Malgré l’appel du premier ministre de fermer tous les lieux de culte, certaines communautés religieuses tardent toujours à mettre en application sa directive. Alors que plusieurs synagogues orthodoxes montréalaises ont fermé leurs portes mercredi soir « pour la première fois de leur histoire », certaines mosquées accueillaient toujours les fidèles musulmans jeudi.

Dans une déclaration transmise à La Presse, le porte-parole du premier ministre, Ewan Sauves, a souligné que la demande de M. Legault de cesser les rassemblements dans les lieux de culte émane de la Direction de la santé publique et s’adresse à toutes les communautés, « sans exception ».

« La très grande majorité des gens à qui nous avons parlé comprennent la situation et entendent collaborer pleinement. Nous sommes confiants que dans les prochains jours, tous ensemble, nous ferons respecter les directives de la santé publique », a écrit M. Sauves.

La Presse a pu constater qu’au moins deux mosquées du Mile End n’affichaient aucun message avisant de leur fermeture jeudi. L’une d’elles a ouvert ses portes vers 11 h pour accueillir les fidèles. Un homme a dit qu’une quinzaine de personnes se trouvaient à l’intérieur pour la prière. « Nous gardons une distance d’un mètre », a dit l’homme, qui portait des gants de caoutchouc.

 

Le porte-parole du Conseil musulman de Montréal, Salem Elmenyawi, affirme que les différentes mosquées de Montréal se sont pliées aux demandes de M. Legault, mais restent ouvertes parce qu’elles ont aussi « d’autres fonctions ». « Comment le premier ministre peut-il prendre la décision de fermer une des institutions les plus importantes en temps de crise ? Certaines personnes viennent à nous parce qu’elles n’ont pas de nourriture ou ont besoin d’aide », a dit M. Elmenawi.

« Quand le premier ministre a dit qu’il fermait les institutions, son message était complètement confus. Nous l’avons compris comme une suggestion. Sa demande traduit un manque de connaissances sur les responsabilités qu’ont les mosquées dans notre société en temps de crise », a ajouté M. Elmenawi, lorsque nous lui avons souligné que les personnes s’y trouvaient pour prier.

Le cabinet du premier ministre a indiqué avoir travaillé avec « certains députés du Parti libéral du Québec » pour entrer en contact avec les leaders des communautés religieuses ces derniers jours. « Nous comprenons que les décisions que nous prenons bousculent nos habitudes et modes de vie. Cela dit, ces directives émanent de la Direction de la santé publique et sont essentielles dans notre bataille contre la propagation et la transmission de la COVID-19 », a écrit M.  Sauves.

En après-midi mercredi, les leaders de la communauté juive hassidique de Montréal ont tenu une conférence téléphonique au terme de laquelle ils ont décidé de fermer toutes les synagogues orthodoxes ainsi que certains centres culturels où des groupes d’enfants recevaient encore des enseignements religieux mercredi matin, selon ce qu’a pu constater La Presse.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Des affiches ont été placardées dans les portes de dizaines de lieux cultes de la communauté juive mercredi soir pour annoncer leur fermeture.

Le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a envoyé des inspecteurs à ces endroits jeudi pour s’assurer que ces lieux étaient bien fermés.

Des affiches ont aussi été placardées dans les portes de dizaines de lieux cultes de la communauté mercredi soir pour annoncer leur fermeture.

« C’est très douloureux pour nous de devoir fermer ces endroits, commente Abraham Ekstein, porte-parole du Conseil des juifs hassidiques du Québec. Dans notre religion, c’est instinctif de vouloir prier lorsqu’on se trouve dans une situation comme celle que nous vivons depuis quelques jours. »

Le Conseil des Juifs hassidiques du Québec dit prendre très au sérieux la menace du coronavirus. « La difficulté que rencontrent ces communautés est énorme, affirme Alain Picard, qui agit comme porte-parole. Ils ont en moyenne 7 enfants, certains en ont même 12. C’est très difficile pour eux de se mettre en isolement. Pour les leaders et les rabbins, la consigne est très claire, mais il faut aussi comprendre le niveau de difficulté que cela représente pour eux ».

Les communautés hassidiques de Montréal ont des liens familiaux très étroits avec celles de Brooklyn, parmi lesquelles une centaine de cas de COVID-19 ont été confirmés, selon le New York Times. « C’est vrai que nous avons tous de la famille à New York et qu’il y a beaucoup d’allées et venues entre les deux villes, reconnaît M. Ekstein. Nous avons imprimé plusieurs affiches demandant aux gens de ne pas voyager et de s’isoler s’ils le font. C’est une préoccupation pour nous. »

Aucun cas n’a été confirmé parmi les communautés hassidiques montréalaises, affirme M. Ekstein.