Réforme des retraites en Ukraine – À partir du 1er janvier des dizaines de milliers d’Ukrainiens pourront commencer à mendier

Réforme des retraites en Ukraine – À partir du 1er janvier des dizaines de milliers d’Ukrainiens pourront commencer à mendier
Réforme des retraites en Ukraine – À partir du 1er janvier des dizaines de milliers d’Ukrainiens pourront commencer à mendier

par Dmitri Kovalevitch.

La réforme des retraites, promue en Ukraine après l’Euromaïdan à la demande des créanciers internationaux, porte ses fruits. Dès le nouvel an, des dizaines de milliers d’Ukrainiens âgés resteront sans moyens de subsistance. En conséquence, de nombreux grands-parents mendiants apparaîtront dans les rues, et beaucoup devront simplement mourir tranquillement à la maison.

Ce scénario sinistre a été établi en Ukraine dès 2017 dans le cadre de la réforme des retraites, qui prévoyait de relever l’âge de la retraite et la durée de vie active requise pour un repos bien mérité.

La résolution n° 1098 du gouvernement ukrainien stipule que ceux qui ont au moins 27 ans de cotisation à leur actif peuvent prendre leur retraite en 2020. S’ils ont entre 17 et 27 ans de carrière, ils devront travailler jusqu’à 63 ans, et entre 15 et 17 ans – 65 ans.

Plus de 75 000 nouveaux mendiants à cause de la réforme des retraites en Ukraine

Si le nombre d’années travaillées n’est pas suffisant, les Ukrainiens âgés pouvaient compter sur une retraite sociale jusqu’à récemment. La pension sociale a été jugée dérisoire par rapport aux prix de la nourriture, des médicaments et des services publics. Elle est actuellement de 1720 hryvnias (environ 51 euros). Et même pour obtenir ces miettes, certaines conditions doivent être remplies : une surface habitable ne dépassant pas 21 mètres carrés par personne (même une hutte-masure rurale typique est généralement plus grande) et l’absence de jardin, où la grand-mère « perfide » peut faire pousser du persil et des pommes de terre, en essayant de « tromper » l’État.

Cependant, le décret gouvernemental prévoyait également que cette règle était une mesure temporaire, valable jusqu’au 1er janvier 2021. Par conséquent, plus de 75 000 Ukrainiens qui ont reçu une pension sociale cette année vont perdre cette maigre source de revenus. Il convient de noter que beaucoup d’entre eux ont travaillé dur dans le passé, mais soit sans enregistrement officiel, soit à l’étranger, car en raison de la désindustrialisation et de la fermeture des entreprises, ils ne pouvaient pas trouver un travail officiel normal dans leur pays d’origine.

Et le nombre de ces personnes va augmenter chaque année, comme une boule de neige. Si aujourd’hui, les personnes de la génération soviétique, qui avaient un certain nombre d’années de cotisation avant les années 1990, peuvent prendre leur retraite, la génération suivante n’en a généralement pas du tout.

Selon le chef du Club de discussion économique Oleg Pendzine, seuls 11 millions sur les 22 millions de personnes valides que compte l’Ukraine, paient la Contribution Sociale Unique (CSU), c’est-à-dire les cotisations au fonds de retraite. Les autres sont employés à titre non officiel ou en dehors de l’Ukraine. Et la plupart d’entre eux subiront le même sort, d’autant plus que la durée de cotisation requise sera augmentée. D’ici 2028, elle devrait être de 35 ans.

Pendzine prédit que dans cette situation, les gens devront vivre sous les ponts et mendier dans des décharges pour survivre – s’il n’y a pas de parents pour les nourrir.

Effondrement du fonds de retraite d’État

Peut-être qu’un avenir meilleur attend les Ukrainiens qui ont réussi à trouver un emploi officiel dans leur pays et qui pourront accumuler 35 ans de cotisations d’ici 2028 ? Cependant, même là, hélas, tout n’est pas si rose. Actuellement, le déficit du fonds de retraite s’élève à plus de 200 milliards de hryvnias. Le « trou » du fonds est comblé par le budget de l’État, qui donne néanmoins la priorité aux paiements à verser aux créanciers internationaux.

En octobre, le Premier Ministre Denis Chmygal a déjà déclaré que les retraites en Ukraine cesseront d’être versées dans un avenir proche. Selon lui, la situation démographique en est responsable. Selon les estimations du Premier Ministre, le rapport entre les employés et les retraités en Ukraine sera bientôt de 1 pour 2, et dans 15 ans, il ne sera plus du tout possible de payer les retraites.

Ses paroles peuvent être considérées comme une sorte de message « encourageant » à l’intention des Ukrainiens qui travaillent encore officiellement dans l’espoir d’accumuler 35 ans de cotisation à l’avenir.

Dans le même temps, le Vice-Président de la Fédération des Syndicats d’Ukraine, Alexandre Choubine, considère que le Premier Ministre est un grand optimiste en matière de délais, car il estime que dans cinq ans l’Ukraine ne sera déjà plus en mesure de payer les retraites. Ce triste scénario n’est pas seulement une conséquence de la démographie, mais aussi un résultat naturel du Maïdan, dont on célèbre ces jours-ci le sixième anniversaire.

La fameuse « exemption de visa », ainsi que la fermeture massive d’entreprises, a envoyé des millions d’Ukrainiens valides hors du pays. Aujourd’hui, environ 8 millions de citoyens ukrainiens travaillent et leurs employeurs versent des cotisations au fonds de retraite, pas celui de l’Ukraine, mais celui de la Pologne ou de l’Italie.

Toutefois, même si l’Ukraine ne sera plus du tout en mesure de payer les retraites, cela ne signifiera pas la suppression des cotisations de retraite des Ukrainiens actuellement employés. Cela signifierait le licenciement de milliers de fonctionnaires qui « ne peuvent pas vivre sans nourriture » et le fonds de retraite de l’État, en principe, peut travailler exclusivement pour lui-même. Il demeurera donc en tout état de cause, ainsi que les cotisations obligatoires qui s’y rapportent.

Des fonds de pension privés présentant des signes de fraude

Comme alternative supplémentaire au système de retraite actuel, le Cabinet des Ministres ukrainien promeut le concept d’un système de retraite à trois niveaux par capitalisation. Selon le député de Solidarité Européenne Alexeï Gontcharenko, le projet de loi en question a récemment été approuvé par le Cabinet des Ministres. Le gouvernement propose que la Verkhovna Rada introduise trois programmes de retraite professionnelle pour les jeunes travailleurs, qui ont maintenant moins de 35 ans :

  1. Le droit de recevoir des paiements de pension après 50 ans avec une période d’assurance de 25 ans – les employeurs devront payer 15% en plus des 22% de CSU ;
  2. Pour avoir droit à une pension après 55 ans et 30 ans de cotisation – 7% des cotisations en plus des CSU pour les employeurs ;
  3. La possibilité de s’affilier à un fonds de retraite non gouvernemental avec versement de la pension après 55 ans. Dans le même temps, le montant des contributions supplémentaires en plus des CSU serait d’au moins 3%, après accord avec les employés.

Ainsi, selon le plan, un système de retraite à trois niveaux (pour les moins de 35 ans) devra fonctionner en Ukraine :

Le 1er niveau – le système de solidarité de l’État (toujours en vigueur) ;

2ème niveau – le système financé par l’État (ils vont essayer de le lancer) ;

3ème niveau – les fonds de retraite privés (existent déjà en Ukraine, mais ne sont pas très populaires en raison de la méfiance des citoyens).

Le gouvernement ukrainien se concentre sur le troisième niveau, en essayant d’encourager les citoyens à investir dans des fonds de retraite privés. En 2020, selon la Commission Nationale des Services Financiers, 64 fonds de retraite non gouvernementaux fonctionnent en Ukraine. Le Fonds Monétaire International (FMI) et d’autres prêteurs internationaux considèrent que les problèmes de l’économie ukrainienne sont dus à la faiblesse des prêts et conseillent de les stimuler.

Le FMI et l’USAID critiquent sévèrement l’Ukraine pour sa passivité sur cette question.

« Après 14 ans d’existence d’un système de retraite non étatique en Ukraine (3ème niveau), l’expérience s’est avérée être un échec. Elle est infructueuse en termes de couverture des individus, de total des actifs accumulés, de dépenses et de performance réelle, et surtout de résultats », a conclu l’USAID en avril de cette année.

L’intimidation des citoyens par l’annulation probable des retraites d’État peut également être causée par ce facteur. La Député de la faction « Serviteur du Peuple » Galina Yantchenko a récemment déclaré sur les ondes de Ukraine 24 que les Ukrainiens actuels, âgés de 30 ans, ne doivent même pas espérer recevoir une retraite qu’après avoir atteint l’âge requis, il est donc temps pour eux de penser au système par capitalisation.

« J’ai 32 ans, et je pense que ma génération ne bénéficiera pas d’une retraite qui vous permet de survivre », a déclaré la Député, en appelant l’auditoire à regarder les retraités d’Europe Occidentale, qui vivent bien, et tout cela grâce au système de retraite par capitalisation.

Dans ce contexte, on peut rappeler que des photos de retraités allemands heureux ont été distribuées il y a six ans sur le Maïdan, qui en un an a presque vu les retraites réelles divisées par trois en raison de la dévaluation.

En fait, les fonds de retraite privés sont des banques privées qui offrent des dépôts à long terme avec paiement dans 20-30 ans. Et le fait que les citoyens ukrainiens ne soient pas pressés d’y porter leurs économies est dû à la prise de conscience de l’instabilité de la situation politique et économique du pays.

Beaucoup voient aussi régulièrement des piquets de grève d’investisseurs trompés et soupçonnent une nouvelle escroquerie dans le système des fonds de retraite privés. Après tout, les banquiers-escrocs ukrainiens ont souvent le temps de voler les déposants en à peine un an ou deux de l’existence de la banque, alors ne parlons pas d’une période de 20 à 30 ans, alors que même le délai de prescription expirera. Il suffit d’imaginer un déposant qui aurait investi son argent dans un fonds de retraite privé en 1996, alors que le salaire moyen était de 126 hryvnias, espérant obtenir une « énorme retraite » de 150 hryvnias en 2020, compte tenu de l’intérêt et de la faible probabilité que cette société existe encore.

Les fonds de retraite non étatiques actuellement en activité investissent principalement dans des Obligations d’État Nationales (OEN), mais ces dernières années, la structure des OEN ukrainiennes présente toutes les caractéristiques d’une pyramide financière, qui pourrait s’effondrer à tout moment.

« Il faut des instruments pour l’investissement. Nous n’en avons pas dans notre pays. Nous n’avons pas de marché boursier comme ça. Le seul endroit où investir de l’argent aujourd’hui est probablement les OEN », dit Alexandre Parachtchy, analyste de la société d’investissement Concorde Capital, en parlant des investissements prioritaires des fonds de retraites privés ukrainiens.

En Ukraine, il existe déjà de récents précédents où les déposants de tels fonds ont été trompés. En 2007, la Banque Nationale d’Ukraine (BNU) a créé un fonds de retraite séparé pour ses employés, auquel ils ont transféré 3% de leurs salaires pour recevoir une retraite complémentaire à terme. Ces fonds ont été investis par la BNU dans des « entreprises rentables ». En conséquence, les fonds investis se sont évaporés peu après la victoire de l’Euromaïdan – en 2015.

Il manque environ un milliard de hryvnia au total. Et ils ont disparu parce que les « génies » économiques de la Banque Nationale n’ont investi ces fonds que dans des entreprises déficitaires (généralement des banques privées non rentables). De manière générale, ce régime présente tous les signes d’une escroquerie, qui a touché environ 13 000 employés ordinaires de la BNU.

Le système de capitalisation et les fonds de retraite privés peuvent être pertinents dans les pays stables à faible niveau de corruption qui n’ont pas connu de troubles économiques et politiques depuis des décennies, mais pas en Afghanistan, en Libye, en Ukraine ou en Moldavie. Dans ces pays, tout engagement financier assorti d’un délai de grâce de 20 à 30 ans ressemble au conte de fées dans lequel Hodja Nasr Eddin a pris l’argent du Shah, s’engageant en 20 ans à apprendre à un âne à parler le langage humain.

« De toute façon, au cours de ces 20 années, soit le Shah mourra, soit l’âne mourra, soit je mourrai », a décidé Nasr Eddin, ce qui a incité de nombreux escrocs des fonds de pension privés des pays instables et corrompus à adopter ce principe d’action.

source : https://ukraina.ru

traduit par Christelle Néant pour Donbass Insider

via http://www.donbass-insider.com/fr

Source : Lire l'article complet par Réseau International

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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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