Mort de Michel Piccoli, l'un des derniers monstres sacrés du cinéma européen

Mort de Michel Piccoli, l'un des derniers monstres sacrés du cinéma européen

L’acteur, disparu le 12 mai à l’âge de 94 ans, a vécu une existence frondeuse et aventurière, s’est essayé à tous les genres de cinéma, a côtoyé les plus grands.

C’est quoi Michel Piccoli ? (émission Blow Up sur Arte)

Immense acteur de cinéma et de théâtre, producteur et réalisateur aussi, Michel Piccoli est mort le 12 mai à l’âge de 94 ans, a annoncé lundi 18 mai sa famille dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse.

Fils d’Henri Piccoli, un violoniste d’origine italienne et de Marcelle Expert-Bezançon, une pianiste française, Michel Piccoli, né à Paris le 27 décembre 1925, a baigné toute sa jeunesse dans un milieu artistique. La famille bourgeoise vivait dans le 13e arrondissement de Paris, à quelques encablures de la Bastille, où le comédien avait depuis ses habitudes.

Enfant peu bavard, mais qui écoutait beaucoup, il inverse définitivement la tendance avec la découverte du théâtre à l’âge de 9 ans, alors qu’il était pensionnaire à Compiègne (Oise). Interprétant sur scène un personnage du conte d’Andersen, Les Habits neufs de l’empereur, il se rend compte que ce sont les autres qui dorénavant l’écoutent. C’est une révélation.

Sa vocation est née et, à 18 ans, ce lecteur fervent de la revue Comœdia annonce à ses parents son désir de brûler les planches. Mais la Seconde Guerre mondiale modère ses rêves artistiques. Au cours de cette période chaotique, il parcourt trois cents kilomètres à vélo pour rejoindre la Corrèze, où sa famille a des amis. Il y croise des juifs réfugiés, entend les discours d’Hitler à la radio, et son sentiment d’indignation croît. Il ne le quittera jamais, tout au long d’une vie d’engagement politique où il n’a de cesse de s’opposer aux extrêmes, en particulier au Front national.

La guerre prenant fin, la famille Piccoli regagne Paris, et Michel fait ses débuts comme figurant au cinéma, en 1945, dans Sortilèges, un film de Christian-Jaque où il interprète un villageois auvergnat. Il prend des cours de théâtre chez Andrée Bauer-Théraud puis au cours Simon, et trouve un premier rôle dans Le Point du jour (1949), de Louis Daquin, cinéaste communiste qui le remarque et lui donne sa chance.

Mais c’est surtout au théâtre que Michel Piccoli va s’illustrer pendant cette période. Il officie au sein des compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussenot, et participe, pendant trois ans, au Théâtre de Babylone (où sont montées les pièces avant-gardistes de Beckett et Ionesco), géré par une coopérative ouvrière. Elle compte, parmi ses membres, l’actrice Eléonore Hirt, avec laquelle il sera marié de 1954 à 1966. Ils auront une fille, Anne-Cordélia.

Gros plan sur Michel Piccoli (1982) :

Un jeu souvent teinté d’ironie

En parallèle de débuts remarqués au cinéma, notamment dans French Cancan (1954), de Jean Renoir, Michel Piccoli poursuit une activité prolifique au théâtre. Elle lui fera rencontrer, au long de sa carrière, les metteurs en scène dramatiques les plus en vue : Jacques Audiberti, Jean Vilar, Jean-Marie Serreau, Peter Brook, Luc Bondy, Patrice Chéreau ou encore André Engel. Ce dernier lui confie en 2009 le rôle de Minetti, dans la pièce éponyme de l’auteur autrichien Thomas Bernhard (créée en 1977). Michel Piccoli a alors 83 ans, et sa performance est saluée par la critique. En plus du théâtre, cet acteur précis et rigoureux, dont le jeu se teinte souvent d’ironie, s’est aussi fait un nom grâce à la télévision. On l’a vu, à l’orée des années 1960, dans des téléfilms populaires réalisés par Stellio Lorenzi (Sylvie et le fantôme), Marcel Bluwal (Tu ne m’échapperas jamais) ou encore Jean Prat (L’Affaire Lacenaire). Il continuera, d’ailleurs, d’y collaborer sporadiquement.

Issu d’une famille catholique pratiquante, il devient athée à la suite d’un deuil familial. Sa rupture avec l’Église est consommée quand il rencontre, en 1956, le réalisateur d’origine espagnole, naturalisé mexicain, Luis Buñuel, connu pour son anticléricalisme. Les deux hommes se sont trouvés. Non sans ironie, Michel Piccoli endosse l’habit religieux dans La Mort en ce jardin (1956). Dans ce récit d’aventures avec Charles Vanel, Simone Signoret et Georges Marchal, il est le père Lizardi. Encore assez anonyme à l’époque, le comédien aurait intrigué afin d’obtenir le rôle de ce prêtre qui déchire les pages de son missel pour se faire du feu, dans la jungle brésilienne. Plus de cinquante années plus tard, en 2011, on le retrouvera en pape, ravagé par le doute et écrasé par sa charge, sous la direction de Nanni Moretti (Habemus papam).

Buñuel adapte spécialement le scénario pour le débutant Michel Piccoli car le rôle était initialement prévu pour un homme mûr, mais il prévient le fringant trentenaire : « Ton personnage, c’est un con. Il rate tout ce qu’il entreprend. » C’est le début d’une collaboration fructueuse de plus de vingt ans, qui marque aussi la période française de Buñuel. Ensemble, ils vont tourner six autres films : Le Journal d’une femme de chambre (1964), Belle de jour (1967), La Voie lactée (1969), Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), Le Fantôme de la liberté (1974) et Cet obscur objet du désir (1977), où Michel Piccoli n’assure qu’une doublure voix.

Pour Buñuel, Piccoli est tour à tour un bourgeois frustré et libidineux, un client de maison close manipulateur et même un préfet de police qui endigue une manifestation révolutionnaire. Ces rôles libérateurs, qu’il interprète avec un plaisir manifeste, lui permettent d’assouvir son goût pour la dérision et de s’affranchir d’une image classique, en interprétant des personnages dévorés par leurs pulsions. Entre-temps, les années 1960 auront véritablement marqué le début de sa consécration. Remarqué en gangster, face à Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani dans Le Doulos (1962), de Jean-Pierre Melville, il s’impose dans Le Mépris (1963), de Jean-Luc Godard. Il y joue un scénariste veule, que bat subitement froid sa femme, interprété par Brigitte Bardot, et révèle à cette occasion sa capacité à interpréter des personnages tout en fêlures.

La bande-annonce du Mépris :

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« Association trans-courants gauche du travail et droite des valeurs, contre la gauche bobo-libertaire et la droite libérale. »Égalité et Réconciliation (E&R) est une association politique « trans-courants » créée en juin 2007 par Alain Soral. Son objectif est de rassembler les citoyens qui font de la Nation le cadre déterminant de l’action politique et de la politique sociale un fondement de la Fraternité, composante essentielle de l’unité nationale.Nous nous réclamons de « la gauche du travail et de la droite des valeurs » contre le système composé de la gauche bobo-libertaire et de la droite libérale.

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