Par l’Abbé J.-Réal Bleau ― Photo (modifiée) : Wikimedia Commons
Nous commençons une nouvelle année au nom de Jésus, car c’est en ce nom très saint, principe de toutes les grâces, que les chrétiens doivent commencer, accomplir et achever toutes choses. C’était au nom de leurs divinités que les païens commençaient l’an nouveau, avec des festivités pleines d’impiétés et de débauches. Le jour de l’an païen se passait en effet dans l’ivresse et les danses lascives, dans un bruit continuel et les plus grands désordres. Les apôtres et leurs successeurs, réagissant contre les coutumes païennes, formèrent les premiers chrétiens à faire du jour de l’an un jour saint, un jour de prière, de recueillement, de silence, d’adoration et de réparation. Très tôt, au jour octave de la fête de Noël, on célébra la circoncision du Sauveur et le Nom de Jésus que Marie et Joseph, exécutant un ordre divin, lui donnèrent alors. On ne pouvait mieux débuter la nouvelle année par cette fête, où le divin Enfant de la crèche, prêchant le renoncement aux réjouissances et satisfactions mondaines commence déjà à souffrir et à répandre son sang pour notre salut.
« La grâce de Dieu est apparue, salutaire à tous les hommes, dira saint Paul, nous enseignant à renoncer à l’impiété et aux convoitises terrestres pour vivre avec sobriété, justice et piété dans le monde présent… » Ces paroles du grand apôtre résument le programme de la vie chrétienne qui conduit infailliblement à la sainteté. À leur sujet, saint Jean Chrysostome remarque que saint Paul ne dit pas : « nous enseignant à fuir l’impiété » mais « nous enseignant à renoncer à l’impiété ». Le renoncement, en effet, montre un grand éloignement, une grande haine, une grande aversion. Détournons-nous donc de l’impiété et des passions du siècle avec toute l’ardeur que nous mettons à nous éloigner des idoles. L’ardeur que nous mettrons, durant l’année nouvelle, à nous détourner de ce qui porte atteinte à l’honneur de Dieu, et par suite à nous détourner de tous les vices, est la condition pour que nous progressions dans son amour et recevions de Lui d’abondantes bénédictions sur nos personnes, nos familles, nos paroisses et notre patrie.
Puissions-nous donc, chaque jour de cette nouvelle année que Dieu nous donne, vivre dans la sobriété, dans la justice et la piété, c’est-à-dire dans la maîtrise de nos passions, dans le respect de la dignité de notre prochain, et en accomplissant tous nos devoirs envers Dieu, dont le premier est de l’aimer par-dessus toutes choses. Ce que nous ferons si nous prenons comme règle fondamentale de notre vie une obéissance aimante et absolue aux commandements qui nous viennent de Dieu pour être pour le monde entier le code universel le plus parfait du véritable bonheur.
J.-R.B.
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