…avec une même agence.
J’ai déjà longuement écrit sur les nombreuses raisons – parfois assez évidentes – pour lesquelles le discours des « influenceurs » et « influenceuses » écolos comme Cyril Dion et Camille Etienne correspond à un plaidoyer en faveur d’un impossible et indésirable verdissement du capitalisme (voir ici et ici pour Dion, par exemple, et ici pour Camille Etienne). Cyril Dion fait même ouvertement la promotion des travaux d’un entrepreneur et auteur états-unien, Paul Hawken, qui prône un « capitalisme naturel » ou « capitalisme propre ». Dion et Etienne affirment en gros qu’un capitalisme industriel « durable » est possible, basé sur des technologies dites « vertes » et des énergies dites « renouvelables » plutôt que sur les fossiles ou le nucléaire. Aucune remise en question des fondements du capitalisme – du principe du travail, du principe de la production de marchandises, du principe de la production de valeur marchande, du principe de la propriété privée, foncière, héréditaire, etc. – dans leur discours. Dion et Etienne proposent de conserver l’essentiel du monde moderne (système et infrastructures industrielles, routes, voies ferrées, internet, État, système marchand), mais prétendent pouvoir le rendre durable/vert/écolo/démocratique.
Leur baratin plaît beaucoup à la frange de la bourgeoisie culturelle atteinte de quelques scrupules, c’est-à-dire à la partie de la bourgeoisie culturelle qui, comme l’ensemble de la bourgeoisie culturelle, est très attachée au genre de société dans lequel nous vivons, qui souhaite donc le conserver, le perpétuer, en tout cas pour l’essentiel, mais qui souhaiterait aussi, pour apaiser ses quelques scrupules, le rendre bio et durable et démocratique (qui s’imagine, sans trop faire l’effort d’y réfléchir, qu’une telle chose est possible). Leur baratin plaît, en tout cas, à une frange de la bourgeoisie culturelle – animateurs de Radio France, présentateurs TV sur France 5 ou Arte, journalistes à Libération, au Monde, à National Geographic, etc. – qui s’inquiète pour l’avenir, de la planète et de la civilisation industrielle, mais surtout de cette dernière. (En fait, si cette frange de la bourgeoisie culturelle s’inquiète peut-être pour la planète, c’est sans doute uniquement dans la mesure où la planète est nécessaire à l’existence de la civilisation industrielle et des commodités qu’elle leur procure).
On peut donc considérer Cyril Dion et Camille Etienne comme de dignes représentants du monde tel qu’il est, comme des célébrités relativement classiques, qui ne diffèrent pas vraiment de toutes les célébrités que produit le capitalisme. Il n’est donc pas étonnant, dès lors, de les retrouver dans le catalogue de personnalités à louer pour un « évènement d’entreprise » que propose une « agence de conférenciers » comme Simone & Nelson. Après tout, Cyril Dion et Camille Etienne sont effectivement, au même titre que David Douillet ou Pierre Gattaz, des professionnel·les qui savent s’adapter « à votre contexte, selon votre demande, vos besoins. Ils personnalisent les messages à faire passer et insistent sur les éléments de langage que vous souhaitez communiquer. »
N’hésitez donc pas à contacter Simone & Nelson pour leur demander un devis. Moyennant un budget situé « entre 8 000 et 10 000€ HT », Cyril Dion, Camille Etienne, Jean-Marc Jancovici, Michel-Edouard Leclerc ou Laurent Alexandre se feront un plaisir de venir égayer votre séminaire d’entreprise ! C’est bon pour le business !
Mort au capitalisme !
Nicolas Casaux
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