Fibres d’amiante et mésothéliomes à l’Université de Montréal

Les auteurs sont épidémiologistes, conseillers scientifiques à l’Association des victimes de l’amiante du Québec (AVAQ)

Dans les dernières années, 4 employés de l’Université de Montréal ont développé un mésothéliome, un cancer très rare, suite à leur exposition il y a plus de 20 ans aux fibres d’amiante provenant de matériaux contenant de l’amiante dans les bâtiments de l’université. Il est reconnu scientifiquement qu’une exposition même très faible aux fibres d’amiante est la principale cause du mésothéliome pleural, un cancer de l’enveloppe pulmonaire très rare et très débilitant.

L’Université de Montréal conteste la décision récente de la CNESST d’attribuer le mésothéliome pleural du professeur émérite Jean Renaud à son exposition passée aux fibres d’amiante dans son bureau à l’Université de Montréal. Pourtant, la décision de la CNESST s’appuie sur des connaissances scientifiques établies, une enquête approfondie par un hygiéniste industriel et l’avis de 7 pneumologues spécialisés en maladies du travail. L’Association des victimes de l’amiante du Québec (AVAQ) envoie donc aujourd’hui une lettre publique au recteur de l’Université de Montréal lui demandant de se désister de la contestation de la décision de la CNESST. Cette lettre a reçu l’appui de 68 signataires scientifiques dont des pneumologues, des chercheurs-experts de réputation internationale, des médecins et autres professionnels en santé publique et en santé et sécurité du travail, ainsi que des professeurs de différentes universités.

Pour prévenir d’autres contestations injustifiées de cas de cancers causés par des expositions à l’amiante en milieu de travail, l’AVAQ a soumis à la Commission parlementaire Économie et travail un mémoire sur le projet de loi 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail. L’AVAQ demande de rendre irréfragable(non contestable) la présomption qui reconnaît le mésothéliome pleural associé à une exposition aux fibres d’amiante en milieu de travail comme maladie professionnelle. Cette proposition faite par le BAPE sur l’amiante en 2020 empêcherait toute contestation de cette maladie professionnelle par les employeurs et épargnerait aux victimes et à leurs familles la souffrance additionnelle causée par des procédures judiciaires longues et pénibles et sans fondement scientifique.

En attendant cette modification législative, nous demandons à l’Université de Montréal d’écouter la science et d’abandonner sa contestation de la décision de la CNESST qui reconnaît que le professeur Jean Renaud a été victime d’une maladie professionnelle reliée à son travail à l’Université de Montréal.

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