Compatir aux souffrances du Christ

Compatir aux souffrances du Christ

Par l’Abbé J.-Réal Bleau (pour le 5e dimanche du Carême — Dimanche de la Passion) ― Photo (rognée) : Andreas Praefcke/Wikimedia Commons

Aujourd’hui, il est trop évident qu’on n’aime pas penser à la Passion de Jésus et à sa mort : il semble bien qu’on craigne, en contemplant les souffrances de Jésus, de devenir dépressifs, de broyer du noir. Et pourtant, l’histoire nous démontre que la contemplation de la Passion de Jésus est la voie qu’ont suivie tous les saints pour arriver à la paix profonde de l’âme et à la joie parfaite. Quand saint Paul écrit : « Pour moi, puissé-je ne pas me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Gal. 6 h 14), c’est parce que le sacrifice de Jésus en croix était le centre de sa vie. Saint François d’Assise, le saint joyeux par excellence, était si profondément attaché à Jésus crucifié qu’il obtint la grâce insigne d’être une copie vivante du divin Rédempteur, c’est-à-dire d’être un crucifix vivant. La charité, source de paix et de joie, ne se puise nulle part ailleurs que dans le Cœur de Jésus transpercé. C’est pourquoi les âmes qui veulent aimer vraiment Jésus sont attirées par sa croix. C’est Jésus crucifié qui fait les âmes séraphiques. Sainte Thérèse d’Avila fut blessée au cœur d’un trait de feu qui venait du Cœur brûlant d’amour de Jésus en croix. Sainte Catherine de Sienne contemplait Jésus crucifié, lorsque des traits de lumière partirent des cinq plaies du Christ pour s’imprimer en elle. Les plaies de Jésus crucifié, son cœur transpercé, son sang précieux l’appelaient constamment à s’immoler avec son divin Époux afin d’obtenir miséricorde pour l’Église.

Ces saints, qui ont eu des grâces spéciales d’union à Jésus, livrent à tous les chrétiens, en particulier à ceux de notre temps, un message très clair, à savoir qu’il est impossible d’être véritablement chrétien si l’on ne compatit pas à la Passion de Jésus. Compatir à la Passion de Notre-Seigneur, porter notre croix en communiant à ses souffrances n’est pas facile à notre nature avide de plaisirs. Mais c’est pourtant une condition indispensable de notre résurrection spirituelle, de notre passage à la vie éternelle. Les saints sont nos modèles, nos aînés, qui nous aident à marcher à la suite de Jésus jusqu’au Calvaire. Mais au-dessus de tous les saints, nos frères, nous avons une mère, qui fut tellement unie à Jésus son divin Fils dans l’œuvre de la Rédemption, qu’elle mérite le titre de Co-rédemptrice. Dire que Marie est co-rédemptrice du genre humain n’est pas peu dire. Cela signifie que nous lui devons tous notre salut. Certes, par son sacrifice rédempteur, Jésus fut la cause parfaite et surabondante du salut universel. La coopération intime de Marie à l’œuvre rédemptrice n’était donc pas nécessaire. Mais cette coopération fut voulue de Dieu. Saint Éphrem, méditant sur le rôle providentiel de Marie en regard du salut du monde, la salue en ces termes : « Par toi, nous avons été réconciliés au Christ, mon Dieu, ton Fils. Tu es la rédemption des captifs et le salut de tous. Je te salue, paix, joie et salut du monde. Je te salue, médiatrice très glorieuse. Je te salue, réconciliatrice de l’univers entier. »

J.-R.B.

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