nues de filles accrochées dans ses propriétés comme des trophées. « Je me souviens d’avoir marché dans le couloir et il y avait des filles qui ne parlaient même pas anglais », se souvient Bryant. « Tant d’autres filles que j’ai vues là-bas dont je n’ai plus entendu parler depuis », a-t-elle déclaré. « Où sont-elles? »

« Ghislaine était là et elle partait toujours avec Sarah Kellen », a-t-elle ajouté à propos de son séjour en France. « Je pensais qu’elles étaient lesbiennes, tellement elles étaient proches. » Bryant a déclaré que Maxwell se rendait fréquemment au domicile d’Epstein et lui organisait des “massages”, mais que la mondaine l’ignorait souvent. « C’est une femme très, très effrayante », a déclaré Bryant. « Tu avais même peur de lui dire quoi que ce soit. »

➢ Juliette Bryant affirme que Jeffrey Epstein et ses associés l’ont emmenée sur son île privée dans les îles Vierges américaines, où il l’a maltraitée à plusieurs reprises.

À une occasion, dit-elle, Maxwell l’a emmenée en hélicoptère jusqu’à la propriété d’Epstein dans les îles Vierges. « Elle était horrible. Je pensais que j’allais mourir. Je me souviens qu’Epstein avait dit qu’elle obtenait son permis, donc c’était un entraînement », a déclaré Bryant. « Elle dirigeait tout », a ajouté Bryant à propos de l’héritière britannique, « et s’est assurée que tout se passait exactement comme Epstein le souhaitait. » Bryant pensait également qu’Epstein surveillait ses invités via des caméras de surveillance, une affirmation partagée par d’autres victimes, dont Davies, Maria Farmer et Virginia Roberts Giuffre.

Une nuit, dans son manoir de Manhattan, Bryant a ouvert la fenêtre de sa chambre pour sortir sur le balcon et allumer une cigarette. Un agent de sécurité d’Epstein l’a approchée le lendemain et lui a dit qu’il avait remarqué que la température avait changé dans ses quartiers. Il l’a ensuite guidée vers ce qui semblait être la salle des caméras d’Epstein, qui contenait des dizaines de moniteurs de télévision alignés contre un mur. « Il a dit: ‘Je veux juste vous montrer quelque chose’ », a déclaré Bryant. « Je pense qu’il me prévenait. Il m’a montré toutes les caméras. » L’agent de sécurité a informé Bryant qu’il avait exactement la même configuration dans sa propre maison du New Jersey et qu’il regardait les images 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Du point de vue de Bryant, Epstein semblait parfois paranoïaque. « Epstein avait toujours des plats parce que je pense qu’il avait peur d’être empoisonné », a-t-elle déclaré. « Il y avait des assiettes de nourriture pour tout le monde, et il prenait les assiettes des autres. C’était étrange. »

Bryant dit que son dernier voyage avec Epstein a eu lieu au Nouveau-Mexique, où elle et une autre victime l’ont accompagné au manoir du gouverneur pour une brève visite. Là, elle a rencontré le gouverneur de l’époque, Bill Richardson, qui figurait dans le tristement célèbre « Petit livre noir » des contacts de la société d’Epstein et dont les campagnes politiques ont reçu des dons d’Epstein et de ses employés. Son procès ne nomme pas Richardson mais le désigne comme « un autre responsable gouvernemental important » et déclare que Bryant « croyait qu’Epstein l’avait amenée là-bas pour que le fonctionnaire puisse l’examiner ». (Bryant n’accuse pas Richardson de mauvaise conduite, mais Giuffre affirme qu’Epstein et Maxwell l’ont envoyée chez l’ancien politicien pour qu’elle soit maltraitée. Richardson le nie catégoriquement, et en 2019, sa porte-parole a déclaré : « Pour être clair, dans les interactions limitées du gouverneur Richardson avec M. Epstein, il ne l’a jamais vu en présence de jeunes filles ou de filles mineures. ») « Bill Richardson et un autre homme nous ont regardés, nous ont serré la main et sont retournés dans leur chambre où ils se trouvaient. C’était tellement bizarre », a déclaré Bryant, ajoutant qu’Epstein « n’a jamais expliqué » pourquoi ils avaient rendu visite à Richardson en premier lieu.

Au Nouveau-Mexique, dit Bryant, Epstein ne l’a pas emmenée dans sa chambre et ne l’a pas agressée sexuellement comme il le faisait habituellement. Au lieu de cela, il l’a allongée sur une table dans une petite pièce et a pressé son ventre et sa région pelvienne, l’examinant comme le ferait un médecin. Elle ne pouvait pas s’empêcher de sentir qu’il se passait quelque chose de plus. « Sinon, pourquoi passer par autant de filles ? » demande-t-elle maintenant.

Epstein était connu pour faire miroiter des perspectives d’études universitaires rémunérées ou d’emplois d’actrice et de mannequin à la multitude de filles et de jeunes femmes qu’il agressait. Alors qu’Epstein a offert à Bryant 4 000 $ par mois pour travailler pour lui, et encore plus d’argent pour recruter de nouvelles victimes, elle affirme qu’il ne lui a jamais payé un centime. Ses rêves de mannequin, un projet sur lequel elle travaillait depuis l’âge de 14 ans, ont été anéantis. « Il a essayé de nous faire sentir que nous ne valions rien », a déclaré Bryant à propos d’Epstein. « Je ne sais même pas comment l’expliquer. Nous avions tellement peur de lui. » « Epstein me frappait le ventre et disait que j’étais grosse », a-t-elle ajouté. « Il contrôlait de manière subtile. »

Bryant pense qu’Epstein a rompu les liens avec elle parce qu’elle était trop obstinée et a refusé de recruter de jeunes victimes pour lui. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été lorsqu’elle est apparue dans son manoir de Manhattan vers minuit, se sentant malade, plusieurs heures avant d’être censée se préparer à servir des boissons à un groupe de scientifiques de renom à bord de son jet privé.

Elle s’était rendue dans un bar avec une assistante d’Epstein, même si elle et les autres victimes n’étaient pas « autorisées » à quitter sa propriété de l’Upper East Side. « Nous n’avions pas vraiment le droit de sortir, mais je le voulais vraiment puisqu’elle y allait », se souvient Bryant. Mais Bryant a commencé à se sentir mal et a cru que quelqu’un avait dopé sa boisson. L’assistante, qui gardait les clés de la maison, lui a demandé de retourner à la maison et d’appuyer sur la sonnerie de la porte d’entrée.

Epstein était furieux de cette interruption. « Epstein ne s’attendait pas à être réveillé par la sonnerie et il était furieux », a déclaré Bryant. « Les billets ont été rapidement réservés et j’ai été renvoyée chez moi six heures plus tard. » « Il pensait que j’allais lui causer trop de problèmes, parce que je suis un joker », a ajouté Bryant. « Ma mère me manquait et je pleurais. Je pense qu’il pensait que j’étais pénible et que je n’en valais pas la peine. » « À ce moment-là, ma vie était tombée en morceaux et j’étais une épave bavarde. »

Même après que Bryant ait échappé à ses griffes, Epstein la contactait sporadiquement au fil des ans. En 2011, le délinquant sexuel a demandé à un employé de lui envoyer par courrier électronique une photo nue qu’il avait prise d’elle à Palm Beach, comme une sorte de souvenir malsain. Bryant dit qu’Epstein a pris la photo après avoir fait irruption dans sa chambre. « Salut Ju, JE m’a demandé de t’envoyer ça :))) » lit-on dans le message de l’assistant. Deux ans plus tard, Epstein lui a envoyé une demande de connexion sur LinkedIn. Et en novembre 2015, il a envoyé un e-mail à Bryant pour lui demander des références pour de nouveaux employés. Le message, examiné par The Daily Beast, déclarait : « Je recherche de nouvelles assistantes [sic], tous ceux que vous connaissez. »

Epstein lui a de nouveau envoyé un e-mail en janvier 2017, lui demandant si elle connaissait Sarah Ransome, une autre survivante de ses abus qui l’a poursuivi en justice, Maxwell et Kellen pour son entreprise de trafic sexuel. Son e-mail est arrivé quelques jours avant que Ransome ne dépose sa plainte devant le tribunal fédéral de Manhattan sous le pseudonyme de « Jane Doe 43 ». (L’affaire a été réglée en 2018.) À l’époque, Bryant ne connaissait pas Ransome, qui avait été victime du trafic d’Epstein en 2006 et 2007, mais elle considérait le message inattendu d’Epstein comme une menace voilée. Epstein lui a également envoyé un e-mail, dit-elle, environ un mois avant son arrestation en juillet 2019 et lui a demandé de lui envoyer des photographies de nu.

Le multimillionnaire l’a intimidée et elle avait trop honte pour dire à ses proches ce qui lui était arrivé, même si ces derniers l’avaient aidée à payer sa thérapie – et même si elle avait été hospitalisée à plusieurs reprises pour des crises de panique résultant de ses abus.

Bryant ne s’est manifesté qu’après la mort d’Epstein ; elle a dit au Daily Beast qu’elle avait trop peur pour parler de son vivant. Mais voir d’autres accusatrices comme Giuffre, Annie Farmer et Ransome s’exprimer l’a inspirée à rejoindre le chœur croissant de femmes réclamant justice. Avec Maxwell derrière les barreaux et sa condamnation pour trafic sexuel n’étant plus en jeu, Bryant se sent particulièrement habilitée à enfin partager son histoire. « Je n’ai jamais réalisé que j’étais victime de trafic sexuel parce que je ne savais pas ce qu’était le trafic sexuel », nous a dit Bryant. « Je pense que les gens devraient être informés sur le trafic et sur le nombre de personnes portées disparues. »

Elle espère que se lever maintenant aidera à soutenir d’autres survivantes et encouragera davantage d’entre elles à parler de ce dont elles ont été témoins et endurés sous Epstein. « J’ai passé ma vie à avoir tellement honte, mais j’ai soudain réalisé que je n’avais rien à cacher, c’est vrai », a déclaré Bryant à propos d’Epstein et de ses complices. « Je veux parler au nom de toutes celles qui ne le peuvent plus. »


Source : Guy Boulianne

Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme

À propos de l'auteur Profession Gendarme

L'Association Professionnelle Gendarmerie (APG) a pour objet l’expression, l’information et la défense des droits et intérêts matériels et moraux des personnels militaires de la gendarmerie et de toutes les Forces de l'ordre.Éditeur : Ronald Guillaumont

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recommended For You