… les conséquences économiques commencent à se manifester
Par Moon of Alabama − Le 21 février 2020
La Chine progresse dans sa lutte contre le nouveau coronavirus, tandis que d’autres pays constatent une augmentation des problèmes. Pendant ce temps, les dégâts économiques mondiaux causés par l’épidémie se font lentement sentir.
Lors de notre dernière discussion sur l’épidémie de coronavirus en Chine, nous avons critiqué un changement statistique effectué par les autorités chinoises :
Le gouvernement chinois a ajouté une nouvelle catégorie d'infections au nombre total de cas de COVID-19. Jusqu'à présent, il y avait deux catégories publiées. Les «cas suspects», qui étaient des personnes susceptibles d'avoir été en contact avec le virus et présentant des symptômes de grippe, et les «cas confirmés» de patients tombés malades et où le virus a été détecté lors des tests. Désormais, les personnes présentant des signes de pneumonie s'ajouteront aux cas confirmés de COVID-19 même lorsque les tests ne détectent pas le virus nCov19 dans leur corps. ... Le nouveau dénombrement comprendra ainsi un grand nombre de personnes qui ont simplement une grippe ordinaire. Cela semble peu logique.
Ceux qui étaient classés dans la nouvelle catégorie avaient un taux de mortalité beaucoup plus faible que les cas originaux de COVID-19. Cela a prouvé qu’un simple diagnostic de pneumonie n’est pas un indicateur fiable d’une infection par le virus nCoV19.
Hier, les autorités chinoises sont revenues sur leur position. Les cas «diagnostiqués cliniquement», les personnes ne présentant que des signes de pneumonie, ne sont plus inclus dans les chiffres publiés. Cela a entraîné une chute drastique des nouveaux cas signalés hier.
Les données rapportées aujourd’hui ont montré une augmentation drastique des cas, parce que deux prisons, qui pour une raison quelconque n’avaient jamais signalé de cas, ont été soudainement incluses avec un total d’environ 500 nouveaux cas confirmés et suspects. Le directeur, appartenant au parti communiste, d’au moins une des prisons a été immédiatement démis de ses fonctions.
La tendance générale des nouveaux cas confirmés ou suspects est en baisse depuis le 5 février. Le nombre de cas confirmés restants a commencé à baisser car il y a maintenant moins de nouveaux patients par jour que de patients guéris. La gestion rigoureuse de l’épidémie par la Chine, après un démarrage trop lent, est un grand succès. Il y aura parfois de nouveaux sites localisés émergeant soudainement comme les deux prisons d’aujourd’hui. Mais une catastrophe plus grande a été évitée.
Le nombre total tel que rapporté par la Chine aujourd’hui :
À minuit le 20 février, la Commission nationale de la santé avait reçu 75 465 rapports de cas confirmés et 2 236 décès dans 31 régions provinciales sur le continent chinois et la Zone de production et de construction du Xinjiang, et au total 18 264 patients guéris étaient sortis de l'hôpital. Il restait encore 54 965 cas confirmés (dont 11 633 dans un état grave) et 5 206 cas suspects. Jusqu'à présent, 606 037 personnes ont été identifiées comme ayant été en contact étroit avec des patients infectés. 120 302 sont actuellement sous observation médicale.
Alors que la Chine a fait du bon travail, à un coût énorme, pour contenir l’épidémie, d’autres sont beaucoup moins efficaces. Le Japon a provoqué un gâchis en mettant en quarantaine le navire de croisière Diamond Princess à Yokohama avec 3 700 passagers et membres d’équipage à bord. À l’origine, il y avait dix cas à bord. Aujourd’hui, 634 personnes ont été testées positives pour le virus.
Le Dr Kentaro Iwata, un spécialiste expérimenté des maladies infectieuses, a visité le navire avec quelques difficultés. Il a indiqué qu’aucune mesure d’isolement significative n’avait été prise à bord du navire. Il n’y avait pas de zones sûres. Les personnes infectées et non infectées se sont mélangées pendant les repas. Après la visite, le médecin s’est mis en quarantaine et a enregistré une vidéo (en anglais) avec ses conclusions.
Il semble que la bureaucratie apeurée du Japon ait traité la question sans l’avis de spécialistes. Les bateaux de croisière sont parfaits pour propager des maladies. Ils ont une climatisation centrale et des fosses septiques centrales qui peuvent propager des virus dans chaque cabine à bord. Il existe de nombreux endroits à bord qui sont utilisés collectivement. L’équipage est généralement logé dans des conditions moins idéales. Tout cas suspect aurait dû être retiré immédiatement du service. Mais on leur a simplement dit de rester dans leurs cabines, ce qu’ils n’ont bien sûr pas fait.
L’armée japonaise dispose de quelques hommes travaillant sur le navire, mais elle ne prend que des mesures de protection encore très insuffisantes :
Une cinquantaine de membres des Forces d'autodéfense travaillent sur le navire pour examiner les passagers, désinfecter les cabines et transporter les patients. Le navire a été mis en quarantaine pendant deux semaines au large de Yokohama le 5 février pour empêcher la propagation du COVID-19 au Japon. Les personnes manipulant des médicaments doivent désormais porter des masques, des gants, des blouses et des bonnets sur les cheveux, ont indiqué des responsables du ministère. Lors d'une conférence de presse, Kono a admis que le ministère de la Défense avait appliqué les normes - qui sont plus élevées que celles utilisées par les fonctionnaires du ministère de la Santé travaillant sur le navire - après avoir visionné une vidéo du navire publiée par le Dr Kentaro Iwata du Kobe University Hospital, qui a rejoint l'équipe de secours en cas de catastrophe, en tant que vétéran spécialiste des maladies infectieuses.
Mercredi, 500 passagers japonais qui avaient été testés négativement ont pu quitter le navire sans autres mesures. Mais beaucoup d’entre eux porteront le virus car de nouveaux cas confirmés apparaissent toujours quotidiennement sur le navire. Ces personnes auraient dû être davantage isolées. Les laisser partir sans de telles mesures garantit que de nouveaux foyers apparaîtront bientôt dans tout le Japon.
Cette situation pourrait s’être installée en raison de pressions politiques. Le Japon est censé organiser les Jeux olympiques d’été, plus tard cette année, et il a peut-être voulu éviter les gros titres. Il me semble qu’il n’y aura pas d’Olympiades cette année et que le Premier ministre japonais Shinzo Abe entendra bientôt de sévères critiques publiques.
Un autre groupe important a été détecté à Daegu, en Corée du Sud, où des membres d’une secte chrétienne se sont infectés pendant la messe. Il y a actuellement quelque 130 cas de ce type et quelque 70 autres répartis ailleurs en Corée du Sud.
L’Iran a un groupe de malades plus petit à Qom avec 14 cas. Il a fermé toutes les écoles et tous les séminaires et suspendu les rassemblements religieux dans la ville. D’autres pays signalent de nouveaux cas isolés ou de petits groupes. Cela continuera alors que la maladie se propage dans le monde entier. De nouvelles flambées importantes apparaîtront dans les nombreux pays où les systèmes médicaux sont loin d’être parfaits, ou dans lesquels les autorités veulent supprimer les informations concernant les petites éclosions de la maladie.
En Ukraine, les émeutiers ont dû être maîtrisés lorsqu’ils ont protesté contre la mise en quarantaine des évacués de Chine près de leurs villages.
L’effet d’entraînement économique de cette épidémie et de l’énorme quarantaine en Chine sera énorme. Elle se fera sentir partout mais surtout dans les industries hautement développées :
Les impacts à la fois matériels et psychologiques sur la Chine sont encore largement sous-estimés. Il s'agit du plus grand confinement / emprisonnement effectif par mise en quarantaine de l'être humain dans l'histoire de l'espèce. Les gens ne soupçonnent pas les répercutions de cela. Le plus grand facteur qui n'est pas compris est la non linéarité 1 des chaînes d'approvisionnement. Un arrêt total de deux semaines ne signifie pas un retard de deux semaines pour les produits destinés aux consommateurs. Ceci est très différent des impacts tarifaires, où les prix ont été ajustés. Un seul composant manquant dans un produit de plus de 500 pièces signifie que tous les niveaux de production sont mis en cause. Les automobiles et l'électronique grand public en sont des exemples évidents. Nous avons entendu plusieurs concessionnaires automobiles, et Jaguar, déclarer publiquement qu'ils avaient moins de 2 semaines de stocks. La production en flux tendus [Just In Time (JIT)] est une forme de levier opérationnel. Et comme pour toutes les formes de levier, il existe un effet baissier non linéaire. Les gens ne pensent pas que c'est un gros problème. Ce n'est pas une affaire d'un mois, ni d'un trimestre. C'est déjà maintenant un phénomène à considérer en termes annuels dans ses effets.
Certaines grandes usines qui dépendent de pièces en provenance de Chine vont bientôt devoir fermer. Ensuite, leurs autres fournisseurs devront également arrêter la production. La perte de revenus se fera sentir dans toutes les économies locales.
Les effets de l’épidémie pourraient bien conduire à la fin de la globalisation des processus de production. Les entreprises retourneront acheter localement pour ne pas être affectées, autant que possible, par de futurs incidents similaires. Cela pourrait bien être le résultat à long terme le plus positif de cette épidémie.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
- On retrouve là un mécanisme que chacun peut constater lorsqu’un ralentissement ponctuel, en cas de fort trafic, peut entraîner en chaîne des kilomètres de bouchons alors qu’il n’y a pas de raison apparente, NdT ↩
Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone