Ce qui rend Vladimir Poutine optimiste pour 2024

Ce qui rend Vladimir Poutine optimiste pour 2024

Il s’agit d’un article-tournant du Figaro qui, dès 2022, prédisait la défaite de la Russie grâce aux armes occidentales. Le quotidien du groupe Dassault militait aussi, commerce oblige, pour fournir des avions de combat aux Ukrainiens, qui n’ont pas la maîtrise du ciel.

Le 28 décembre 2023, Le Figaro, sous la plume d’Alain Barluet, atterrit. Nous enchaînerons avec « la stratégie suicidaire d’Israël » du spécialiste de géopolitique Renaud Girard, qui signe peu, mais qui signe bien. Ou quand la réalité s’impose à la propagande… [1]

On ne reviendra pas sur les multiples unes antirusses du Figaro, c’est le lot quasi obligatoire de toute la presse mainstream, qui vit aux crochets de l’État et/ou de grands groupes industriels. Aller trouver de l’analyse indépendante là-dedans revient à chercher un cap clair et une vision chez Macron.

On commence par l’intro de Berluet, qui devrait relire les ouvrages de Lucien Cerise sur le sujet : ça évite de se tromper sur les buts de guerre.

Le chef du Kremlin n’aurait-il d’ailleurs pas échoué, dès les premières semaines de son « opération militaire spéciale », en ne parvenant pas à prendre Kiev, puis en mobilisant contre lui l’aide occidentale et en renforçant l’Otan aux frontières russes alors qu’il visait exactement le contraire ?

L’auteur s’interroge sur « l’optimisme retrouvé » du maître du Kremlin, en place depuis 22 ans et candidat à sa succession en mars 2024. Voici, résumées, les raisons de la satisfaction poutinienne :

 une opposition intérieure éradiquée, avec Navalny au goulag et Prigojine au ciel ;

- l’échec de la contre-offensive ukrainienne ;

- le report de la mobilisation de 300 000 hommes, ce qui soulage les familles russes (615 000 hommes sont au front) ;

- une économie résiliente qui a résisté aux sanctions de l’Occident, qui s’est lui-même sanctionné, surtout l’Union européenne ;

- un essoufflement des soutiens occidentaux à l’Ukraine et la division des Européens sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE, sans oublier le budget Ukraine des USA toujours pas voté (les Américains sont majoritairement contre) ;

- la propagande de guerre occidentale détournée vers le Proche-Orient grâce à la guerre israélienne, soulageant la Russie ;

- la concentration grandissante des États-Unis sur la Chine.

De fait, Poutine renouvelle sa demande de négociations, puisqu’il a l’avantage sur le terrain, même si ses troupes n’ont pas été jusqu’à Odessa, fermant ainsi définitivement la mer Noire à l’Ukraine. Sa demande inclut toujours la dénazification de l’Ukraine, soit le départ de la clique Zelensky. Un Zelensky qui est en train de se prendre la tête avec son chef d’état-major, le général Valeri Zaloujny, les deux hommes n’ayant pas la même vision. Le différend porte sur la mobilisation, un problème crucial dans un pays qui a perdu presque un quart de sa population dans l’exode. Ici, un insert du Monde :

Lors de sa conférence de presse du 19 décembre, le président ukrainien, dont la popularité connaît une nette érosion, avait déclaré qu’il n’était pas convaincu par les demandes de l’état-major de mobiliser « 450 000 à 500 000 » hommes pour soulager les militaires combattant depuis deux ans. Procrastination ou volonté de faire porter cette responsabilité par un potentiel rival politique ? Volodymyr Zelensky n’a, en tout cas, toujours pas signé l’ordre de mobilisation.

On rappelle que Zelensky a limogé, contre l’avis de Zaloujny, « tous les responsables régionaux des centres de recrutement », qui étaient des foyers de corruption. La rotation des soldats ukrainiens – exsangues – sur le front, n’est donc pas assurée.

Poutine semble donc optimiste, mais Berluet du Figaro tente un dernier coup antirusse avec le manque d’unité des BRICS :

La résilience de l’économie russe masque des biais structurels dévastateurs à plus long terme, le pays étant coupé de certaines technologies de pointe et de pans entiers du système bancaire international. En août prochain, Vladimir Poutine présidera à Kazan le sommet des Brics, l’occasion pour lui de s’ériger en porte-drapeau du monde anti-occidental. Mais le « Sud global », où le chef du Kremlin compte ses appuis, est loin d’être aligné sur une posture de confrontation avec l’Ouest et cherche plutôt à mener avec ce dernier une politique transactionnelle.

C’est à la fois vrai, et faux : les pays des BRICS, qui viennent d’accueillir six nouveaux élus, même si l’Argentine de Milei risque de recoller au cul des Américains, ont tous une vision multipolaire de leurs intérêts. Il est fini le temps où il fallait être prorusse ou antirusse, ou alors pro-américain ou anti-américain.

Aujourd’hui, chaque pays joue son propre jeu, en jouant des équilibres entre les trois grands : USA, Chine, Russie, l’UE n’existant quasiment pas sur la scène internationale à cause de la soumission totale de la Commission de Leyen à l’Empire.

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Vignette de la chaîne d’info belge LN24+ en 2022

Peu à peu, Le Figaro rééquilibre donc son discours sur la Russie ; même chose avec Israël, après presque trois mois de massacres de civils à Gaza. La vision politique de Renaud Girard est juste, et très gaullienne : on ne peut pas détruire militairement une idéologie, et encore moins un nationalisme.

Quand est-ce que, dans le monde de l’après Seconde Guerre mondiale, une punition collective a jamais fonctionné ? Quand a-t-elle réussi à améliorer pour de bon la situation des populations concernées, celle qui l’inflige comme celle qui la subit ?

Pour Girard, si l’armée israélienne peut raser Gaza, puisque les Palestiniens ne disposent pas de défenses antiaériennes, cela va non seulement accroître au sein de la population palestinienne la popularité du Hamas, figure de la résistance antisioniste numéro un, mais aussi au sein de tous les pays arabes, avec lesquels Israël a tenté un rapprochement.

Les élites sont une chose, les peuples en sont une autre. Comme de Gaulle en 1967 ou Chirac en 1996, Girard finit par s’énerver, et pronostique l’énervement des pays occidentaux à l’encontre d’Israël :

Osons le dire : ce sionisme de conquête est suicidaire pour Israël et pour l’Occident qui le soutient. La véritable sécurité d’un État est quand il s’entend bien avec tous ses voisins. Or une telle stratégie d’expulsion forcée des descendants des habitants qui vivaient depuis des siècles dans la Palestine ottomane a très peu de chances d’être un jour acceptée par les voisins, proches ou lointains, d’Israël. C’est la recette parfaite pour une guerre éternelle. Même les États-Unis risquent un jour d’être lassés par l’arrogance d’une droite israélienne qui dénie aux Palestiniens le fait même de constituer une nation.

Le journaliste et géopoliticien termine sur une conclusion qui pourrait servir aux deux articles sur la Russie et sur Israël :

La prolongation de cette guerre est aussi suicidaire pour l’Occident. Car il offre sur un plateau d’argent à Vladimir Poutine un double cadeau dont il n’osait pas rêver : la preuve quotidienne du deux poids, deux mesures, dans les leçons de morale occidentales ; et conséquence de ce cadeau, le ralliement de facto du « Sud global » à l’axe autoritaire Russie-Iran-Chine.

Un message envoyé à Berluet, pardon, Barluet ?

Quand L’Express se rend à l’évidence

Mais sur LCI, on n’a toujours pas compris

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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation

À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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