Si l’expression est apparue lors de la Première Guerre mondiale, elle n’a plus le même sens aujourd’hui. Elle traduit surtout la volonté de l’exécutif de « passer à la vitesse supérieure » en matière de défense.
La guerre en Ukraine au cœur de l’agenda politique français. Mercredi 6 mars, Emmanuel Macron a rencontré les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande afin de parler de l’évolution du conflit et de l’aide apportée à Kiev. Jeudi, le chef de l’État réunit les leaders des principaux partis politiques à l’Élysée pour évoquer la situation en Ukraine, avant un débat et un vote au Parlement.
Les oppositions ont récemment critiqué les propos d’Emmanuel Macron, qui n’a pas exclu l’envoi à terme de troupes occidentales en Ukraine. Depuis près de deux ans, le président français insiste aussi sur l’importance d’une « économie de guerre » en France et en Europe, pour mieux soutenir Kiev et répondre à Vladimir Poutine. « Une victoire russe, c’est la fin de la sécurité européenne », a-t-il alerté lors de ses vœux aux armées le 19 janvier.
« La France a un rendez-vous avec son industrie de défense, une industrie en mode économie de guerre »
Emmanuel Macron lors de ses vœux
Que signifie le concept d’économie de guerre ? Quel sens revêt-il aujourd’hui avec la guerre en Ukraine ?
Une logique inversée
Derrière les déclarations, la notion d’économie de guerre a une définition historique bien précise. « L’économie de guerre, c’est la mobilisation radicale de toutes les ressources économiques d’une nation en faveur d’un effort de guerre », rappelle Olivier Kempf, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique.
Pour cet expert, une telle économie implique « une transformation de l’appareil de production » à la fois agricole, industriel, humain ou logistique « vers la production de ressources pour la guerre ». L’objectif est donc de fabriquer des munitions et des armes, mais aussi de fournir par exemple à manger aux forces armées mobilisées au combat.
La guerre vient alors bousculer le modèle économique en place. « On change complètement la logique traditionnelle du rapport des États aux entreprises, note Renaud Bellais, codirecteur de l’Observatoire de la défense à la Fondation Jean-Jaurès. Nous sommes dans une logique d’organisation, pas une logique marchande. Car nous avons un problème d’urgence : le besoin de grande quantité d’équipements, rapidement. »
« On sort d’une économie de marché traditionnelle avec la planification de l’effort de guerre »
Renaud Bellais, spécialiste de l’économie de la défense
L’État doit dès lors « s’assurer que les acteurs économiques sont bien coordonnés » pour répondre aux besoins du front.
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« Aujourd’hui, personne n’y est réellement », confirme Olivier Kempf. Un pays en guerre comme la Russie a dédié 5,8 % de son PIB à la défense l’an dernier. Cette année, elle doit porter cet effort à 7,5 % du PIB, d’après l’Institut international des études stratégiques. Les États membres de l’Otan en sont très loin : ils seront 18 (sur 31) à franchir le seuil de 2 % du PIB dédié à la défense cette année. Aux États-Unis, les dépenses militaires représentent 3,5 % du PIB, contre jusqu’à 37 % en pleine Seconde Guerre mondiale, d’après Renaud Bellais.
Qu’entend donc exactement Emmanuel Macron, lorsqu’il insiste sur cette nécessité d’un passage à une économie de guerre ? Les propos du chef de l’État sur « une entrée dans une économie de guerre », lors de son discours sur les industries de défense le 13 juin 2022, ont marqué les esprits.
« C’est d’abord de la communication. C’est une expression qui frappe l’imaginaire et qui peut servir à mobiliser les esprits »
Olivier Kempf, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique
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Ce discours se diffuse aussi à travers l’Europe, sur fond de possible recul de l’aide américaine à Kiev. Les propos récents sur l’Otan de Donald Trump ont agi comme un nouvel électrochoc. L’ancien président, qui aspire à un retour à la Maison Blanche en janvier, a prévenu que Washington ne viendrait pas en aide à un État-membre de l’Otan attaqué par la Russie, s’il juge que ce pays ne dépense pas assez en matière de défense. « Nous devons passer en mode économie de guerre pour l’industrie de défense, pour pouvoir fournir à l’Ukraine ce dont elle a besoin et pour notre propre sécurité », a appuyé Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, sur franceinfo.
Un investissement pour la défense
Quand Emmanuel Macron et l’ancien ministre parlent d’économie de guerre, ils impliquent « un réarmement industriel », décrypte Renaud Bellais. « C’est un sursaut, une préparation pour être capable de réagir » en cas de conflit, précise le chercheur. Il s’agit « de faire changer d’échelle et de rythme l’industrie de la défense », en second plan depuis des décennies dans un contexte d’après-Guerre froide.
« Il faut réapprendre à travailler plus rapidement, accélérer le rythme pour faire plus et plus vite »
Renaud Bellais, spécialiste de l’économie de la défense
Dans un rapport sur « l’économie de guerre », le député Horizons Christophe Plassard reconnaît volontiers que « notre modèle militaire et industriel, marqué par plusieurs décennies d’arbitrages budgétaires, n’est pas prêt pour un affrontement majeur ».
Lire l’article entier sur francetvinfo.fr
France 24 y croit
Le projet est de tripler la production, dit la voix off, qui est de 55 000 obus en 2024, à 160 000 en 2026.
Sachant que la Russie tire environ 30 000 obus par jour, et que la Corée du Nord lui en a livré 3 millions récemment, calculez la durée de vie de l’artillerie française sur le front russe (ou ukrainien) d’ici 2026…
Le Sénat adopte le texte sur le financement des entreprises
de la défense par le livret A
C’est à une large majorité, par 244 voix contre 34, que le Sénat a adopté mardi la proposition de loi sur le financement des entreprises de l’industrie de défense française, présentée par le sénateur LR Pascal Allizard.
[…]
L’objectif du texte est de soutenir le financement des entreprises de défense française. L’idée est d’affecter une partie des ressources collectées par le livret A et le livret de développement durable et solidaire vers les entreprises de l’industrie de la défense, notamment petites et moyennes. (…)
« La droite décide de détourner l’épargne populaire pour financer l’industrie de guerre », dénoncent les sénateurs PCF
Dans un communiqué, le groupe des sénateurs communistes a dénoncé cette proposition de loi, qui vise à financer la défense, « au mépris d’une conception historique du rôle de l’épargne dans le financement de l’intérêt général ». « La droite décide de détourner l’épargne populaire pour financer l’industrie de guerre. C’est une marche supplémentaire dans l’escalade verbale qui rompt avec la position traditionnelle de la France, attachée à la diplomatie en premier recours », dénonce le groupe CRCE-K.
« L’épargne populaire servait, avant 2009, uniquement aux missions d’intérêt général et singulièrement au financement du logement social et de la politique de la ville », rappellent les communistes. Ils accusent la mesure de spoiler « les petits porteurs qui ignorent où disparaît leur épargne, faute de transparence du réseau bancaire ».
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« C’est un appel à l’épargne pour embrigader l’opinion et l’impliquer dans une guerre qui deviendrait inéluctable, en harmonie avec les propos d’Emmanuel Macron. Nous restons mobilisés pour faire échouer cette proposition de loi et toutes celles qui s’attaqueront à l’épargne populaire », concluent les sénateurs communistes.
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« On n’est pas prêts ! »
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation