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par Alexandre Lemoine.
Les activités militaires qui se déroulent actuellement au Haut-Karabakh se distinguent considérablement des affrontements antérieurs dans cette région. Il s’agit d’une utilisation massive de drones d’attaque. À l’aide de drones l’Azerbaïdjan teste contre le Haut-Karabakh un modèle d’opérations qui pourrait à terme changer le modèle de batailles terrestres dans toutes les guerres du futur.
Tous les jours l’Azerbaïdjan parle de la destruction d’une multitude de canons d’artillerie, de lance-roquettes multiples (LRM), de systèmes de défense antiaérienne (ABM) et d’autres armements, notamment de chars. Le ministère arménien de la Défense rapporte lui aussi des succès majeurs. Chaque camp diffuse des vidéos pour confirmer les résultats opérationnels. Il est évident dès à présent que dans une guerre encore locale les drones occupent une place particulière. Sous nos yeux se forme une sorte de guerre du futur quand des machines contrôlées à distance vont au combat.
Les drones sont utilisés aujourd’hui par pratiquement toutes les armées du monde. Ils remplissent des fonctions de reconnaissance et d’attaque, ils sont capables d’embarquer divers armements ou peuvent servir de « missile guidé » (drone kamikaze). Leur efficacité a été également prouvée au cours du conflit actuel au Haut-Karabakh. Les vidéos relayées par l’Azerbaïdjan montrent comment des drones de l’armée azérie, de fabrication turque et israélienne pour la plupart, attaquent les chars arméniens.
Les vidéos publiées par Erevan sont moins nombreuses, même si l’Arménie utilise tout aussi activement des drones. 90% des drones arméniens sont de production locale, il s’agit pour la plupart de drones légers de reconnaissance, mais aussi de drones d’attaque comme le Krunk-25-1 et ses modifications. Sa puissance d’attaque n’est pas très grande, elle ne dépasse pas 15-20 d’équivalent TNT, et sa vitesse maximale est de seulement 140 km/h. L’Arménie en possède quelques dizaines et théoriquement ils sont capables de détruire des blindés ennemis. Des experts militaires notent que l’Arménie a beaucoup de retard sur l’armée azérie en termes de nombre et de qualité de drones.
Tandis que l’Arménie utilise principalement des drones de production nationale, l’armée azérie possède essentiellement des drones israéliens – Aerostar, Hermes, Heron, Harop ou Orbiter 2M. Ainsi que des drones d’attaque de fabrication turque Bayraktar TB2, qui ont été filmés lors d’une attaque contre des chars arméniens. Leur portée est limitée à 250 km, leur capacité d’emport de munitions n’est pas non plus élevée – environ 50 kg, ce qui suppose deux missiles guidés antichars ou un projectile en version « kamikaze » permettant d’éliminer un char à coup sûr.
La guerre pour le Haut-Karabakh a clairement montré l’efficacité de l’utilisation de drones, ce qui témoigne une fois de plus d’un changement de tactique de guerres en tant que telles. Les drones dominent dans le ciel et nous voyons qu’ils tirent un trait sur l’usage de matériel blindé. Ce dernier est complètement vulnérable face aux drones, même avec un blindage réactif. Aujourd’hui, les chars sous leur forme actuelle deviennent obsolètes, du moins les ingénieurs doivent tirer des conclusions sérieuses.
D’où la question : à quoi sert tout cet épais blindage pour protéger l’équipage s’il peut être détruit par une frappe précise et impunément depuis les airs ? L’époque des chars en tant que principale force offensive de l’armée de terre serait-elle terminée ?
Cependant, un drone est efficace contre les chars seulement si le matériel terrestre ne dispose pas de moyens de protection contre des attaques aériennes. Un drone en soi est relativement vulnérable pour l’ABM à cause d’une vitesse basse et d’une manœuvrabilité limitée. Il peut être abattu par un lance-roquettes antiaérien ou même par une mitrailleuse de char de gros calibre. Un tireur expérimenté détruirait sans problème un drone dans son champ de vision. En revanche, un drone est capable d’attaquer à très grande distance, comme le Bayraktar turc.
La perspective d’une large utilisation de drones d’attaque n’est précisément qu’une perspective pour le moment. L’utilisation de drones au Haut-Karabakh actuellement est en quelque sorte en phase d’essai, et l’efficacité de leur utilisation reste inférieure pour l’instant par rapport à la puissance de feu de LRM.
source : http://www.observateurcontinental.fr
Source: Lire l'article complet de Réseau International