On l’oublie souvent mais la Corée du Nord fut l’un des premiers pays à subir les affres de la guerre biologique durant la guerre de Corée (25 juin 1950-27 juillet 1953).
A défaut de bombes atomiques, réclamés par le général Douglas MacArthur et dont l’usage aurait pu entraîner une guerre nucléaire entre les États-Unis et l’Union Soviétique, les forces américaines ont eu recours aux armes bactériologiques et biologiques contre les troupes nord-coréennes et l’armée de volontaires chinois venus à leur rescousse. L’une des premières attaques biologiques US contre la Corée du Nord consista à déverser par voie aérienne des containers remplis d’insectes (mouches, araignées, cafards, etc.) imprégnés ou porteurs d’anthrax derrière les lignes nord-coréennes et chinoises. Une autres méthode fut d’employer des rats porteurs de peste et la contamination des points d’eau avec des bactéries pathogènes comme le bacille du choléra (Vibrio Cholerae).
La Corée du Nord eut beaucoup de difficultés à sensibiliser ses troupes et ses populations faisant face à la stratégie du bombardement aérien permanent à cette nouvelle menace invisible et assez redoutable.
La désinfection et la lutte contre les germes pathogènes fut une priorité absolue pour un pays qui ne connaissait pas ce type de guerre. Des posters de mobilisation d’époque tentaient de démontrer aux populations et aux troupes que la guerre sanitaire et la désinfection étaient aussi importants que l’effort des combattants sur le front. Sur le poster ci-dessus, on peut voir une infirmière portant un masque et utilisant un dispositif de désinfection avec en arrière plan un soldat portant la fameuse mitraillette sovietique PPSh-41 et une grenade RGD-33.
La guerre biologique choqua au plus haut point les dirigeants nord-coréens et ce traumatisme est toujours perceptible aujourd’hui dans la doctrine militaire et la posture stratégique défiante de la Corée du Nord à l’égard de Washington.
A côté des germes et d’insectes, les forces US ont également testé des defoliants biologiques afin d’évaluer la possibilité d’anéantir l’agriculture nord-coréenne et de fait, l’usage de certains insectes porteurs de maladies affectant des plantes eut un certain succès mais pas au niveau de celui que connaîtront les défoliants chimiques, notamment l’Agent Orange au Vietnam une décennie plus tard.
La Corée du Nord fit appel à l’expertise de l’Union Soviétique après la fin de la guerre de Corée pour la désinfection des zones contaminés. Des dizaines de milliers de personnes périrent après la guerre d’épidémies en Corée du Nord où les infrastructures de santé n’existaient plus et en Chine, la famine y resta endémique jusqu’au début des années 60. La guerre biologique est toujours enseignée dans les écoles de Corée du Nord et le souvenir de ce type de guerre demeure vivace jusqu’à aujourd’hui.
La Corée du Nord a été le premier pays au monde à fermer ses frontières et déclarer l’état de guerre biologique dès l’apparition des premiers cas de COVID-19 dans la province chinoise de Hebei. Les médias, la population et les officiels nord-coréens accusent aujourd’hui explicitement Washington d’être derrière le COVID-19.
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