Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est appelé à la Chancellerie (un poste équivalent à celui de Premier ministre).
Le président de la République, le vieux maréchal Paul von Hindenburg (86 ans), demande à Hitler (43 ans), chef ou Führer du parti national-socialiste allemand (le NSDAP, en abrégé nazi), de former le nouveau gouvernement allemand. C’est l’aboutissement inattendu d’un parcours chaotique marqué par de nombreux revers…
Tractations indignes
La nomination surprenante de Hitler fait suite à des tractations menées par le docteur Hjalmar Schacht. Ce dernier est un financier réputé. Ancien président de la Reichsbank, il est à l’origine du redressement spectaculaire de l’économie allemande après la crise monétaire de 1923, « l’année inhumaine ».
Avec quelques autres sommités du monde économique, il demande par lettre à Hindenburg de nommer à la chancellerie le « chef du groupe national le plus nombreux », autrement dit Hitler. Il y voit le moyen de détourner les masses populaires des communistes et de les rallier à la République de Weimar !… Il est vrai qu’en 1932, l’horreur absolue est représentée par le communisme. À défaut d’être informés des méfaits de Staline, les démocrates gardent un souvenir horrifié de la République des Conseils à Munich comme de la dictature de Bela Kun en Hongrie et de la guerre civile en Russie, une dizaine d’années plus tôt.
Les dirigeants allemands, qui ont perdu la confiance des citoyens à cause de leur politique de « déflation », espèrent que Hitler saura s’opposer à la menace d’une prise de pouvoir bolchévique, rétablir l’autorité de l’État et agir en personne responsable.
Hjalmar Schacht organise une rencontre entre le chancelier Franz von Papen et Adolf Hitler le 4 janvier 1933 dans une villa mise à disposition par le banquier Kurt von Schröder.
À la suite de celle-ci, von Papen soutient la nomination de Hitler comme chancelier sous réserve que lui-même soit vice-chancelier et qu’il n’y ait que deux autres nazis au gouvernement. Ce seront Wilhelm Frick, ministre de l’Intérieur du Reich, et Hermann Göring, ministre sans portefeuille, par ailleurs ministre de l’Intérieur du Land de Prusse.
Von Papen et les conservateurs espèrent se servir du Führer nazi pour enrayer la menace communiste. Pleins d’illusions, ils croient pouvoir le garder en main. Son parti est en effet en perte de vitesse depuis les élections législatives du 6 novembre 1932 qui lui ont valu 33,1% des suffrages au lieu de 37,3% en juillet. Il a perdu deux millions de voix sur un total de 17 millions en quatre mois.
Le nouveau chancelier constitue de la façon la plus légale un gouvernement largement ouvert aux représentants de la droite classique. Il ne compte que trois nazis, Hitler compris. Von Papen est lui-même vice-chancelier. Faute de majorité absolue au Parlement, Hitler paraît loin de pouvoir gouverner à son aise. Personne ne prend au sérieux ses discours racistes. Beaucoup d’Allemands pensent par contre qu’il peut redresser le pays en proie à la crise économique.
Course à la dictature
Avec une rapidité foudroyante et par des moyens tout à fait illégaux, Hitler va asseoir sa dictature en dépit de la faible représentation de son parti au gouvernement et au Reichstag.
Dès le lendemain de son investiture à la Chancellerie, Hitler dissout le Reichstag et prépare de nouvelles élections pour le 5 mars 1933. Dans le même temps, il trace ce que son chef de la propagande, Josef Goebbels, appelle « les grandes lignes de la lutte armée contre la terreur rouge ».
Les miliciens de son parti, les Sections d’Assaut (SA), terrorisent l’opposition en guise de campagne électorale (ils commettent pour le moins 51 assassinats).
Ils bénéficient de la position-clé de l’un des principaux acolytes de Hitler, à savoir Hermann Goering,
Celui-ci est ministre de l’Intérieur du principal État allemand, la Prusse, et il en profite pour manipuler la police, révoquer les fonctionnaires hostiles, placer des nazis aux postes essentiels…
Hitler fait planer le spectre de la « révolution bolchevique » mais celle-ci tardant à éclater, il décide de l’inventer. Le 24 février, une descente de police au siège du Parti communiste allemand permet à Goering d’annoncer la saisie de documents annonçant ladite révolution… Mais ces documents ne seront jamais publiés.
Comme toute cette agitation ne semble pas suffire à rallier une majorité de suffrages aux nazis, ces derniers décident en conséquence de brûler le Reichstag.
En France, comme l’explique ci-dessous l’historien Alfred Grosser (13 janvier 1960), peut d’hommes politiques et de journaux mesurent les conséquences de l’accession au pouvoir de Hitler ; le plus choquant étant L’Humanité communiste qui justifie certaines revendications nazis.
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme