Folie virale
Je ferme les yeux, je vois ma liberté
Souffle de vie d’un horizon risqué
J’ouvre les yeux, je suis en sécurité
Dans le confort mortifère de ma cage dorée
S’il est vrai que le peuple est malade
Le bon sens cherche à savoir de quel mal
Mais sous le règne du progrès paradoxal
Le curieux intuitif est traité en coupable
Aujourd’hui est nettement préférable
De médire du voisin qui détone et se plaint
Aujourd’hui est beaucoup plus rentable
D’obéir et d’agir en gentil pantin
Calque des unités de ma race qui tombe
L’esprit innondé d’une uniformité stérile
Moi, l’humain aux rêves élagués
Je me saoule du spectacle des imposteurs masqués
Rien à redire, rien à penser
Le pouvoir, bon, a toujours été
Conformez-vous citoyens apeurés
Abandonnez-vous fils zélés des cités
Répandez vos craintes en aumônes
Si vous ne le pouvez, laissez faire les drones
La chair des hommes est maintenant prête
À servir de pâture jusqu’à son squelette
Ne vivons plus, n’espérons plus rien
Aux désirs de Mammon, ne résistons point
Qu’ondes et remèdes emplissent nos corps
Que les Rois règnent et abusent de nos morts
Telles les femmes de la Renaissance
Le profane et la marge seront mis au bûcher
Les lumières de la science si puissantes ensorcèlent
Et aveuglent tous ceux qui n’en ont que pour elle
Dans ce monde à la spiritualité perdue
Où les hommes dévots cherchent encore leur Dieu
Ils trouvent icônes et vérités absolues
Dans la divine médecine, succédané captieux
Oyez ! oyez ! Ce vil chant des sirènes
Qui pour notre bien, nous marqueront comme des bêtes
À quoi serviront nos prétentions éthiques
Quand nous tournerons en rond dans l’enclos numérique
Les robes fleuries partent toujours au vent
Mais les courbes sont moins jolies, les visages absents
Si les yeux sont de ceux qui parlent toujours librement
Leur lueur s’est éteinte, peut-être l’âme au même temps
Y a-t-il dans nos têtes encore un peu de coeur
Pour pifer les mensonges et sentir les malheurs
Pour dire et penser, de courage revêtus
Que triomphent les enfants sur tous les Rois nus
À bas les exploiteurs nantis
Au diable les penseurs asservis
Fi des jobards et des soumis
Et marchons sainement vers nos futures folies
Vincent Mathieu
Ce poème a été publié initialement sur le site Vigile Québec
Photo en vedette : pixabay.com
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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