Enfantement autonome, accouchement non assisté, naissance libre, free birth… autant de termes pour qualifier les accouchements qui se déroulent à l’extérieur d’un centre hospitalier, sans l’assistance de personnel médical. Projet risqué selon certains, retour à des pratiques dépassées selon d’autres, l’accouchement non assisté est un projet longuement réfléchi et préparé pour les parents qui font ce choix.
Le désir d’enfanter naturellement, librement, par soi-même est généralement ancré dans une vision positive de l’accouchement comme un évènement normal, naturel, un geste physiologique qui ne nécessite pas — ou pas d’emblée du moins — d’intervention, ni même de surveillance médicale.
Difficile d’évaluer l’ampleur de ce phénomène qui demeure somme toute marginal aujourd’hui en Occident. Pour la plupart des couples, l’enfantement autonome est une décision indépendante des options offertes par le réseau de la santé. C’est avant tout une volonté de sortir du paradigme médical qui motive leur choix.
Marie a eu une grossesse et un accouchement fort différents de ce que nous pouvons vivre aujourd’hui. Elle n’a pas eu d’échographies ni de tests prénataux.
Pour certains, par contre, le manque d’accès à une maison de naissance ou une sagefemme qui offre des accouchements à domicile poussera vers le free birth. Surtout en ces temps de COVID où les hôpitaux redoublent de mesures sanitaires désagréables (port du masque pendant le travail actif, interdiction de personnes accompagnantes, séparation mère-enfant), plusieurs futurs parents cherchent à éviter le milieu hospitalier à tout prix.
Noël, la fête de la naissance libre
À l’approche de Noël, les fervents de l’enfantement autonome commencent à s’extasier. Bientôt, nous fêterons l’accouchement non assisté le plus célèbre de l’histoire ! 364 jours par année, l’idée de donner naissance à domicile, sans assistance médicale, fait frémir de peur le commun des mortels. Mais une journée par année, le 25 décembre, nous célébrons la jeune Marie qui a donné naissance par elle-même, dans une étable.
Est-ce la société qui manifeste une dissonance cognitive quand la dinde sort du four ? Ou est-ce les adeptes de l’accouchement non assisté qui poussent leur analyse un peu trop loin ?
À première vue, il est vrai que Marie a eu une grossesse et un accouchement fort différents de ce que nous pouvons vivre aujourd’hui. Elle n’a pas eu d’échographies ni de tests prénataux. Elle ne savait probablement pas sa date prévue d’accouchement. Et je vous parie qu’elle n’avait même pas fait sa valise ni bu de tisane de framboisier.
Pendant le travail, personne n’a compté les contractions jusqu’à ce qu’elles soient d’une durée d’une minute à quatre minutes d’écart. Joseph n’a pas appelé la maternité, paniqué, en annonçant leur venue prochaine.
S’inscrivant entièrement dans la culture de son époque, Marie a eu une grossesse et un accouchement complètement étrangers au suivi surmédicalisé qui est aujourd’hui la norme en Occident. Autour de l’an zéro, toutes les futures mères donnaient naissance à la maison, accompagnées de femmes qu’on qualifie encore aujourd’hui de sages.
Est-ce à dire qu’elle a eu un accouchement non assisté pour autant ?
L’accouchement de Marie
Une partie de moi voudrait répondre positivement à cette question. Plusieurs passages bibliques insistent sur la simplicité et le dépouillement de la Sainte Famille au moment de l’accueil de l’Enfant Jésus. Non seulement Marie n’a pas accouché dans un établissement médical, mais elle n’a pas non plus accouché chez elle, ni même dans l’auberge où Joseph et elle s’étaient arrêtés. Elle a donné naissance dans une simple étable !
Quant à l’entourage de Marie au moment de son accouchement, nous n’avons malheureusement que peu de détail. Y avait-il vraiment un bœuf et un âne comme nous le dit la tradition ? Joseph est-il allé chercher une sagefemme comme le prétend un évangile apocryphe ? Difficile de savoir.
Ce qui demeure certain, c’est que Marie n’a pas accouché sans assistance aucune.
En effet, comme le Saint-Esprit accompagne chacune de nous au moment où nous accueillons une vie nouvelle sur Terre, de même était-Il présent d’une manière toute spéciale lors de la Nativité de notre Seigneur. Pour qu’un ange soit envoyé aux bergers et qu’une étoile apparaisse dans le Ciel pour guider les Rois mages, il fallait bien que quelqu’un d’intéressé et tout-puissant supervise l’opération.
Sans rien enlever à Marie et à toutes les femmes qui ont donné naissance à son époque, je ne pense pas que Noël soit la fête du free birth. S’il me fait plaisir 364 jours par année de militer pour l’autonomie et le respect des femmes qui accouchent, je préfère, le 25 décembre, célébrer la venue au monde de l’Enfant Jésus lui-même plutôt que la manière dont s’est déroulé cet évènement historique.
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