Volodymyr Zelensky, un « héros de guerre » à la réputation de plus en plus décriée

Volodymyr Zelensky, un « héros de guerre » à la réputation de plus en plus décriée

Les Occidentaux pourraient-ils s’être lassés du héros de guerre Volodymyr Zelensky ? En tout cas, depuis deux semaines, les critiques fusent, comme l’a rapporté le 9 août un article du Parisien. Plusieurs causes à l’origine de ce revirement : d’abord, la séance photo du couple Zelensky sur Vogue « au cinquième mois de la guerre ». Ensuite, les extraits de la biographie publiés dans un journal allemand à propos des sociétés offshore du président. Enfin, le très récent rapport d’Amnesty International rapportant que les tactiques de combat utilisées par l’armée ukrainienne mettent les civils en danger.

Les clichés Vogue et les Pandora papers

Depuis le début de la guerre, le chef de l’État ukrainien est dépeint comme un héros. Mais ces derniers jours, une lassitude occidentale s’est pourtant fait ressentir. « L’humeur a un peu changé. Après plusieurs mois de guerre avec une unanimité pro-Ukraine, on a pu voir une sorte de revirement lié aux grands enjeux économiques », a indiqué au Parisien Régis Genté, journaliste et auteur de l’ouvrage « Volodymyr Zelensky : dans la tête d’un héros ».

Plusieurs raisons peuvent expliquer ce basculement. Le 26 juillet, Volodymyr Zelensky et sa compagne Zelenska ont réalisé plusieurs clichés pour le célèbre magazine Vogue. Des photos qui ont entraîné de vives réactions d’indignation sur les réseaux sociaux. « De nombreux soldats ukrainiens meurent chaque jour ; Zelensky : faisons un shooting pour Vogue », ironisait par exemple un compte Twitter anonyme, tandis qu’un autre commentait, dans la même veine : « Zelensky et sa femme font des séances photos et s’épanchent sur leur amour dans Vogue pendant que les soldats ukrainiens sont envoyés au front pour sauver ce qui peut l’être. »

Pour autant, Régis Genté estime que la raison de ce moment « glamour » consistait en réalité à atteindre un nouveau public en vue de le sensibiliser à la cause ukrainienne : « Peut-être que ce n’était pas le moment de le faire, mais l’essentiel, pour les petits pays comme l’Ukraine, c’est de communiquer pour ne pas être oublié. Zelensky utilise tous les moyens pour parler aux peuples et aux élites des pays qui peuvent secourir le sien », note-t-il.

Mais le shooting de Vogue est loin de constituer le seul élément à avoir considérablement écorné l’image du président ukrainien. Le 3 août, le journal conservateur allemand Die Welt a dévoilé en exclusivité plusieurs extraits de la biographie de Steven Derix sur le chef d’État, qui évoque les allégations de corruption industrielle portées contre lui. « Ces informations ne sont pas des révélations », comme l’explique Le Parisien : il s’agit de l’affaire des Pandora Papers, une enquête journalistique publiée en octobre 2021 dans laquelle des chefs de gouvernement sont mis en cause pour évasion fiscale. Des informations qui ont de nouveau provoqué la colère des internautes envers Zelensky. C’est dans doute pour cela qu’un film sur cette affaire, Offshore 95, avait été interdit à Kiev l’année dernière…

Voir aussi : Un mois après les révélations des Pandora Papers, la liste des noms s’agrandit

Les révélations d’Amnesty International et CBS News qui font polémique
Un jour après, c’est un rapport explosif d’Amnesty International dénonçant les actions militaires ukrainiennes en viol du droit humanitaire international, qui vient enfoncer le clou.

Aux États-Unis, une partie de la gauche américaine s’est jointe aux cris d’orfraie poussés par le gouvernement ukrainien en dénonçant « l’irresponsabilité » de l’ONG, à l’instar du Washington Post, qui fustige la « logique erronée de l’équivalence morale profondément enracinée » d’Amnesty International, faisant référence à la Russie. Après la polémique, l’ONG a néanmoins tenu à défendre ses positions. Elle a répondu que « l’indépendance, l’impartialité, la collecte de preuves sont les principes fondateurs de notre travail d’enquête. L’objectif principal de notre travail, c’est d’établir les faits. Et le droit international humanitaire s’applique à toutes les parties à un conflit armé ».

Voir aussi : Amnesty International dénonce les tactiques militaires ukrainiennes qui menacent les civils

Le jour suivant, le 5 août, c’est au tour de la chaîne américaine CBS News de faire des révélations fracassantes, par le biais d’un film documentaire Arming Ukraine (Armer l’Ukraine). Celui-ci révèle que 70 % des armes américaines envoyées à l’Ukraine n’arrivaient pas à destination… Mais, après la colère de responsables ukrainiens, le média a ensuite rétropédalé, affirmant que « la livraison s’est considérablement améliorée depuis le tournage avec CBS à la fin avril », peut-on lire dans une note de la rédaction.

Voir aussi : Ukraine: la chaine CBS censure un documentaire qui révèle que 70% des armes américaines n’arrivent pas à destination

Pour Arnaud Mercier, professeur en communication à l’université Paris-Panthéon-Assas, nous sommes entrés « dans un cycle très connu ». Selon lui, « après l’emballement médiatique, vient la banalisation ». Puis la lassitude : « l’un des grands dangers pour l’Ukraine », puisqu’elle peut se traduire par une montée de la défiance à l’égard de Zelensky, estime-t-il. Nous y sommes.
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Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca

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