Interview TCE #11 – Alexandre Cormier-Denis

Interview TCE #11 – Alexandre Cormier-Denis

1- Pour nos lecteurs qui ne vous connaissent pas encore, présentez-vous.

 » Je suis un militant nationaliste canadien-français doublé d’un souverainiste québécois. Avec mon camarade Philippe Plamondon, j’ai fondé un think tank nationaliste du nom d’Horizon Québec Actuel ainsi qu’une webtélé nationaliste et patriote québécoise décryptant l’actualité ; Nomos-TV. Je contribue également au site de réinformation souverainiste Vigile.quebec en tant que rédacteur en chef. »

2-: Quel est votre parcours ? Votre jeunesse, vos études, vos projets déjà réalisés et vos succès passés ?

 » Je suis né dans un environnement familial plutôt à gauche, politiquement très proche du Parti québécois (PQ), soit le grand parti social-démocrate souhaitant la séparation du Québec du reste de la confédération canadienne. En raison des événements du 11 septembre et de ses suites, j’ai été amené à étudier le monde arabe, et notamment, à faire des stages linguistiques en Tunisie et en Égype dans un cadre universitaire. La civilisation islamique a été un miroir qui m’a fait prendre conscience de mon occidentalité, ce qui m’a poussé à me réenraciner dans le paradigme national québécois et, par extension, à m’intéresser à la scène politique française. En compagnie de quelques collègues, j’ai rencontré Marine Le Pen lors de son passage au Québec en 2016, ce qui a été le début de mon engagement métapolitique. »

3-: Qu’est-ce qui vous a amené à lancer votre projet ? Quelles sont les étapes qui vous y ont menées ?

 » La déliquescence de la scène politique québécoise en général et du camp souverainiste en particulier ont été les éléments déclencheurs de mon militantisme. Suite aux mésaventures électorales répétées du PQ, il est apparu évident que la grande famille souverainiste était en train de tomber dans une spirale d’insignifiance sans fin et qu’une recomposition politique de la scène québécoise était en cours. Dans cette ambiance, il était primordial qu’une voix nationaliste décomplexée émerge afin de nommer le réel. »

4-: Pouvez-vous nous expliquer plus en détail en quoi consiste vos projets, votre démarche et pourquoi vous faites ce que vous faites ?

 » Depuis les années 1960 et la période que nous appelons la Révolution tranquille québécoise, soit la victoire de la contre-culture soixante-huitarde, la gauche a complètement gagné le combat culturel au point de liquider médiatiquement et politiquement toute opposition de droite. Nomos-TV vise à mener une kulturkampf contre le consensus gauchiste qui règne dans la société québécoise et notamment au sein du camp patriote qui en est venu à confondre le « progressisme » avec l’idée même d’indépendance de notre peuple. Les questions démographique et identitaire sont nos fers de lance, car nous croyons que c’est principalement par ces questions qu’une droitisation de la société peut s’opérer, permettant ainsi de relancer le mouvement nationaliste sur des bases saines. »

5-: Quelles sont vos principales sources d’inspiration, vos influences et vos références ?

 » Je suis un fervent défenseur du chanoine Lionel Groulx, dont je viens de préfacer une anthologie politique, qui est le grand intellectuel du début du XXe siècle ayant donné une véritable conscience nationale aux Canadiens français en luttant contre la tentation des nôtres de se laisser assimiler par la civilisation matérialiste anglo-protestante nord-américaine. La pensée du juriste allemand Carl Schmitt et sa définition du paradigme politique centré sur la tension ami/ennemi a également été d’une grande influence dans ma conception philosophique de la chose publique. Plus proche de nous, c’est l’écrivain Renaud Camus et sa description du phénomène de changement de peuple que connaît tout l’Occident, connue sous l’expression de Grand remplacement, qui a marqué ma conscience politique récente. »

6-: Qu’est-ce que le conservatisme selon vous ? Et pensez-vous qu’il est important aujourd’hui ?

 » Conserver, certes, mais que conserver ? Dans le contexte québécois et canadien, le conservatisme ne servirait qu’à conserver les politiques d’immigration massive, l’endoctrinement multiculturel, le féminisme d’État, le mariage homosexuel, la banalisation de l’avortement ou encore la légalisation de la marijuana. Le conservatisme freine temporairement la vitesse de croisière des « avancées sociétales » qu’impose la gauche, mais ne change pas la direction dans laquelle va la société.

À mon avis, il faut viser la mise en place d’une véritable politique d’envergure pour inverser les tendances actuelles et changer drastiquement le cap qu’a pris la civilisation occidentale. Pour cela, il faut opérer une reconquête des cœurs et des esprits, étape préalable à toute prise de pouvoir politique. Je suis donc plus attaché au terme de droite nationale qu’a celui de conservatisme qui me semble impropre à répondre aux défis du monde actuel que nous a imposé la gauche depuis 60 ans. »

7-: Que pensez-vous du contexte actuel de la société en Europe ? Au Québec ? Et à l’échelle du monde ?

 » L’Europe est en déclin depuis au moins la Seconde Guerre mondiale, et peut-être faut-il même remonter à la Grande Guerre pour en comprendre les causes. La conséquence concrète de ce déclin est le remplacement physique de tous les peuples d’ascendance européenne – les peuples blancs pour être plus clair – par une immigration de remplacement venue du tiers- monde. Ce phénomène massif, d’une ampleur inégalée me semble être la principale transformation à laquelle il nous faudra réfléchir pour assurer un avenir à nos enfants. Si les tendances démographiques actuelles ne sont pas inversées, les euro-descendants qui ont bâti ce continent seront minoritaires en Amérique du Nord d’ici trente ans. Ce contexte de marginalisation démographique nous oblige à reconsidérer radicalement notre rapport à l’État et à la chose politique. »

8-: Si vous deviez donner 5 éléments sur lesquels tout Français, Européen ou Québécois devrait sérieusement travailler au niveau individuel, lesquels seraient-ils ?

  1. Il faut avant tout retrouver une pulsion de vie. Cela passe notamment par la prise de conscience que notre combat est avant tout démographique. Le premier devoir des Occidentaux ayant une conscience identitaire est de fonder un foyer et de faire des enfants pour la suite du monde.
  2. Dans un second temps, il faut retrouver nos racines profondes et cela passe par le rappel que l’Occident a été fondé sur trois piliers : la philosophie grecque, le droit romain et la religion chrétienne. Défendre cet héritage face aux hordes d’excités qui appellent sans arrêt à l’ethnomasochisme est devenu une nécessité vitale. Il faut pour cela renouer les fils de la transmission d’une culture générale classique qui trop souvent ne nous a pas été transmise par la génération précédente.
  3. Dans le contexte québécois, qui sera bientôt celui de l’Europe de l’Ouest, il faut se préparer à devenir minoritaires sur le plan démographique, ce qui implique de redécouvrir une solidarité réellement « nationale » et de reproduire partiellement le communautarisme des groupes ethniques qui nous entourent (Juifs, Chinois, etc.) pour peser dans le monde de demain.
  4. Pratiquer l’adhésion par la séduction. Si nous sommes attrayants, les idées que nous portons le seront aussi. Il faut rompre cette idée que le camp national est un ramassis de marginaux n’ayant pas trouvé de place dans la société. Il faut donc éviter au niveau personnel les personnalités et environnements rébarbatifs en séparant le bon grain de l’ivraie.
  5. Éviter le piège de la surenchère radicale. Nous gagnerons le combat des idées en nous présentant comme le camp de la lucidité et du réel. Laissons à la gauche ses fantasmes totalitaires déconnectés de la décence commune du petit peuple.

9-: Pouvez-vous nous partager votre ressenti sur la jeunesse d’aujourd’hui ?

 » Je crois que nous assistons à un double mouvement de la jeunesse. Une partie de celle-ci est imprégnée par la haine de soi diffusée par le gauchisme institutionnel, principalement par l’école et les médias, dont l’apothéose actuelle est le mouvement « woke ». Remarquons au passage que toutes les dérives idéologiques passent par les campus universitaires californiens et se transmettent dans un insupportable globish généralisé.

Une seconde partie de la jeunesse, à mon avis malheureusement minoritaire, prend conscience que l’on tente par tous les moyens de la culpabiliser d’appartenir à l’Occident et qu’elle n’a que deux choix : baisser la tête ou la relever en assumant ce formidable héritage. Je fonde beaucoup d’espoir sur la radicalisation du débat public sur la question identitaire qui poussera de plus en plus de jeunes dans le camp national. Sur ce point, la gauche identitaire – ou régressive comme l’appellent les Anglo-américains – est notre principal allié puisqu’elle polarise le débat public et force les jeunes occidentaux à choisir leur camp. »

10-: Beaucoup de jeunes cherchent à renouer avec leur héritage, quel est le meilleur moyen selon vous d’y parvenir ?

 » Cela passe évidemment par la lecture, mais aussi la musique qui est un vecteur de valeurs culturelles. Il faut redécouvrir les oeuvres culturelles européennes qui sont, il est vrai, plutôt élitistes, ce qui décourage souvent les jeunes des classes populaires à s’y intéresser. Le défi est de surmonter ses propres appréhensions initiales – il est plus facile d’écouter de la pop, ou pire du rap, que de se forcer à découvrir Lully, Vivaldi ou Schubert – pour enfin parvenir à créer un environnement domestique réellement occidental et européen. »

11-: Quels sont les principaux dangers qui menacent la civilisation occidentale selon vous ?

 » Trois menaces me semblent peser principalement sur l’Occident :

  1. le remplacement démographique dont le djihad au quotidien n’est que la conséquence. Par-delà la question de l’islam, nous devons avoir la lucidité de reconnaître qu’une société multiraciale est toujours multi-conflictuelle et les États-Unis doivent nous servir de contre-exemple absolu en la matière ;
  2. le gauchisme institutionnel qui gangrène les élites et transmet une pulsion de mort au reste de la société, notamment en posant un interdit moral sur toute résistance aux demandes des lobbys minoritaires les plus radicaux (BLM, LGBT, féministes de tout poil, etc.) ;
  3. les visées impérialistes mondiales de la Chine national-communiste qui cherche à se venger du retard civilisationnel qu’elle avait acquise au courant des derniers siècles et qui ne s’embarrasse pas de moraline pour régler ses problèmes de dissidences internes (Ouïghours, Tibétains, chrétiens, etc.). »

12-: Quels sont les principaux espoirs et leviers qui permettraient de surpasser ces menaces ?

 » En gardant en tête ces trois menaces, il serait possible à l’Occident de retrouver une volonté de puissance pour renouer avec son destin historique qu’est celui de dominer la scène mondiale et de se projeter au-delà, vers les étoiles. Pour cela, il faudra constituer une élite capable d’affronter les périls de la société actuelle qui tend à valoriser l’avachissement général plutôt que l’effort. Même si la tache s’annonce fort rude, rien n’est joué. »

13-: Quels sont les personnalités, auteurs, initiatives ou organisations qui paraissent dignes d’intérêt aujourd’hui selon vous ?

 » Au-delà de Renaud Camus cité précédemment, il y a bien sûr l’Institut Iliade issu de la Nouvelle Droite française qui me semble incarner le réveil identitaire dont l’Europe a cruellement besoin. Même chose pour le site Polémia de Jean-Yves Le Gallou. Cela dit, la constitution d’une nouvelle opinion publique sur internet me semble grandement prometteuse pour l’avenir du camp national, malgré la trop grande présence de ce qu’il faut appeler le conspirationnisme cosmopolite qui fait des ravages dans nos rangs. Il faut par ailleurs s’attendre à une radicalisation du verrouillage d’internet dans les années qui viennent en raison du danger pour le système actuel que constitue la réinformation par internet. »

14-: Y a t-il un sujet qui vous paraît délaissé aujourd’hui ou que vous considérez ne pas voir suffisamment dans les médias ou le débat public ?

 » La question raciale, grand tabou depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale fait un retour fulgurant dans l’espace public par la gauche multiculturaliste qui impose un discours racialiste anti-blanc. Au lieu d’éviter le débat, le camp national et la droite en général devraient prendre la balle au bond pour rétablir quelques vérités au lieu de fuir la question comme une pucelle effarouchée. Nous ne pouvons laisser à nos ennemis le seul monopole de cet enjeu alors que nous subissons précisément une attaque physique et mémorielle sur cette question précise qui deviendra de plus en plus cruciale dans les prochaines décennies. »

15-: Pouvez-vous nous donner un livre, un film et une musique, qui selon vous vous représente, ou auquel vous tenez ?

 » Théologie politique de Carl Schmitt a été pour moi un véritable moment d’éveil intellectuel. Sa lecture permet de mettre des mots sur ce que nous ressentons comme une évidence, soit que toute pensée politique repose en fait sur une métaphysique de l’esprit et résulte avant tout d’une prise de position théologique. »

16-: Que pensez-vous pouvoir apporter à quelqu’un qui vous découvre ?

 » Éveiller les consciences en osant nommer le réel dans un contexte d’emballement idéologique mystificateur dominé par le gauchisme. »

17-: Quels sont vos projets à l’avenir ? Dans les prochaines semaines et mois, à court terme, mais également votre vision à long terme.

 » La difficulté pour les médias alternatifs qui ne reçoivent aucune subvention est de survivre à la censure et à l’insécurité économique. Le maître-mot est donc la constance: produire régulièrement un contenu de qualité pour s’imposer dans les cœurs et les esprits afin de mener à bien le combat culturel. »

18-: Où peut-on vous suivre ? Sur quel média ou réseau êtes-vous le plus actif ?

 » Principalement sur les médias auxquels je participe :

– nomos-tv.com, la première webtélé patriote du Québec

– horizonquebecactuel.com, le renouveau nationaliste

– vigile.quebec, le plus honorable site de réinformation souverainiste »

19-: Un mot pour la fin ?

 » Ma francophilie m’oblige à vous taquiner sur le nom de votre site ! Pourquoi diable les Français se croient-ils obligés d’utiliser l’anglais pour se sentir dans le vent ? Le long combat culturel de la nation française d’Amérique m’interdit pour ma part de laisser un pouce à l’anglicisation de la sphère publique qui contribue à l’uniformisation du monde. Cela dit, l’hypersensibilité québécoise sur la question linguistique ne doit pas m’empêcher de voir le travail de qualité qui est le vôtre.

Par ailleurs, au-delà de nos sensibilités nationales respectives, les Occidentaux doivent retrouver un sentiment d’une destinée commune car les mêmes problèmes sociétaux, démographiques et géopolitiques nous unissent dans un combat commun pour redresser radicalement notre civilisation. Il n’en tient qu’à nous de changer le cours des choses. Tout reste à faire. »

Interview TCE #11 – Alexandre Cormier-Denis

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