Tunisie – « Il faut, il faut » est le maître-mot du bilan du candidat Kaïs Saïed par Salah HORCHANI

Salah HORCHANI

Le volet socio-économique, pendant son ère, a régressé

Contrairement à celui des pertes des libertés qui a progressé

Au slogan « il faut, il faut », dans tous les domaines, il s’est limité

Biens mal acquis, argent détourné, il faut les récupérer

TGV nord-sud, Transports corrects, il faut les réaliser

Système de santé et couverture sociale dignes, il faut y arriver

Pôle médical aghlabide, on en a vu qu’un portail d’entrée

Alors que tout autre pôle médical, jaloux, en serait

Au vu de ses maquettes et les services qui y sont intégrés [1]

Aussi, une description de ce pôle mérite d’être exposée

Il « comprendrait plusieurs hôpitaux dans diverses spécialités

Des complexes résidentiels, aux cadres médicaux, consacrés

D’un complexe culturel et touristique », il serait doté

« Des écoles, des jardins d’enfants » y seront aussi édifiés

D’« espaces commerciaux », il serait également constitué

Et d’« institutions universitaires », et tout cela à coté

D’ « un centre de production d’énergies », vers l’avenir tourné

C’est-à-dire « renouvelables », de « systèmes de traitement des déchets »

Et tout l’ensemble, d’ « espaces de loisirs et détente », agrémenté

Ce projet titanesque, c’est lui-même qui l’avait annoncé

Dans l’une de ses rares interviews accordées à la Télé

Tout au début de son mandat, voilà plus de quatre ans passés [2]

Dans tous les retards pris dans ses projets, au lieu de solutionner

C’est toujours sa même rengaine complotiste qui vient, le complot, plaider

« Des détracteurs en Tunisie avaient prié un pays étranger

De ne pas financer ce grand projet », a-t-il ainsi révélé [2]

Et « Certains acteurs continuent de manœuvrer », a-t-il précisé

« Avec des parties intérieures et étrangères pour empêcher

Le démarrage des travaux de ce projet », cela par communiqué [3]

Quant à la fuite des compétences médicales, le règlement qu’il a trouvé

C’est d’« envisager des solutions pour inciter les meilleurs à rester » [3]

Sans dire le moindre mot sur ces solutions, il faut simplement « envisager »

Je disais donc, « il faut, il faut », dans tous les domaines, il s’est limité

Pénuries et coupures d’eau et d’électricité, il faut y remédier

Enseignement égalitaire de qualité, il faut l’instaurer

Corruptions, malversations, concussions, il faut les éradiquer

Démasquer les coupables et, devant la justice, les présenter

Et aussi les spéculateurs et les conspirateurs qui sont partout cachés

Traîtres au service du sionisme, il faut les neutraliser

Le accusations restant vagues, par des preuves, non étayées

Et, j’en passe et des meilleures, la liste est longue à énumérer

En disant , pourquoi ne sommes-nous pas comme les pays avancés

Où les moyens de transport sont à l’heure, et partout, généralisés

Dans les campagnes, où l’écolier ne va pas à l’école à pied

Où les hôpitaux ne manquent de rien et ne sont pas submergés ?

Et bien d’autres caractéristiques du bien-être dont nous sommes privés

Mais, à faire valoir un bilan, une réalisation : rien de concret

Et quand il lui arrive de le faire, événement rarissime, c’est vraiment maigrelet

Ainsi, dans son discours, à l’occasion de la fête de la République, prononcé [4]

Tout en chargeant ses adversaires politiques, en les accusant, comme à l’accoutumée

Après avoir décrit des entités qui, pour le combattre, essayent de s’unifier

Comme « les essaims de criquets [qui] se sont alliés aux essaims les ayant précédés »

Il a essayé de présenter le bilan de ces trois dernières années

C’est-à-dire la période pendant laquelle, tous les pouvoirs, il a accaparé :

« La Tunisie a pu obtenir des résultats meilleurs que ceux du passé

On a pu maîtriser le taux d’inflation, la balance commerciale a réalisé

Un score positif » ; c’est de la balance commerciale alimentaire qu’ il s’agissait

« Les réserves en devises ont atteint 113 jours d’exportation » a-t-il affirmé

Dans un discours postérieur, à l’occasion d’un remaniement ministériel, prononcé [5]

Il a déclaré : « Louange à Dieu, sur les plans économique et social, nous avons progressé

Je ne veux pas rentrer dans le langage des chiffres, mais il n’y a qu’à considérer

Les réserves de la Banque centrale en devises étrangères, la croissance s’est améliorée

Mais avec des avancées lentes, conséquences de ces situations qu’il faut éradiquer

Il y a eu des réussites, et d’autres à venir, si Dieu le veut », a-t-il annoncé

Par « situations », il sous-entend « les crises qui se suivent presque tous les jours provoquées

Dans tous les domaines, pour envenimer les situations, par ceux liés à l’étranger

Les citoyens souffrent, les réalisations manquent, alors que l’argent existe », s’est-il écrié

Voilà tout son bilan économico-financier que, aux électeurs, il a exposé

Esquivant les malheurs et les misères de mon peuple que, dans ce poème, j’ai rappelés

Par les files d’attente, devant les magasins – qui un kilo de sucre, qui un pain,…- symbolisés

Qui un médicament, qui un autre produit de première nécessité trouvés

En tant que candidat sortant, ce sont un bilan et un programme qu’il devrait présenter

Dans ce contexte, il convient de rappeler que nos réserves en devises sont assurées

Dans une bonne partie par les binationaux qui furent, par son régime, discriminés [6]

Qu’on nous avait promis une croissance de 3%, de 0,2%, elle a été

Que si l’inflation générale a légèrement baissé, elle continue à rester

À deux chiffres pour plusieurs produits comme les viandes ovines, les huiles alimentaires, le café [7]

Que la Tunisie est endettée à hauteur de 80% de son PIB

Que, une croissance faible – environ 0,4% en 2023 – elle connaît

Que le chômage y est élevé – autour de 16% – comme son taux de pauvreté [8]

Notre président parle de réussites ! On aimerait bien savoir où il les a trouvées ?

Mais, enfin, quand comprendra-t-il qu’un programme ne peut pas se limiter à un poing serré [9]

Ni à des bains de foule dans lesquels on va au contact de citoyens pour les assurer

De sa volonté pour que leurs conditions de vie, si Dieu le veut, soit améliorées

Ni à des embrassades et des accolades, aussi bien avec les plus jeunes qu’avec les plus âgés [10]

Ni à des déclaration du type : « Pour relever tous les défis, stable est notre volonté

Et notre détermination est forte pour remédier aux nombreux choix qui ont échoué

Depuis trois décennies ; jusqu’à ce que la justice soit rendue, le travail va continuer

Et que les besoins de base des services publics pour chaque citoyen soient enfin assurés » [11]

« Et celui qui croit, de l’étranger, à l’aide de mensonges, faire, le peuple tunisien, plier

Sache bien que ce peuple, pour faire échec à son complot, a assez de maturité » [5]

A-t-il affirmé. Revenons à son discours, à la fête de la République, prononcé [4]

« Ce qui s’est passé en Tunisie depuis 2021 ne s ‘est jamais passé

Dans aucun autre pays » a-t-il poursuivi dans sa lancée ; et il a égrainé

Les scrutins qu’il nous a imposés, qui, par des abstentions records, se sont soldés

Puisque, pour presque tous, seulement un Tunisien sur dix y a participé [12]

Malgré cela, à ses yeux, ce sont de grands succès exprimant la populaire volonté

Et il ne cesse de rappeler, avec fierté, qu’il les a organisés dans les délais

Jusqu’à croire qu’il les considère, du bilan de sa mandature, le meilleur succès

Ses attaques contre ses adversaires sont montées d’un cran dans ce discours, puisqu’il a déclaré :

« Sans oublier les individus qui bloquent les projets, trahissant leur pays, se sont jetés

Dans les bras du sionisme et, aux réseaux maçonniques en Tunisie, ont adhéré

Je sais parfaitement ce que je dis ». Ainsi, le candidat-président a parlé [4]

Terminons cet inventaire de ses « il faut », par celui qu’il a, dernièrement, adressé

En guise de programme, à Kamel Madouri, son premier ministre, fraichement nommé :

« Il faut prendre des mesures urgentes pour que les souffrances du citoyen soient allégées » [13]

Une fois que la situation catastrophique des services publics lui a été exposée

« Le Président de la République a aussi souligné que le rôle social de l’État est

Selon la constitution, d’assurer les services publics aux citoyens, tels que la santé

L’éducation, les transports, entre autres, rappelant que les ravages qui ont frappé

Ces divers services publics sont le résultat de choix imposés de l’étranger

Qui ont conduit à cette situation, joints à la corruption qui s’est propagée

Situation à laquelle des plans doivent être mis en place pour la surmonter » [13]

Il faut dire que ce discours du président est une constante, plus d’une fois réitérée

Où les bailleurs de fonds internationaux sont critiqués, sans jamais les nommer

Et il a tendance à exposer, plutôt, ce qui n’a pas été réalisé

Je disais donc, le volet socio-économique, pendant son ère, a régressé

Contrairement à celui des pertes des droits et libertés qui a progressé

Situation, par son décret 54 liberticide, matérialisée [6]

Qui pèse, constamment, sur nos droits et libertés comme une Damoclès épée

Visant tout opposant, citoyen lambda ou politisé

Déjà des prisonniers d’opinion, très divers, il en a fait

Parmi les politiques, les journalistes engagés, en premier

Qui faisaient leur métier avec courage, passion et sincérité

Avec l’envie de dénoncer les injustices et les improbités

Qui ont payé, lourdement, de leur liberté, pour nous éclairer [14]

Et parmi ses faits d’armes les plus éclatants qui resteront gravés

Dans le livre de ses exploits c’est d’avoir réussi à éliminer

Depuis février 2023, un à un, ses adversaires qui avaient

Le plus de chance de le détrôner, en les empêchant de candidater : [15]

Qui emprisonné, qui écarté par l’Instance électorale qu’il a nommée

Lui-même, illégalement, d’après un jugement qui a été prononcé

Par le Tribunal administratif, mais que ladite Instance a refusé

D’appliquer. C’est tout cela qui constitue son unique bilan, en vérité

Lui qui souhaitait concourir, mais, sans adversaire sérieux à ses côtés

Et qui, des idéaux de la Révolution, est de plus en plus éloigné

Et, il a décidé de concourir sans observateurs crédibles, tunisiens ou étrangers [16]

Mais, avec des observateurs russes avec qui, un traité de coopération, l’ISIE a signé [17]

Salah HORCHANI

»» https://blogs.mediapart.fr/salah-ho…

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