Par Andrew Korybko − Le 14 juillet 2024 − Source korybko.substack.com
Les États-Unis viennent de connaître un rappel à la réalité sur leur proximité avec le chaos.
Donald Trump, l’ancien président et prochain candidat républicain a survécu à une tentative d’assassinat lors d’un meeting politique tenu en extérieur en Pennsylvanie ce samedi 13 juillet, avant la convention nationale de son parti ; il a tourné la tête à la dernière seconde et a ainsi évité miraculeusement une balle qui n’a fait qu’effleurer son oreille. Le tireur a été abattu par les Services Secrets, mais un témoin a affirmé aux médias qu’il avait prévenu la police quant à la présence d’un homme sur le toit quelques minutes plus tôt, et qu’aucune action n’avait été menée par celle-ci.
Cette défaillance de sécurité est suspecte et ouvre l’hypothèse qu’au moins un membre des Services Secrets ait pu attendre volontairement que le tireur passe à l’action avant de le neutraliser, que ce soit par sympathie pour sa cause, ou peut-être parce qu’il se trouvait impliquait dans une forme de complot. Le tireur a été identifié comme étant Thomas Matthew Crooks, un Républicain connu. Au moment de la rédaction du présent article, on ne connaît pas son historique en ligne, ni la profondeur de son affiliation pour le Parti républicain.
À tout le moins, il ne fait aucun doute que la campagne de haine menée par les Démocrates et leurs alliés “Jamais pour Trump” aura joué un rôle pour radicaliser le suspect. S’il avait réussi à assassiner Trump, les États-Unis auraient très probablement sombré dans un désastre socio-politique, auquel ils n’ont véritablement échappé que d’un cheveu. De nombreux observateurs s’attendent à ce que de puissants donateurs démocrates contraignent prochainement Biden à quitter la course, ce qui amènerait le parti à choisir son candidat en dehors du processus théoriquement démocratique du parti.
Leurs homologues républicains en auraient fait autant de leur côté, surtout au vu du fait que Trump n’avait pas encore annoncé son choix pour le poste de vice-président au moment de la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet. Les deux partis auraient donc sans doute choisi des candidats qui n’auraient pas souscrit aux processus respectifs de leurs primaires, privant encore plus les Étasuniens de légitimité qu’ils ne le sont déjà. En théorie, les élections pourraient être reportées pour procéder à de nouvelles élections primaires, mais il n’est pas certain que le Congrès le permettrait.
Même si tel était le cas, l’article cité plus haut en lien rappelait au lecteur que le 20ème amendement de la Constitution désigne la fin des mandats de quatre ans du président et du vice-président à midi le 20 janvier [2025], ce qui contraindrait la présidente Harris de quitter son poste avant qu’un nouveau président soit élu. Le remplacement de son vice-président ne peut être faire l’objet que d’hypothèses, car le 25ème amendement stipule qu’il devrait être confirmé par un vote à la majorité par les deux Chambres du Congrès.
Que les élections fussent ou non reportées, les États-Unis continueraient d’être dirigés par l’“oligarchie au pouvoir” rapportée par Axios le mois dernier comme véritable pouvoir derrière Biden. L’analyse présentée ici, mise en ligne par hasard le même jour, notait que “le pays est dirigé par un réseau obscur d’élites transnationales et intérieures, qui sont unies par leur idéologie radicale libérale-mondialiste.” Ce groupe exploite simplement Biden comme porte voix pour légitimer publiquement l’ensemble de ses décisions.
Si les Démocrates conservent la Maison-Blanche, ou si un “Républicain Seulement de Nom” [“Republican In Name Only”, RINO] remplaçait Trump après l’assassinat de ce dernier, l’ancien président a promis à ses soutiens qu’il remplirait son ancienne promesse de “drainer le marigot“ s’il est réélu, et si son premier mandat suggère qu’il pourrait échouer de nouveau, il reste une chance qu’il puisse partiellement y parvenir. À tout le moins, son retour pourrait créer les conditions à des remplacements, qui pourraient ouvrir la voie à des conservateurs-nationalistes.
Cette perspective met en lumière les forces qui seraient heureuses qu’il soit assassiné, à savoir la clique libérale–mondialiste qui contrôle en secret la politique des États-Unis, et ils seraient également trop heureux que Trump n’ait jamais l’opportunité de mettre fin à leur dernière “guerre sans fin” en Ukraine comme il tient à le faire. Son potentiel successeur républicain pourrait essayer de marcher sur ses traces, mais pourrait également ne pas en avoir envie s’il s’agit d’un RINO, et c’est pour cette raison que mettre Trump à bas aurait pu changer la donne.
Sur le front intérieur, il ne fait aucun doute que les “shitlibs“ auraient propagé des images de la cervelle de Trump sur les réseaux sociaux et dans les villes pour inciter ses soutiens à la violence, et que certains de ces soutiens y auraient succombé après avoir été provoqués sans fin par ce type d’image. Les libéraux-mondialistes au pouvoir veulent depuis un moment radicaliser les membres du MAGA pour discréditer leur mouvement encore davantage et créer un prétexte crédible pour les réprimer en masse.
On ne peut pas non plus écarter que certains de ces soutiens nouvellement radicalisés auraient pu procéder à des opérations de “violence rétributive” en ciblant des dirigeants démocrates, fédéraux ou locaux, s’ils les jugeaient responsables de l’assassinat de Trump. Des célébrités et influenceurs notoirement anti-Trump auraient également pu se faire prendre dans une campagne sanglante de cette nature, qui aurait pu déboucher sur l’instauration de la loi martiale dans certaines régions du pays ; Trump aurait au demeurant dû déclarer la loi martiale lors de la campagne de terrorisme urbain lancée par les Démocrates à l’été 2020.
La structure socio-politique des États-Unis auraient très facilement pu éclater en morceaux si Trump n’avait pas tourné d’un coup la tête à la dernière seconde, évitant ainsi miraculeusement ce scénario du pire, d’un cheveu. On ne dispose d’aucune garantie que cela ne puisse pas se reproduire, et il est impératif que Trump annonce sur-le-champ son choix de vice-président, et choisisse idéalement quelqu’un qui fasse également peur à l’élite libérale-mondialiste afin de réduire les chances de se faire tuer.
Nonobstant les événements à venir, les États-Unis viennent d’avoir un aperçu de leur proximité avec le chaos ; et cela indique à quel point la situation a empiré depuis 2016. La radicalisation partisane et les projets menés par les élites ont toujours été présents, mais ils ont atteint des niveaux sans précédent depuis que Trump est devenu le candidat républicain à l’époque. L’homme reste un candidat imparfait criblé de défauts personnels, mais sa réélection constitue la dernière chance de sauver les États-Unis d’eux-mêmes s’il réussit à mettre en œuvre ses projets ambitieux.
Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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