Changement de genre : le Danemark prend du recul
Dans une publication récente, le journal de l’Association médicale danoise, Ugeskrift for Laeger, analyse l’approche du Danemark sur la question du changement de genre chez les jeunes. Comme d’autres pays (cf. Transition de genre chez les mineurs : le volte-face du NHS ; Missouri : 19e Etat à interdire les procédures de changement de genre pour les mineurs), le Danemark a choisi d’opérer « un changement discret mais résolu » en fournissant aux jeunes qui souhaitent changer de genre un soutien et des conseils thérapeutiques plutôt que des bloqueurs de puberté, des hormones ou une intervention chirurgicale.
Un changement de cap
Alors qu’en 2014, seulement 4 cas pédiatriques documentés demandaient un changement de genre, le nombre de cas référés a très fortement augmenté pour atteindre 352 cas en 2022. En 2018, le service centralisé du Danemark chargé des questions d’égalité entre les sexes a autorisé le changement de genre de 65% des jeunes qui lui étaient adressés. Mais, en 2022, seuls 6% des cas référés ont eu accès à des bloqueurs de puberté et/ou à des hormones pour changer de genre. Désormais, aucun mineur n’est autorisé à subir une intervention chirurgicale.
Des mesures prudentes
Plusieurs raisons, expliquées dans l’article d’Ugeskrift for Laeger, explique ce renversement. Tout d’abord, plusieurs praticiens danois ont réalisé que les preuves étaient insuffisantes (cf. Les traitements pour prévenir le suicide des personnes transgenres ? La réponse de 21 experts de 9 pays). Leurs données reposaient uniquement sur des rapports émanant de la clinique du genre d’Amsterdam selon lesquels « une thérapie hormonale précoce entraînait de meilleurs résultats psychologiques et physiques et moins de besoin de chirurgie à l’âge adulte », ainsi que « la satisfaction du corps, de faibles taux de regrets et peu d’effets secondaires ». Mais face au taux croissant de détransitions (cf. Changement de genre : une jeune Américaine porte plainte), la « permanence de l’identité transgenre » est remise en cause.
De plus, l’augmentation du nombre d’adolescents de plus de 11 ans qui sont orientés vers des cliniques de changement de genre est un signal d’alarme (cf. Dysphorie de genre : les patients toujours plus jeunes). Les auteurs font allusion à « l’influence sociale » qui pourrait contribuer, en plus de la facilité d’accès aux traitements, à l’augmentation rapide des demandes.
Le taux élevé de comorbidités psychiatriques comme la dépression, l’anxiété, les pensées suicidaires, l’automutilation, les troubles du spectre autistique ou les troubles de l’attention, doit également être pris en compte (cf. Un lien entre dysphorie de genre et trouble du spectre autistique).
Des lignes directrices mises à jour
En raison de ces préoccupations et des changements survenus au niveau international (cf. USA : au Sénat, une proposition de loi pour interdire les traitements de changement de genre pour les mineurs), le Danemark a restreint l’accès au traitement hormonal de changement de genre pour les mineurs. Plusieurs principes seront inclus dans les lignes directrices mises à jour. Tout d’abord, une évaluation psychologique approfondie est nécessaire pour déterminer si le souhait de changer de genre est lié à un trouble psychiatrique. Les mineurs seront orientés vers des conseillers pouvant leur apporter du soutien tout en évitant les procédures médicales.
Alors que les mineurs de moins de 15 ans ne seront pas considérés comme capables de donner leur consentement, ceux compris entre 15 et 18 ans pourront consentir à un traitement médical mais la priorité sera donnée au conseil (cf. « Transition de genre » : le mineur apte à consentir ?). De plus, le rôle des parents quel que soit l’âge est souligné. « Dans l’idéal, toutes les décisions sont prises en consultation avec les parents ». Pour ceux qui feront l’objet d’une procédure de changement de genre, le caractère irréversible est mentionné ainsi que les risques pour la santé. Enfin, les interventions chirurgicales pour les mineurs ne seront plus autorisées.
Source : SEGM (17/08/2023) – Photo : iStock
Source : Génethique
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