Que celui qui n’a pas entendu parler des « Poseïdon » embarqués par les sous-marins nucléaires russes K-239 Belgorod prenne le temps de lire un des articles décrivant cette arme ultime.
Et nous allons aussi laisser de côté l’Opération Spéciale menée par la Russie contre l’OTAN , qui lui vaut à juste titre les Unes médiatiques, pour nous intéresser à l’autre versant du conflit, celui des sanctions.
Longue est la liste des sanctions activées par les EU : un pdf de 88 pages en donnera une petite idée à ceux qui ne peuvent s’endormir qu’en comptant des moutons.
Master Sanctions List – August 15, 2023 (state.gov)
Le Président Trump a manifestement regardé les sanctions économiques comme une une option plus attractive que les outils militaires. Une option qu’il a rapidement utilisée et/ou renforcée contre l’Iran, le Venezuela, Cuba, la Russie, et la Chine en particulier.
Pour rappel, Trump avait nommé Wilbur Ross ministre du commerce.
24 ans chez Rothschild en tant que « responsable de l’activité de conseil en insolvabilité et restructuration de l’entreprise » (un tueur pour faire court) : Ross avait le profit ad’hoc.
Trump avait aussi choisi comme conseiller Peter Navarro, écrivain à succès, qui avait basé ses ouvrages d’anti-chinois forcené sur les témoignages de Ron Vara.
Amusant… Il s’est avéré que ce fameux Ron Vara était un caractère totalement fictif, dont le nom est l’anagramme de Navarro.
En mai 2019, le Ministère américain du Commerce place Huawei sur sa liste noire (blablabla, sécurité nationale, blablabla).
Plus le droit d’utiliser Android, plus le droit de recevoir ses propres circuits intégrés que le groupe faisait fabriquer en sous-traitance à Taïwan : l’activité smartphones de Huawei est condamnée.
Les EU obtiennent en outre l’interdiction des équipements de télécommunications Huawei dans les pays qui leur sont soumis (G7, OTAN…), maintenant ainsi leurs capacités d’espionner leurs alliés.
Cerise sur le gâteau, la saga Meng Wanzhou : la fille du fondateur, responsable financier, est arrêtée par les autorités canadiennes sur la base d’un dossier foireux monté par HSBC pour échapper à la condamnation qui leur pendait au nez aux EU.
Soit dit en passant, cette affaire a toujours été comparée par les médias chinois au traitement subit par Frederic Pierucci qui n’aura, malheureusement pour lui, reçu aucun support de son groupe et du gouvernement français.
Trois ans coinçée au Canada, avec un bracelet à la cheville, croyez-moi, Meng Wanzhou qui a pris la tête du groupe Huawei, fallait pas l’enerver, et elle n’a pas fini de présenter l’addition.
En plus du coup de massue sur Huawei, l’administration aura réussi à obtenir un accord commercial avec la Chine qui a profité aux céréaliers étasuniens. L’histoire ne dit pas toujours que cela s’est fait aux dépends des producteurs Autraliens. Rien de nouveau sous le soleil, les alliés des EU seront toujours les premiers cocus.
Mais à part ça, les conséquences sur le déficit commercial annuel de 800 milliards de dollars avec la Chine sont restées limitées. Quant aux taxes sur les importations, elles auront mis en route la tendance inflationniste.
C’est pourquoi quelques économistes naïfs ont pensé que l’administration Biden se montrerait plus raisonnable et pondérée. Quelle blague… Washington ne vit que pour maintenir son empire au-dessus de tous les autres, quels que soient les conséquences pour les peuples.
Sous Joe Biden, Gina Raimondo a pris le relais.
C’est un obscur Bureau de l’industrie et de la sécurité des États-Unis (BIS) qui est responsable des sanctions. Le BIS est minuscule : 350 agents et fonctionnaires, un budget de 140 millions de dollars, pour surveiller des transactions d’une valeur de plusieurs milliers de milliards de dollars dans le monde entier.
Les sanctions se sont faites plus dures, et ont pris pour objectif non seulement d’empêcher tous les industriels chinois de produire des circuits intégrés performants.
Mais aussi de se les procurer.
Sans ces circuits, impossible de développer l’AI et ses applications militaires (essaims de drones, systèmes de défense…).
Et la production de ces composants est si complexe qu’il faudra certainement au moins 10 ans à la Chine pour acquérir des capacités industrielles indépendantes très inférieures en termes de performance.
Un plan de 280 milliards de dollars (The CHIPS and Science Act of 2022) est adopté par le Congrès des EU en juillet 2022 pour subventionner les entreprises étasuniennes, développer la recherche et la production locale de semi-conducteurs. L’UE fait semblant de pouvoir réagir face à ces aides massives.
Et pour blinder leur position hégémonique, le 7 octobre 2022, les autorités étasuniennes obligent les pays alliés (Japon, Corée du sud, Pays-bas) à accompagner ce diktat.
Par le biais de ces contrôles à l’exportation, en interdisant les ventes de circuits intégrés à la Chine, leur premier marché mondial, les fournisseurs occidentaux, japonais, taïwanais et coréens sont face au plus sérieux des problèmes : la Chine achète habituellement leurs composants pour une valeur de 400 milliards de dollars. Beaucoup plus que les achats de pétrole, ou que le budget militaire chinois.
Un article du New York Times de juillet 2023 traduit assez bien les enjeux.
Les medias se focalisent habituellement sur les machines à « graver » les milliards de transistors dans le silicium, les machines de lithographie aux ultraviolets extrêmes (EUV) fabriquée par ASML, une société néerlandaise.
Simplifications abusives, les UV dissolvent en fait des films photoresist déposés sur une couche de silicon dioxyde.
Et ce ne sont là que quelques points d’étranglement parmi des dizaines d’autres : les matériaux purs, les machines de test, les logiciels de conception… Tant de choses que les entreprises chinoises achètent à l’étranger.
Mais pensons-y… 400 milliards de dollars d’importations annuelles, quelle formidable motivation pour les entreprises nationales chinoises à rattraper leur retard.
Fin août 2023, Gina Raimondo, la grande prêtresse des sanctions arrive en Chine pour des « discussions constructives » avec son homologue chinois.
Peut-être aurait-il fallu se montrer moins sûr d’être en position de force.
Car sous l’impulsion de Huawei, des talents scientifiques de tout premier plan comme Mao Wei, Luming Duan sont revenus au pays.
Films photoresist, matériaux purs, machines de test, logiciels de conception… La Chine avait d’ores et déjà des solutions locales.
Il y a eu aussi un logiciel qui concurrence les produits du groupe ORACLE. Et cet autre logiciel, Harmony, qui permet de se passer d’Android.
Mardi 29 août… Surprise surprise.
Juste pendant la visite de Gina Raimondo,
Huawei met en pré-vente son tout nouveau smartphone, le P60 Pro.
Sans aucune annonce préalable, rien d’autre que le bouche à oreilles.
Le site officiel de Huawei est étonnament discret sur les performances ou les composants utilisés : ce sont les premiers utilisateurs qui filment les débits de données atteints par l’appareil.
Les circuits, l’écran, les caméras, les matériaux du boîtier, le système d’exploitation Harmony… Tout est conçu et fait maison, avec des technologies originales. Aucune autre société au monde ne peut en faire autant.
Détail stratégique : l’appareil permet d’échanger vidéos et messages directement par satellite sans équipement supplémentaire.
Les dirigeants d’Apple qui ont prévu de lancer leur dernier modèle le 12 septembre prochain sont restés silencieux. Quoi qu’il arrive, ils savent qu’ils ont perdu des millions de ventes sur le marché chinois.
Jack Sullivan annonce que le gouvernement a commandé une analyse technique des composants de l’appareil. Un abîme de 400 milliards de dollars s’est ouvert devant ses pieds.
Le Président de la Corée du Sud annonce vouloir relancer une coopération trilatérale avec la Chine et le Japon (tremble Samsung…).
Huawei annonce un logiciel concurrent de Windows dans les mois qui viennent. Et je parie qu’il y aura bientôt un PC chinois, sans processeur Intel, enfin débarassé des logiciels espions illégaux de la NSA.
Je vous l’ai dit… Fallait pas énerver Meng Wanzhou.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir