Un texte de Jean-Philippe Murray
Mon Dieu,
Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer,
Le courage de changer les choses que je peux,
Et la sagesse d’en connaitre la différence.
La pandémie actuelle jette un grand nombre d’incertitudes sur nos projets. Emploi, famille, amitiés, toute notre vie semble en ballotement. Souvent galvaudée ou servie à une sauce mièvre, la prière de sérénité (fréquemment attribuée aux Alcooliques anonymes) contient une attitude fondamentale pour vivre ce contexte : l’abandon.
Il n’est pas rare d’entendre qu’il faut s’abandonner, que ce soit à la vie, à la nature, au cosmos, etc. Sous ses différentes formes, cette idée s’enracine dans une croyance très ancienne qu’on trouve déjà dans la Bible : l’abandon à la Providence divine. Attitude naïve et infantile ou astucieuse quête de sérénité ?
L’abandon n’est pas irrationnel
Tout d’abord, est-ce vraiment rationnel de s’abandonner ? N’est-il pas mieux de chercher à tout maitriser ? C’est en effet la première question à se poser, car il serait fou de s’abandonner à n’importe quoi ou à n’importe qui ! Un bon parent n’abandonne pas son enfant au premier inconnu croisé dans la rue. On n’abandonne pas non plus ses affaires les plus précieuses n’importe où.
Donc, pourquoi serait-il légitime de s’abandonner à Dieu, à sa Providence ? N’est-ce pas naïf ou crédule ? En fait, quand on y réfléchit un peu, c’est non seulement raisonnable, mais c’est aussi la meilleure voie qui s’offre à nous.
Premièrement, cet abandon à Dieu n’est pas un saut dans le vide, mais un choix rationnel. En effet, si on lève les yeux de nos écrans — ou si on regarde une série comme Planet Earth — et qu’on va un peu dans la nature, on voit que c’est plutôt l’ordre qui y règne, que les êtres vivants ont ce qu’il faut sans même qu’ils aient à y réfléchir.
Qu’est-ce que s’abandonner à Dieu veut dire concrètement ?
Le nourrisson a besoin de lait ou de protection ? Sa mère est là ! L’arbre a besoin de lumière et de nutriments ? Le soleil, l’eau et la terre sont là ! L’aigle a besoin d’une bonne vue ? Il a des yeux excellents ! Pas besoin de faire un doctorat en biologie pour comprendre que la nature nous donne ce dont nous avons besoin.
Quand on s’y arrête, on réalise que la nature est comme un grand panneau de signalisation qui nous crie : « Le monde est ordonné, il est bien fait ! Fais comme nous, fais confiance à son auteur ! »
Rationnel, mais aussi bon
S’abandonner à Dieu ce n’est pas seulement raisonnable, mais c’est en plus ce qu’il y a de meilleur pour nous.
C’est ce qui apparait lorsqu’on regarde les saints et plus largement tous ceux qui ont pleinement vécu et qui vivent encore cet abandon à la Providence. Même au sein des pires adversités, ces derniers ont une joie rayonnante, une paix immense. Ils vivent avec cette certitude que Dieu les conduit, qu’il les aime et les attire vers une joie sans mesure.
On peut comparer une personne qui s’abandonne à la Providence divine à quelqu’un qui, marchant dans la rue, entend une musique festive jaillir d’une maison. Il hume des odeurs délectables qui s’en dégagent et voit à l’entrée un panneau invitant les passants à se joindre à la fête. Certes, il ne voit pas la fête, il ne voit pas le maitre de maison et ses invités, mais tout autour lui indique qu’il est bon et raisonnable d’avoir confiance et d’y aller.
Entre agitation et inaction
Ceci étant dit, qu’est-ce que s’abandonner à Dieu veut dire concrètement ? S’agit-il d’être insouciant en abandonnant tout ? Ici encore, partons de réalités qu’on connait mieux.
Qu’est-ce que le courage ? C’est de ne pas avoir peur, mais aussi d’éviter d’être casse-cou, d’être téméraire.
Qu’est-ce que faire des choix prudents ? C’est d’éviter les choix irréfléchis, mais aussi les délibérations qui n’en finissent plus.
Qu’est-ce qu’un bon repas ? C’est éviter de mettre trop de sel ou d’en mettre trop peu.
Bref, si on examine notre vie, on voit que nos actions réussies et nos bonnes dispositions intérieures (les vertus) sont toujours un ajustement très fin entre deux écueils ou travers opposés.
Pour s’abandonner à Dieu, on doit donc éviter deux fausses routes : l’agitation et l’inquiétude nocive. Pour cela, il est bon de se rappeler que nous ne sommes pas l’unique acteur de notre vie. Celui qui donne aux abeilles des fleurs à butiner veille aussi sur nous !
Il est aussi nécessaire de fuir l’inaction, la passivité absolue. La Providence ne nous dispense pas d’agir et de chercher à faire le bien : ce n’est pas parce qu’un patient fait confiance à son médecin et s’abandonne à son aide qu’il est dispensé de prendre ses traitements, même s’ils sont durs !
En somme, pour s’abandonner à la Providence, il y a deux ingrédients à ne jamais séparer : chercher le bien et avoir confiance en Dieu. C’est une recette simple, délicieuse et elle ne coute rien !
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Source: Lire l'article complet de Le Verbe