Être Québécois, c’est d’abord vivre à la québécoise, cela va de soi. Mais c’est aussi penser à la québécoise, à partir de ses idées personnelles et à travers le prisme à multifacettes des autres Québécois comme nous, dans un jeu de bonds et de rebonds, d’appel et d’écho, de ricochets dans l’eau.
Et pourquoi donc? Tout simplement parce que ce sont les autres Québécois qui sont le plus près de nous, par la façon dont on a été éduqué, par le système de valeurs auquel nous adhérons, par notre vision collective des priorités de la vie, par les expériences communes que nous avons pu vivre, par les mêmes inquiétudes (assimilation lente, disparition de notre langue, etc.), par les mêmes aspirations élevées, par la même quête de vérité. Bref, tout ce qui forme notre identité québécoise et notre cadre de références.
Ce sont ceux avec qui on partage la même réalité quotidienne, la même mémoire collective du passé, le même genre de souvenirs d’enfance.
On peut puiser information, clarification, opinions, conseils et sagesse partout parmi les nôtres: écrivains, penseurs, journalistes, politiciens, chansonniers et artistes, monsieur-tout-le-monde, amis, famille et parenté.
Même ceux dont nous ne partageons pas le point de vue peuvent nous être utiles pour voir dans quel sens on ne veut pas aller, de quel bord on ne veut pas pencher.
Pour mieux comprendre cette idée que j’avance, voici quelques exemples d’actions, de paroles ou d’écrits qui m’ont fait réfléchir, changer d’idée, approfondir une question, mieux comprendre le monde et les humains, agir différemment. Tout cela grâce à la fréquentation des gens d’ici.
1- Mon seul contact direct avec M. René Lévesque en personne fut bref mais déterminant. Lorsque la campagne du premier référendum (1980) battait son plein et moi étant encore tout jeune homme, j’attendais au milieu de la foule l’arrivée de M. Lévesque venant motiver ses troupes à Charlesbourg en banlieue nord de Québec. Il s’élance hors de la limousine officielle, commence à monter les quelques marches en regardant et saluant les gens, m’aperçoit arborant fièrement le macaron du Oui, me regarde droit dans les yeux et me décoche sans hésiter un « lâchez pas » sonore, un sourire complice aux lèvres.
On comprend aisément que ce « lâchez pas » soit devenu ma devise personnelle, celle qui m’a accompagné tout le long de mon existence: tenir bon, croire en ce qu’on fait, persévérer, garder confiance, ces 2 petits mots possédant le pouvoir magique de dissiper les doutes et le découragement passager.
2- À l’époque du début des chaînes d’information continue, l’écrivain et fin observateur de la société Jacques Godbout avait fait ce qu’on attendait de tout honnête homme: se tenir au courant du moindre événement qui se produisait à chaque instant aux quatre coins de la planète: politique, catastrophes, guerres, conflits en tout genre. Il finit par déclarer un jour en substance: « J’étais en train de devenir dingue à force d’être bombardé de tous ces malheurs qui semblaient s’abattre sans relâche sur le monde entier. Pour mon équilibre mental, j’ai dû décrocher de ce bombardement incessant de mauvaises nouvelles rapportées de manière alarmante ».
M’étant moi-même rendu compte de cet effet négatif, j’ai alors bénéficié d’une raison de plus de faire de même en limitant mon exposition aux crises planétaires, et je ne m’en porte que mieux.
3- Un jour, l’ex-premier ministre québécois Bernard Landry a expliqué pourquoi la proportionnelle aux élections n’était pas indiquée pour le Québec. Citant l’exemple de l’Italie, il expliquait que cela donnait des gouvernements faibles à la merci des minorités qui ne cherchent qu’à tirer la couverte de leur bord (on n’a qu’à penser à Jagmeet Singh devenu frère d’armes de Justin Trudeau qui doit multiplier les compromis), des gouvernements instables qui n’avaient pas le temps de faire adopter les lois promises par leur programme électoral ou d’entreprendre de grands projets de fond qui n’aboutissent jamais.
C’est cette position, cette compréhension des choses, qui m’a éclairé et à laquelle je me suis rallié depuis.
4- À 18 ans, juste avant de partir pour mon premier grand voyage d’aventures en Europe, j’ai rencontré mon oncle Maurice, homme d’une grande bonté, le patriarche de la parenté, âgé et souffrant, qui m’avait dit alors: « profite bien de ta jeunesse, découvre le monde et ses beautés, reviens-en enrichi et meilleur ».
C’est cette attitude que j’ai su garder et qui fait que je lui en serai toujours reconnaissant. À mon retour, j’appris que mon cher oncle si bienveillant avait rendu l’âme, à ma grande tristesse. Mais ses sages paroles ont continuer de m’inspirer bien des années après sa mort. C’est le plus beau legs qu’il pouvait me faire.
5- Chantal Lacroix a déjà animé une émission intitulé « Donnez au suivant ». Inspiré par cette pratique basée sur la générosité du geste, je me suis mis à l’appliquer à mon tour.
Chaque fois que je rends service à quelqu’un, je n’accepte rien en retour mais suggère à la personne de donner au suivant la prochaine fois que l’occasion se présentera. Plusieurs m’ont par la suite dit l’avoir fait.
6- Tout le long de ma vie, j’ai eu des conversations avec des gens les plus variés et différents. Plusieurs d’entre eux ont contribué sans le savoir à ce que je devienne une meilleure personne, à ce que je vois les choses plus clairement, à ce que je comprenne mieux le fonctionnement du monde qui nous entoure. Ils ont droit à toute ma gratitude.
Au Québec, on aborde les choses sous un certain angle, celui qui nous caractérise collectivement. Nous avons des façons de faire qui nous sont propres. À nous de les valoriser, de les honorer, d’en faire notre pain quotidien. Parce que ça nous ressemble et nous rapproche. Parce que nous partageons beaucoup de choses qui nous rendent pareils et soudés, cousus d’une même étoffe tissée serrée.
Parlez avec le bon monde de chez nous, il vous répondra. Et vous comprendrez mieux ce que c’est que d’avoir la chance de vivre au Québec parmi les nôtres, ce que c’est que de vivre et de bâtir sa nation tous ensemble, à notre image.
Ce Québec dont nous sommes fiers, il est à nous. Le Québec, c’est pour nous et pour nos descendants directs qu’il existera toujours.
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Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec