L’une des premières leçons tirées par la Chine de la guerre en Europe Orientale est la nécessité de ne pas se laisser surprendre par une révolution de type T (technologique) comme le fut la Russie face au système Starlink de SpaceX. Les experts militaires chinois considèrent Starlink comme une menace à la sécurité de la Chine et préconisent le développement de capacités permettant de contrer ce système sinon le neutraliser en cas de conflit.
Depuis quelques années, le lancement de satellites de la constellation Starlink donnait lieu à de nombreuses conjectures d’autant plus que le projet est classé secret défense. C’est durant la guerre en Ukraine que l’on a commencé à s’apercevoir de certaines capacités que pouvait fournir un tel système. Les Russes furent surpris par la capacité de Starlink à contourner la plupart des techniques de piratage et de brouillage connues et après quelques tentatives de contre-mesures, se résignèrent à ne pas s’engager dans une guerre cybernétique que les Etats-Unis ont déclenché bien avant la reprise du conflit en février 2022.
Les Chinois ont étudié de très près cet enjeu majeur des guerres du futur. Dans un article publié par un journal spécialisé chinois, un expert propose la combinaison de méthodes douces et dures de neutralisation des satellites de Starlink en orbite ou du moins, annihiler les fonction et le système d’exploitation de la constellation décentralisée gérant plus de 2400 satellites en orbite basse permettant le déploiement d’un ou de plusieurs réseaux d’accès à internet. Le système s’est révélé particulièrement efficace en Ukraine où il a été utilisé pour affiner au centimètre près les frappes d’artillerie contre les convois blindés russes, la reconnaissance et le guidage de munitions.
Selon l’article cité, Starlink de SpaceX permet de multiplier par un facteur égal à 100 la vitesse de connexion entre des avions de combat pilotés par des humains et des drones d’attaque autonomes. Le système décentralisé fonctionne comme un tout ayant la capacité à compenser la perte des satellites qui le composent et il faudra donc le contrer comme tel par un système à faible coût sans plus de précision.
La vitesse de connexion offerte aux militaires ukrainiens par Starlink était dans les normes internationales. Par contre le système a démontré qu’il pouvait subitement augmenter la vitesse de connexion par un facteur de 100 lorsqu’il s’agissait de connecter des drones à des projectiles intelligents tirés par des systèmes d’armes anciens. Le système a permis également d’effectuer la reconnaissance suivant un système de localisation non basé sur le Global Positioning System (GPS) que les Russes ont réussi à brouiller sur le théâtre des opérations. Les Russes furent ensuite surpris que l’une des fonctions méconnues de Starlink est de créer un réseau crypté au sein de leur propre réseau, rendant presque impossible le déploiement d’une capacité de riposte cybernétique et affaiblissant de manière significative leurs redoutables moyens de guerre électronique.
Les Chinois pensent que le système, lequel peut être utilisé pour fournir des services internet dans des zones reculées, est loin d’avoir révélé ses capacités réelles. D’où la nécessité de développer, de renforcer et de mettre à jour leurs capacités de lutte antisatellite mais également à pourvoir traiter cette menace comme un tout qui n’est pas forcément la somme de toutes ses parties constituantes. Cette approche holistique est la seule qui puisse donner un résultat assez rapide et éviter la surprise vécue par le Russes devant la métamorphose d’un système qu’ils croyaient connaître en un système de combat intégré et décentralisé pouvant gérer en temps réel un champ de bataille où activent des forces amies qui n’ont aucune connaissance technique d’un tel système.
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