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par Mikhail Gamandiy-Egorov
La guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis pourrait-elle faire profiter nombre d’Etats africains dans le cadre de leurs exportations, notamment agricoles, à destination de l’Empire du Milieu? Cette question mérite en effet une attention particulière.
Au moment où les relations entre Pékin et Washington ne sont plus du tout au beau fixe et des tensions économiques, politiques et militaires de plus en plus à la hausse, l’establishment chinois – qui devait prétendument sortir perdant de cette guerre commerciale engagée par les USA, a démontré sa ferme capacité à riposter de façon efficace.
Dans le cas plus particulier du commerce entre les deux pays, le secteur agricole étasunien a ressenti pleinement l’impact des tensions Pékin-Washington. En effet, les Etats-Unis – auparavant important exportateur de produits agroalimentaires sur le marché chinois, connaissent aujourd’hui un déficit commercial agricole avec la Chine. Cette dernière ayant commencé à massivement privilégier les importations venant d’autres pays depuis les restrictions lancées par les USA à son encontre.
Plusieurs pays ont pu tirer profit de la situation et accroitre les exportations de leurs produits agroalimentaires à destination de l’énorme marché chinois. Parmi eux plusieurs alliés et partenaires stratégiques de Pékin. Mais qu’en-est-il de l’Afrique? Selon Bhaso Ndendze, expert sud-africain cité par l’agence de presse chinoise Xinhua, les pays africains, et notamment d’Afrique australe «doivent augmenter leurs exportations agricoles vers la Chine afin de combler le vide laissé par les guerres commerciales entre Washington et Beijing».
Ledit expert – directeur de recherche au Centre d’études sino-africaines (CACS) de l’Université de Johannesburg, a tenu ces propos lors d’un webinaire dénommé Nouvelles dimensions du développement sino-africain, du commerce, des infrastructures et de la Quatrième Révolution industrielle. Toujours selon lui, «l’Afrique devrait profiter du FCSA (Forum sur la coopération sino-africaine) afin de multiplier les transactions de produits agricoles avec la Chine».
Il a également appelé les gouvernements africains à fournir aux agriculteurs les moyens et les subventions nécessaires pour prendre l’avantage en Chine. Quant aux agriculteurs, ils ont selon lui besoin d’améliorer leurs capacités et la qualité de leurs produits afin de pouvoir percer sur le marché chinois et mettre à profit le FCSA.
Maintenant en parlant de perspectives, ce qui est particulièrement intéressant de noter c’est qu’à chaque fois que les USA, ou plus généralement l’Occident politique, lancent des sanctions à l’encontre de ses adversaires géopolitiques, géoéconomiques ou simplement des pays osant mener une politique pleinement souveraine et indépendante, l’effet attendu par les instigateurs des dites sanctions est bien souvent l’inverse. Dans un monde multipolaire, il y a aujourd’hui pratiquement toujours des moyens de trouver des alternatives, que ce soit en qualité de partenaires économico-commerciaux ou autres. Et au final l’essor des économies émergentes, ayant d’autant plus une population largement supérieure à celle des pays occidentaux, ne fait que renforcer un peu plus ce schéma.
Avec comme finalité la perte de marchés pour les pays occidentaux, et un renforcement de coopération entre pays non-occidentaux. Mais ce n’est pas tout: bien souvent les marchés perdus ne sauront être retrouvés rapidement, voire du tout, par ceux les ayant perdus. C’est un constat évidemment triste pour les producteurs et entrepreneurs concernés, mais peut-être qu’aussi ce fut à eux de mettre plus de pression sur leurs gouvernements respectifs. L’effet boomerang est plus que jamais d’actualité.
Mikhail Gamandiy-Egorov
source:https://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=2097
Source: Lire l'article complet de Réseau International