Fin novembre, sous l’impulsion de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS), le 13e Forum mondial du socialisme s’est tenu à Pékin, en présence d’un grand nombre d’universitaires et de dirigeants chinois, ainsi que de 73 délégués internationaux venus de plus de trente pays étrangers, de tous les continents.
Après le forum central de Pékin, l’expérience des délégués internationaux s’est poursuivie dans d’autres villes chinoises, puisque d’autres forums ont été organisés dans les villes de Jinan et Suzhou, dans les provinces orientales de Shandong et Jiangsu respectivement. Ce programme, en plus d’offrir aux délégués l’occasion précieuse d’un voyage unique dans la Chine contemporaine et de leur permettre de mieux la connaître, a mis en évidence l’importance pour les camarades chinois de renforcer les liens avec les communistes du monde entier et d’approfondir la réflexion et la recherche marxistes.
Fin novembre, sous l’impulsion de l’Académie chinoise des sciences sociales (CASS), le 13e Forum mondial du socialisme s’est tenu à Pékin, en présence d’un grand nombre d’universitaires et de dirigeants chinois, ainsi que de 73 délégués internationaux venus de plus de trente pays étrangers, de tous les continents.
Le Forum s’est tenu dans un lieu évocateur et symbolique : l’Académie chinoise d’histoire, située au nord de Pékin, près du stade olympique « nid d’hirondelle » et du musée du parti communiste chinois. Le bâtiment en forme de « ding », le chaudron de bronze traditionnel utilisé dans la Chine ancienne lors des rituels de culte des ancêtres, abrite l’une des principales institutions de recherche historique du pays, une filiale de la CASS établie en janvier 2019. Fait significatif, ce bâtiment, ainsi que le siège des Archives nationales chinoises des œuvres et de la culture (situé encore plus au nord, près des montagnes Yanshan), a été visité en juin dernier par Xi Jinping lui-même, qui a prononcé un discours sur l’importance stratégique de la culture et de l’histoire pour la Chine. Si l’on n’apprend pas à connaître la Chine dans la continuité de sa longue histoire », a répété Xi à cette occasion, « il n’y a aucun moyen de comprendre la Chine ancienne, ni de comprendre la Chine moderne, et encore moins la Chine de l’avenir ». Et ce n’est pas un hasard si l’une des étapes organisées pour les délégués internationaux s’est également déroulée dans la ville de Qufu, lieu de naissance de Confucius, dont l’influence sur la culture chinoise est importante et qu’il est sans doute temps que les étrangers comprennent également (et, surtout, parviennent à contextualiser correctement), afin de comprendre la Chine du présent et de l’avenir.
Avant tout, il est important de saisir un point : si le lieu de l’Académie chinoise d’histoire, récemment visitée par le Secrétaire général du PCC, a été choisi pour accueillir les travaux du 13e Forum mondial du socialisme, cela montre bien l’importance que la CASS a accordée à cet événement et, surtout, l’importance que ce Forum a acquise au fil des ans. Ce dernier aspect se reflète également dans le fait que les travaux ont été ouverts par d’éminents dirigeants et universitaires marxistes chinois, à commencer par Gao Xiang, président de la CASS.
Le thème central du Forum de cette année était la construction de la Communauté de destin partagé pour l’humanité et le développement du socialisme mondial. Dans son discours, le président Gao Xiang a souligné que ce concept – dont nous célébrons le dixième anniversaire – montre clairement l’engagement de la Chine en faveur des intérêts communs de toute l’humanité et est le résultat de l’intégration de la culture chinoise traditionnelle et des principes fondamentaux du marxisme. Cela nous amène à nous familiariser avec un aspect essentiel. Bien que le marxisme chinois ne puisse être adopté et simpliquer dans différents contextes socio-économiques, historiques et culturels, cela ne signifie pas qu’il ne doive pas être étudié rigoureusement afin d’en adopter les aspects méthodologiques. En fait, cet engagement des marxistes chinois à adapter les principes clés du marxisme aux caractéristiques particulières de leur propre pays et à l’entrelacer avec la culture traditionnelle est l’un des aspects centraux auxquels le marxisme en Italie, qui traverse actuellement une crise très profonde, ferait bien de se confronter.
Pendant le Forum, en écoutant les discours des universitaires et des dirigeants politiques communistes des délégations internationales, je me suis souvenu d’une fois où j’avais assisté au quatrième Forum social mondial à Mumbai, en Inde, en 2004. Lors d’un atelier organisé par les forces communistes, des représentants non officiels des pays socialistes ont pris la parole. Après son intervention, la camarade chinoise a été inondée de questions (et de quelques critiques) de la part de militants communistes de différentes parties du monde, qui n’arrivaient toujours pas à comprendre ce qu’était le « socialisme aux caractéristiques chinoises », comment le PCC pouvait gouverner les forces du marché et les utiliser pour développer les forces productives sans ouvrir la porte au retour du capitalisme. Ce souvenir ressemble aujourd’hui à une vieille carte postale jaunie d’une époque complètement dépassée. Les délégations communistes présentes cette fois au Forum de la ACSS ont non seulement bien compris la position du PCC sur les points qui semblaient les plus sensibles en 2004, mais certains des concepts marxistes promus par les communistes chinois sont désormais devenus des mots d’ordre pour les marxistes du monde entier. Et cela a représenté, à mes yeux de simple observateur, le saut quantique que le marxisme chinois a pu faire ces 20 dernières années sur la scène internationale. Et une contribution importante a été apportée précisément grâce au foyer d’idées et d’innovations que le PCC a pu produire et, avec lui, au travail de recherche et de promotion du marxisme chinois effectué par la CASS et, en particulier, par l’Académie du marxisme, le Centre de recherche sur le socialisme mondial et le Centre de recherche sur la pensée Xi, entre autres.
Au fil des ans, le CASS a expérimenté un mécanisme de travail qui s’est avéré fructueux. Non seulement pour la qualité des rapports et des débats, mais aussi pour la forme utilisée. Pendant près de deux semaines, 70 délégués communistes ont eu l’occasion de se confronter à l’expérience chinoise d’une part (grâce au voyage dans le pays) mais surtout entre eux. Nuit et jour, les camarades ont pu discuter et se confronter sur les grands thèmes du cadre international et de leurs expériences nationales respectives, développant ainsi des relations humaines et politiques véritablement profondes et une connaissance approfondie de la Chine. En outre, la décision d’inviter ensemble des dirigeants politiques et des intellectuels a permis de canaliser la discussion sur la bonne voie, qui évite à la fois l’excès de formalisme typique des débats entre partis et l’abstraction excessive de certains débats académiques. C’est précisément pour cette raison que, dans cette édition, les camarades cubains ont exprimé la nécessité d’approfondir ces échanges, en adoptant précisément cette formule, en proposant une « régionalisation » du Forum et en travaillant à la construction d’un Forum en Amérique latine.
Comme le démontre notre expérience en Italie, grâce à l’engagement et au soutien de l’Académie du Marxisme qui, depuis cinq ans, envoie en Italie une importante délégation d’universitaires et de dirigeants marxistes chinois, nous permettant une confrontation entre des communistes de différentes positions et des intellectuels de premier plan, le travail culturel et idéologique de ces forums laisse une marque profonde et aide les camarades impliqués à réfléchir sur les questions cruciales de notre temps, dans une perspective marxiste.
Dans la phase d’extrême fragmentation et de difficultés dans laquelle se trouvent de nombreuses forces marxistes et communistes dans le monde, la reprise d’une initiative marxiste à grande échelle au niveau international est un signal très important pour elles. En particulier pour les marxistes d’Europe qui ont vécu et intériorisé la crise profonde consécutive à la contre-révolution impulsée en 1989/91, cette nouvelle initiative est le signe d’un changement profond de la dynamique mondiale. Et quand demain les historiens écriront sur l’histoire moderne, si riche en accélérations et en sauts brusques, et avec elle celle du mouvement communiste et ouvrier mondial, je suis sûr qu’ils parleront de l’expérience de ces forums comme d’un incubateur d’une nouvelle forme d’internationalisme.
7 Janvier 2024
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir