«Pour moi, l’adversaire c’est le Covid et pas tel ou tel médecin. Je pense notamment au professeur Raoult», a déclaré Nicolas Sarkozy, suscitant quelques applaudissements de son auditoire, alors qu’il s’exprimait le 4 septembre 2020 dans le cadre du Forum des entrepreneurs qui se tient cette année à Marseille.
Chaque crise, il faut trouver des boucs émissaires. C’est une maladie française
«Chaque crise, il faut trouver des boucs émissaires. C’est une maladie française […] Je ne comprends pas pourquoi il y a tant de violence à l’endroit de [Didier Raoult]», s’est désolé l’ancien chef d’Etat français.
Nicolas Sarkozy: "Je ne comprends pas pourquoi il y a tant de violence" à l'encontre du Pr Didier Raoult pic.twitter.com/xKEvqFz5P5
— BFMTV (@BFMTV) September 4, 2020
Tantôt adulé, tantôt vilipendé, le microbiologiste marseillais Didier Raoult est devenu une personnalité publique de premier plan après avoir vanté les résultats d’un traitement à base d’hydroxychloroquine face au Covid-19, suscitant une grande hostilité au sein de la communauté scientifique, dont nombre d’acteurs lui ont reproché des manquements protocolaires pour avancer de tels résultats.
Comme l’a révélé Le Figaro le 2 septembre, la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf) a déposé plainte contre Didier Raoult en juillet auprès du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône.
«La Spilf – qui rassemble plus de 500 spécialistes des maladies infectieuses – reproche au microbiologiste d’avoir enfreint pas moins de neuf articles du code de déontologie médicale», rapportait le journal. Entre autres griefs visant le directeur d’études à l’IHU de Marseille, la société savante lui reproche notamment d’avoir promu «un traitement qui n’a pas démontré son efficacité», procédé à «la diffusion de fausses informations auprès du public», ou encore d’être responsable de «graves manquements au devoir de confraternité».
Le président Les Républicains de la région Paca, Renaud Muselier, a réagi à la plainte du Spilf en martelant que le professeur Raoult n’avait fait «que respecter le serment d’Hippocrate».
En outre, comme le relève notre journaliste Lilaafa Amouzou, «les soutiens du professeur Raoult n’ont pas manqué de relever que le conseil d’administration de la Spilf affiche des liens d’intérêts assez conséquents» : selon les données du site de l’association EurosFordocs, un site permettant d’explorer la base de données Transparence-Santé, la Spilf a bénéficié d’avantages, conventions et rémunération divers offerts par de grands laboratoires ces dernières années – parmi lesquels le géant américain Gilead.
Fin juillet, Didier Raoult avait lui-même déposé une plainte judiciaire pour «dénonciation calomnieuse» contre le directeur des hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, qui l’avait accusé d’avoir fait un «faux témoignage» lors d’une audition devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale.