Les Etats-Unis veulent-ils profiter de la crise au Liban pour affaiblir le Hezbollah ?

Les Etats-Unis veulent-ils profiter de la crise au Liban pour affaiblir le Hezbollah ?

La double explosion de Beyrouth et la déstabilisation politique majeure qui s’ensuit actuellement au Liban va-t-elle servir de prétexte idéal à Washington pour tenter d’affaiblir le Hezbollah libanais et ainsi atteindre indirectement son principal soutien, l’Iran ? 

Sanctionner des individus méticuleusement sélectionnés vise à orienter la formation du nouveau gouvernement

«Certains d’entre nous espèrent enfin pouvoir profiter de cette situation pour faire bouger les choses au niveau de l’élite politique», aurait affirmé un responsable étasunien, cités par le Wall Street Journal (WSJ), le 12 août, sous couvert d’anonymat. Le quotidien étasunien explique dans son article citer des «responsables américains et des sources familières avec ces plans». «Les responsables américains voient une opportunité pour créer un fossé entre le Hezbollah et ses alliés, dans le cadre d’efforts plus larges pour contenir le parti chiite soutenu par Téhéran», assure le WSJ.

Après la démission le 10 août du gouvernement libanais, dans lequel le Hezbollah était représenté, à Washington, en coulisses, certains commenceraient à avancer leurs pions. «Sanctionner des individus méticuleusement sélectionnés vise à orienter la formation du nouveau gouvernement […] et s’assurer que le Hezbollah n’aura pas la main sur les décisions du [futur] gouvernement», aurait déclaré un autre responsable au WSJ.

En ligne de mire, un député chrétien maronite et les «genoux» de Saad Hariri

«Ces sanctions [contre le Hezbollah] prévoient de geler tous les biens que les personnes visées auraient aux Etats-Unis [ou qui tombent sous la loi américaine] et les interdire de se rendre aux Etats-Unis», auraient expliqué les responsables étasuniens cités par le WSJ.

Député et ancien ministre libanais des Affaires étrangères, dirigeant le Courant patriotique libre, formation politique fondée par son beau-père, le président de la République, Michel Aoun, Gebran Bassil, chrétien maronite, ferait partie des personnes se trouvant dans la ligne de mire de Washington. «[Il] aurait dû être sanctionné il y a plusieurs années», aurait affirmé l’ex-ambassadeur des Etats-Unis au Liban, Jeffrey Feltman, dans un courriel adressé au WSJ.

«Personne n’a fait autant d’efforts que lui pour permettre au Hezbollah d’étendre son influence politique au Liban, en accordant à une formation chiite financée par l’Iran une couverture chrétienne», aurait-il ajouté. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, le Hezbollah bénéficie d’une base politique multi-confessionnelle, à l’image du Liban. La victoire du Hezbollah contre Israël en 2006 a renforcé la popularité du parti chiite dans toutes les franges de la population libanaise.

En outre, les Etats-Unis envisageraient également de sanctionner des proches de l’ex-Premier ministre Saad Hariri, musulman sunnite. «Nous ne frapperons pas la tête, nous ciblerons d’abord les genoux», aurait fait valoir une des sources au WSJ.

Les Etats-Unis considèrent le Hezbollah comme une organisation terroriste. Début juillet, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, avait appelé «tous les Etats» à désigner le Hezbollah comme «groupe terroriste». Plusieurs responsables du mouvement chiite font par ailleurs déjà l’objet de sanctions américaines.

Le Liban s’enfonce depuis un an dans la pire crise économique de son histoire. L’épidémie de coronavirus suivie de la double explosion du 4 août survenue à Beyrouth a mis la population à bout. D’énormes manifestations exigeant le départ de tous les dirigeants ont lieu depuis le 8 août. Elles ont débouché sur la démission du gouvernement, sans pour autant mettre un terme aux rassemblements. 

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’était montré réceptif en mars à une aide du FMI, à condition que celle-ci soit dénuée d’intentions d’ingérence étrangère. Le Hezbollah appelle désormais à se tourner «vers l’Est» et à chercher du soutien du côté de la Chine. En juin, Hassan Nasrallah avait assuré que la Chine était prête à investir au Liban.

Meriem Laribi

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