Les Américains commencent à se déchirer sur le soutien à Israël

Les Américains commencent à se déchirer sur le soutien à Israël

14 mars 1991 – Rencontre Mitterrand/Bush (père) : Mitterrand explique qu’il n’a pas voulu reconstruire le réacteur Osirak détruit par Israël. Bush affirme que le Congrès est sous influence du lobby juif.

14 juillet 1991 – Le président américain à Paris propose un deal « Territoires (palestiniens) contre la paix », mais il est déçu par l’intransigeance de Shamir. Bush : « Je me heurterai au poids de la protestation et de l’argent…. L’argent juif qui coule des deux côtés, chez les démocrates comme chez les républicains. »

(Roland Dumas, Politiquement incorrect, 2014)

L’AIPAC et les autres lobbies pro-israéliens ont beau dominer le Congrès et la grande presse, le sentiment anti-israélien est de plus en plus mal contenu aux États-Unis. Le problème est simple : en soutenant Israël dans sa politique d’extension et de nettoyage ethnique, l’Amérique se met peu à peu à dos toutes les nations.

Le vote de la dernière résolution concernant Israël aux Nations unies donne la mesure de ce rejet : 151 voix pour, 6 contre !

Enfin, la Deuxième Commission a adopté, par 151 voix pour, 6 voix contre et 11 abstentions, un projet de résolution relatif à la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles. Ce texte exige d’Israël, Puissance occupante, qu’il cesse d’exploiter, d’altérer, de détruire, d’épuiser et de mettre en péril les ressources naturelles de ces territoires (y compris les réserves de pétrole et de gaz naturel découvertes au large de Gaza). Il reconnaît aussi le droit du peuple palestinien à obtenir réparation et demande à Israël de mettre fin à toute intervention, y compris celle de colons israéliens, portant atteinte à l’environnement.

Les États-Unis et Israël ont dénoncé ce texte, somme « d’éléments de rhétorique pure qui visent à nous diviser au moment où l’on devrait se rassembler » selon les premiers ; résolution partisane qui ne « fait qu’encourager les terroristes » pour le second. Le délégué israélien s’est ému du fait qu’Israël soit montré du doigt aujourd’hui par la Deuxième Commission de manière injuste. Il a accusé le Hamas de détourner les ressources dont il dispose (métal, béton, carburant) afin d’alimenter sa machine de guerre plutôt que de développer son territoire.

Les arguments du délégué israélien sont surréalistes, mais logiques : la politique israélienne est indéfendable autrement que par d’obscurs textes bibliques… Curieusement, aux États-Unis, l’opposition à la politique ethnocidaire israélienne est venue de l’administration, plutôt que du peuple, ou des peuples américains. Une lettre signée par 500 agents gouvernementaux a été envoyée le 14 novembre 2023 à Joe Biden : les signataires contestent le soutien inconditionnel à Israël dans la bande de Gaza. RFI écrit :

Les signataires lui demandent « d’exiger d’urgence un cessez-le-feu », « d’appeler à la libération des otages israéliens » mais aussi des Palestiniens « détenus arbitrairement ». Ils demandent aussi le rétablissement de l’eau, du carburant, de l’électricité et d’une aide humanitaire adéquate dans la bande de Gaza.

Citant un sondage du mois d’octobre, la lettre rappelle que 66 % des Américains sont, eux aussi, en faveur d’un cessez-le-feu. Un chiffre qui monte même à 80 % chez les démocrates. Et au Congrès, les protestations de l’aile progressiste sont de plus en plus visibles.

À un an de la présidentielle, de nombreux analystes se demandent si Joe Biden n’a pas déjà perdu le soutien vital de son aile gauche, mais aussi des jeunes et des minorités en raison de sa politique au Proche-Orient de plus en plus contestée dans son propre camp.

Et pourtant, les démocrates sont traditionnellement le parti de la guerre et de l’interventionnisme !

Malgré cette levée de boucliers, à la fois d’en haut et d’en bas, Biden continue d’obéir au Pentagone. Malgré ces revirements, les Américains ne sont pas encore devenus des ennemis d’Israël : à Washington, la manif de soutien à Israël a réuni « des dizaines de milliers de personnes » (selon Le Figaro), 200 000 selon d’autres sources, et ce, sur une population de la ville de 700 000 habitants. À comparer avec la manif parisienne qui n’a pas réuni plus de 50 000 personnes (on attend les plans larges et le recomptage classique par la méthode des carrés) sur une population de 2 millions d’habitants…

Les visibles contre les invisibles

Si, comme le réclame ce jeune Israélien, le Hamas doit libérer son frère, l’ONU demande, dans sa dernière (et inutile) résolution comme depuis des années, la libération des Palestiniens internés sans jugement par les Israéliens, alors qu’ils ne sont même pas des combattants et encore moins des terroristes ! C’est juste une politique de terreur infligée à toute une population captive.

Les 240 otages israéliens font du bruit dans la presse mondiale (ou mondialiste), mais les 2 000 détenus palestiniens dans les geôles israéliennes depuis le 7 Octobre (il y a aurait 10 000 détenus palestiniens en tout dont 5 000 « sécuritaires ») ne font pas de bruit médiatique. On sent qu’ils ne sont là que pour servir de réservoir de « viande » à échanger contre des soldats ou des colons israéliens…

On terminera sur cette note de Wikipédia :

Des centaines de milliers de Palestiniens ont été jugés depuis 1967. Selon Saree Makdisi, le total cumulé des Palestiniens emprisonnés par Israël a atteint 650 000 en 2005. Selon Tamar Pelleg-Sryck (2011), des dizaines de milliers d’entre eux ont été soumis à la rétention administrative. Le taux d’incarcération était le plus élevé au monde pendant la Première Intifada (1987-1992) – et leurs taux de condamnation variaient de 90 à 95 %, étant pour la plupart garantis par des accords de négociation de peine dans 97 % des cas. Selon les statistiques de la Croix-Rouge, au cours des deux premières décennies de l’occupation, de 1967 à 1987, un Palestinien sur trois, soit environ 500 000, a été détenu par les forces israéliennes et, chaque jour, les tribunaux étaient bourrés d’« enfants menottes aux poignets, des femmes implorant des soldats, des gens anxieux se pressant devant des avocats pour obtenir des informations ».

Qui et combien sont les prisonniers palestiniens détenus en Israël ?
(Cliquez sur l’image pour écouter Slimane Zeghidour)

Une information de Gilad Atzmon sur Instagram

« We learned yesterday about an impressive pro Israeli rally in DC, more than 200.000 supporters. We read today that participants were paid $250 each. AIPAC has been buying the American political class for decades, I guess the new plan is to buy the support of each American individually. Finally the Americans see they taxpayers money return to their pockets … »

Traduction Google :

Nous avons appris hier l’existence d’un impressionnant rassemblement pro-israélien à Washington DC, rassemblant plus de 200 000 sympathisants. Nous lisons aujourd’hui que les participants ont reçu 250 $ chacun. L’AIPAC achète la classe politique américaine depuis des décennies. Je suppose que le nouveau plan consiste à acheter le soutien de chaque Américain individuellement. Finalement les Américains voient l’argent de leurs contribuables retourner dans leurs poches…

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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation

À propos de l'auteur Égalité et Réconciliation

« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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