Un candidat embarrassant pour Justin Trudeau dans Laurentides–Labelle

Un des candidats de Justin Trudeau au Québec entretient des liens étroits avec le parti du président libanais Michel Aoun, une figure très contestée dans son pays.

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Cette situation soulève des questions de conflit d’intérêts, si le candidat devait être élu à la Chambre des communes. 

Antoine Menassa, un homme d’affaires d’origine libanaise, se présente dans la circonscription de Laurentides–Labelle pour les libéraux. Jusqu’à mardi, il était président de la section montréalaise du Conseil d’organisations canadiennes libanaises, qui promeut et défend le parti de Michel Aoun au Canada, d’après des recherches menées par notre Bureau d’enquête. 

Selon un porte-parole du Parti libéral du Canada, joint au téléphone, la formation avait pourtant demandé à M. Menassa de se retirer de son poste de président de l’organisme lorsqu’il s’est porté candidat pour Justin Trudeau.

Décision rapide

Toutefois, le Registre québécois des entreprises révèle que M. Menassa n’a abandonné que mardi son poste de président de l’organisme, dès que notre Bureau d’enquête a commencé à s’intéresser à son cas. 

De plus, le site internet de l’organisme, où il était présenté comme président, est soudainement devenu inaccessible mercredi matin. 

Le président Michel Aoun, dont le parti s’appelle officiellement Courant patriotique libre, est un personnage controversé en raison des accords qu’il a passés avec le Hezbollah libanais (une organisation reconnue comme terroriste par le Canada) pour obtenir le pouvoir. Sous la gouverne de M. Aoun, le Liban traverse actuellement une crise économique sans précédent qui laisse craindre le pire pour le pays. 

Il faut préciser que M. Aoun n’est pas un islamiste, mais bien un chrétien maronite, comme l’est d’ailleurs le candidat libéral Antoine Menassa, qui s’affiche comme tel dans ses publications sur internet. 

On doit aussi à Michel Aoun des positions favorables au régime syrien de Bachar el-Assad, responsable de massacres de civils dans son pays. 

Conflit d’intérêts

Selon la politologue Marie-Joëlle Zahar, de l’Université de Montréal, les liens de M. Menassa avec le parti de Michel Aoun sont inappropriés. «Lorsque l’on veut être député dans un pays, on ne peut pas être membre affiché de l’exécutif [d’une branche locale] d’un parti étranger», souligne-t-elle. 

Elle y voit une situation de «conflit d’intérêts» et s’interroge sur l’influence que M. Menassa aurait s’il était élu à la Chambre des communes. 

Mme Zahar rappelle que les relations entre le Canada et le gouvernement libanais sont actuellement difficiles. «Le gouvernement canadien, l’année passée, quand il y a eu l’explosion dans le port de Beyrouth, avait décidé de ne pas acheminer de l’aide au Liban via les canaux gouvernementaux, parce qu’il ne faisait […] confiance ni au président [Michel Aoun], ni au gouvernement, ni aux politiciens au Liban», dit-elle. 

«Si jamais la situation au Liban empirait, chose qui est très probable malheureusement, les décisions canadiennes pourraient être influencées par ce monsieur [Menassa, s’il était élu].» 

Réaction

En réaction, M. Menassa a soutenu qu’il avait quitté son poste de président de l’organisme montréalais le 19 août dernier, alors que le Registre québécois des entreprises indique plutôt qu’il l’a fait mardi. 

«(De plus) je n’avais pas réalisé que le site web de l’organisme n’avait pas encore été mis à jour et, lorsque ceci a été porté à mon attention, j’ai immédiatement demandé à ce que mon nom en soit retiré, ce qui a été fait», a précisé M. Menassa dans le courriel transmis au Bureau d’enquête. 

Au moment d’écrire ces lignes, le site web était toujours inaccessible. 

La circonscription de Laurentides–Labelle était détenue par le Bloc québécois au déclenchement des élections. 

– Avec la collaboration de Marie-Christine Trottier et de Pascal Dugas Bourdon

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