Appelons ça s’éclipser à la Lafrenière.
C’est-à-dire profiter d’une éclipse médiatique pour annoncer son départ.
Robert Lafrenière, ancien patron de l’Unité permanente anticorruption, aimait « jouer le calendrier » et souvent de façon grossière.
Pensons à ses arrestations controversées de Nathalie Normandeau et consorts, le jour du budget Leitao, en mars 2016.
Mais surtout à sa démission le jour même de l’élection générale au Québec, le 1er octobre 2018 et effective un mois plus tard.
DPCP
Annick Murphy, la Directrice des poursuites criminelles et pénales (DPCP) depuis 2015, semble s’en être inspirée. Elle a annoncé sa retraite près d’un an avant la fin de son mandat (départ effectif en février) le jour de l’élection présidentielle américaine.
Quand j’ai fait le rapprochement Lafrenière-Murphy sur Twitter hier, Marc-André Ross, ancien chef de cabinet de l’ex-ministre de la Justice Sonia LeBel a rétorqué : « Ce n’est pas le genre de Me Murphy de se défiler. C’est bien mal la connaître… »
Peut-être, mais avouez que les apparences sont fortes.
Prud’homme
Car récemment, elle a été pointée du doigt par le directeur général de la Sûreté du Québec Martin Prud’homme.
Celui, rappelez-vous, qui fut suspendu brusquement le 6 mars 2019 par la ministre Geneviève Guilbault.
Pour des « allégations de nature criminelle », non précisées pendant des mois et pour lesquelles M. Prud’homme sera blanchi. (On l’en informera le 23 mars 2020.)
C’est avec les sorties médiatiques de M. Prud’homme à la mi-octobre qu’on a appris l’auteure des allégations : Annick Murphy.
Et la nature de la plainte : « entrave » sous forme d’un téléphone fait par Prud’homme à Murphy ; 16 mois avant le dépôt de la plainte ! La veille de l’(invraisemblable) arrestation du député Guy Ouellette (25 octobre 2017) !
M. Prud’homme dit avoir subi une « profonde injustice » : on a mis un temps fou à préciser ce qu’on lui reprochait. Et une fois blanchi quant à l’aspect criminel, il ne fut pas réintégré, car un autre « processus » fut lancé contre lui, « déontologique et éthique ».
Un comité d’experts constitué par le Secrétariat des « emplois supérieurs » s’en chargea ; formé de trois anciens bonzes du ministère de la Justice : Michel Bouchard, Luc Chamberland et Louis Sormany.
Ils ont conclu à une « faute » nécessitant… une analyse par la Commission de la fonction publique (CFP), révéla la ministre le 16 octobre.
La CFP analyse présentement le rapport et pourrait proposer la destitution – nécessitant les deux tiers de l’Assemblée nationale.
Sauf que selon des informations qui circulent, les trois « experts » auraient eu accès à de la preuve d’une autre enquête, ce qui est douteux.
Et ces experts, en plus, selon ce que des mauvaises langues font valoir, ont été très proches de Mme Murphy au ministère de la Justice.
Me Bouchard – dont personne ne nie la compétence par ailleurs – a été le patron de Mme Murphy. Et cette dernière, après l’avortement du procès Shark, avait confié un mandat de gré à gré de 95 000 $ à M. Bouchard.
Ces autres faits gênants dans l’écheveau UPAC-Fuites-Ouellette-BEI-Prud’homme ont peut-être conduit Mme Murphy à appliquer la méthode du beau-père de M. Prud’homme, Robert Lafrenière. Parions malheureusement qu’elle l’imitera et restera silencieuse quant aux vraies raisons de son départ.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec