par Karine Bechet-Golovko.
Prise entre les États-Unis et la Russie, l’Union européenne est en déroute sur tous les fronts. Alors qu’elle suit aveuglément les Américains dans la politique des sanctions contre la Russie, maintenant sur l’affaire Navalny, essayant sans convaincre de sauver la face, les États-Unis adoptent des sanctions, car l’Europe refuse de stopper le gazoduc North Stream II, malgré les nombreuses menaces américaines. Discréditée à l’Est comme à l’Ouest, l’UE n’est plus qu’une parodie de puissance perdue jamais atteinte, mais toujours fantasmée.
L’UE s’est enfoncée dans la politique de sanctions à l’égard de la Russie, alors que l’intérêt stratégique des pays européens est celui d’une collaboration entre tous les pays du continent, ce que la construction du gazoduc North Stream II démontre. Prise en deux feux, dans un combat qu’elle ne maîtrise pas, cette structure semble se mouvoir au gré des vents, portée de-ci de-là, incapable de maîtriser sa course.
Soumise aux intérêts atlantistes, l’UE entraîne dans sa chute les pays membres, dont une partie sont fanatiquement à la tête de la lutte anti-russe, quel qu’en soit le prix, même au prix de l’indépendance de l’Europe, qu’ils ont depuis longtemps trahie. Voir sur ce sujet mon interview pour RT France ici :
Les ministres des Affaires étrangères européens, pour sauver l’image d’un Borrell dépité et ridiculisé, à l’image de l’institution qu’il représente, se sont vu conduire à adopter le principe de sanctions strictement politiques contre la Russie, en raison de sa désobéissance, puisqu’elle a refusé de libérer Navalny, alors que le « monde libre » l’exigeait (voir notre texte ici). L’UE a besoin de se venger, les pays membres n’ont pas le choix, mais les moyens sont faibles : une liste de quatre noms va être établie par Borrell, qui doit ainsi pouvoir laver son honneur, enfin ce qu’il en reste. Comme en octobre dernier, les Européens, poussés par les Américains, avaient déjà pris des sanctions personnelles contre des institutionnels russes, notamment le directeur du FSB, deux membres de l’administration présidentielle ou du Ministère de la Défense. Sans procès, sans preuves, mais la Russie était accusée d’avoir empoisonné Navalny, elle a été punie. Maintenant, la Russie ne s’est pas pliée et n’a pas libéré Navalny, sans plus de fondement juridique des sanctions vont à nouveau être adoptées.
Finalement, rien ne changera pour la Russie. Les partisans de Navalny sont extrêmement déçus, eux qui avaient préparé une belle liste de « proches » de Poutine. 4 noms et rien d’autres. Un geste purement symbolique, à la mesure du pouvoir réel de l’UE. Un pouvoir faible et timide. Un pouvoir d’apparat, qui permet de déposer des chrysanthèmes et de faire de beaux discours – écrits ailleurs. Est-ce seulement un pouvoir ?
Et quand l’UE tente de défendre, face à ses « partenaires » américains, ses intérêts stratégiques, comme avec la construction de North Stream II, les États-Unis montent le ton, adoptent des sanctions, menacent et punissent. Font du chantage : si vous promettez de préserver le passage par l’Ukraine, car l’Ukraine est un élément fondamental du combat avec la Russie, l’Ukraine qui vole le gaz au passage, alors peut-être nous penserons à lever les sanctions contre vous. L’Allemagne avait alors tenté de verser une rançon pour éviter, en vain, les sanctions :
« Le gouvernement allemand a offert à l’administration Trump un soutien financier allant jusqu’à 1 milliard d’euros (1,21 milliard de dollars) pour empêcher Washington d’imposer des sanctions sur le gazoduc Nord Stream 2, selon des documents publiés par l’organisation à but non lucratif Environmental Action Germany (DUH) mardi ».
Mais, l’UE a oublié qu’elle n’est pas un « partenaire » des États-Unis, simplement une structure d’administration déléguée locale, afin de prendre en main les pays européens et les couper de la Russie, puissance locale à tendance universelle, trop dangereuse pour le monde global atlantiste, qui ne peut se permettre qu’un seul centre de pouvoir. Et ne peut, par ailleurs, se permettre des États souverains.
Les Européens, sous l’égide de l’UE, s’enfoncent dans une impasse : instrumentalisés sur leur flanc Ouest, méprisés désormais sur le flanc Est. Le Ministère russe des Affaires étrangères s’est déclaré très déçu par cette annonce de nouvelles sanctions. Non pas surpris, déçu. Autrement dit, la Russie s’attendait aux sanctions, mais gardait un faible espoir de sursaut des pays européens, cet espoir a été déçu. Que reste-t-il des relations russo-européennes ? Manifestement, tant que l’UE déterminera la politique étrangère des pays européens, il n’y a aucune amélioration à attendre.
Car, de son côté, la Russie n’a pas l’intention de se plier, comme l’Europe, au diktat atlantiste et promet, si la politique agressive des États-Unis à son égard persiste, de passer à une phase active d’endiguement de la politique américaine.
Ballotée entre des puissances, les États-Unis et la Russie, qui défendent leurs intérêts stratégiques propres, l’UE a dépossédé les pays européens des leur, les a déposé aux pieds de l’Atlantisme, les a pris en otage, pour finalement vider l’Europe de sa substance et de sa force, la transformer en pitoyable pantin, parfaitement illustré par l’exploit de Borrell en Russie.
source : http://russiepolitics.blogspot.com
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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