Les faits : le rappeur Médine (ou Médine), malgré son tweet sur Rachel Khan, a été invité aux universités d’été d’EELV puis de LFI les 24 et 26 août 2023, ce qui a soulevé l’indignation de toute la classe politico-médiatique soumise au pouvoir profond.
Les dirigeants d’EELV et LFI ont tordu la bouche sous les coups, mais ils ont besoin de Médine, en qui ils voient un représentant des quartiers, soit le vote musulman qui a permis à LFI de passer de 17 à 75 députés en 2022. Comme tout bon rappeur qui a plus de gueule que de couilles, Médine a mis un genou à terre et a rapidement présenté ses excuses à Rachel, qui n’est objectivement rien, si on lui retire la protection de la Badinter.
Rappel : la milliardaire a déclaré, dans L’Express en octobre 2020, après la mort de Samuel Paty :
Voici le mea culpa de Médine dans Paris-Normandie :
Alors pourquoi ce tweet qualifié de nauséabond sur Rachel Khan ?
« C’est une réponse à quelqu’un qui m’attaque en me traitant de “déchet à trier”, en lien avec les universités d’été. Je réponds en parlant de Rachel Khan qui vient du hip-hop, reçoit des compliments sur son livre de Marine Le Pen. Mon tweet parlait de ça, c’est une maladresse avec le mot rescapé qui ne prenait pas en compte la charge historique. Je ne savais pas qu’elle avait une histoire familiale liée à la Shoah. Ma propre famille utilise ce mot “khan” avec la même orthographe, c’est un sobriquet familial depuis cinq ans. J’appelle ma famille la “Khan family” parce que mon dernier fils s’appelle Gengis en référence à Gengis Khan (figure mongole).
On se fédère autour de ce terme qui a une sonorité poétique. Je m’excuse aussitôt de la maladresse auprès de la personne et auprès de ceux qui ont pu être heurtés par ce jeu de mots. Des excuses inaudibles. Je lutte contre l’antisémitisme, poison que l’on doit combattre, depuis vingt ans. On me taxe d’antisémite et cela me broie. Si ce tweet avait été antisémite, il aurait été attaqué depuis longtemps. »
Médine a donc marché sur une mine, comme les gauchistes d’EELV et LFI qui l’ont invité et défendu pendant le shit storm : les radios et télés communautaires se déchaînent contre le nouvel « antisémite ».
Le courageux député Renaissance Mathieu Lefèvre, « président du groupe d’études sur l’antisémitisme » (?), rappelle qui fait la loi dans notre beau pays :
« On ne débat pas avec les antisémites, on les combat. »
Sur Radio J, le même Lefèvre, qui assimile Medine à Dieudonné et Alain Soral, exige l’extradition des « personnes installées à l’étranger » :
Mélenchon, qui a défendu Médine en arguant qu’il n’était « pas raciste », incarne dans une France soumise au lobby juif le difficile, voire, l’impossible calcul de la gauche : quand on a perdu les ouvriers (partis au FN) depuis la trahison socialiste de 1983, il reste le prolétariat des banlieues pour se refaire électoralement. Mais ce faisant, on est obligé de coller un minimum à l’exaspération anti-israélienne des quartiers, et c’est là que le curseur bloque, de l’autre côté : on se retrouve avec une Badinter armée d’une massue au coin de la rue.
Si Mélenchon fait parfois des incursions verbales contre la politique israélienne en Palestine, il regalope aussitôt au centre avec son discours sur la laïcité, la République, le triangle rouge des déportés politiques, toutes ces salades. Issu et formé par la franc-maçonnerie de gauche tendance Bauer, il ne peut pas aller plus loin. Un étage au dessous, Médine, c’est le rap de mauvaise qualité complètement sous contrôle, qui joue avec la clôture sans jamais la franchir : nous dirons que c’est le Mélenchon du rap.
Kery James avant lui, incarnait pour la banlieue le soutien à la Palestine, où il voyage en 2009 et revient avec un album. En 2016, son clip Racailles vise les racailles d’en haut, mais il revient lui aussi très vite dans le giron de l’antiracisme, bien confortable, en traitant Alain Soral de « négrophobe ». Médine, lui, soutiendra du bout des lèvres Dieudonné en 2012, mais pondra un texte assez inepte sur le président du premier site politique français en 2014.
Finalement, après quelques aboiements, tout le petit monde du rap finit par retourner à la niche, qui est d’ailleurs sous contrôle d’une poignée de producteurs communautaires.
Archive 2012 : Médine sur Dieudonné (à 4’07)
Archive 2014 : quand Médine s’en prend à Soral
« Entre Maître de Cérémonie et Maître Quenellier
Entre linge sale et lynchage médiatique
Entre « voici mon Rap » et le Rap de Voici
Entre Artiste prodige et pur produit hard-discount
Trouve-moi entre la rime riche et l’art de pauvre !
Entre l’homme de cause et le leader low-cost
Entre drame de l’étoile jaune et commerce de l’Holocaust
Entre porter le gros nez rouge et le Bonnet rouge
Entre le sous-Français et le Français de souche
Entre le polémiste et le populiste
Entre le « Un pour tous, tous pour un » et « tous contre le tous pourris ! »
Entre la Peste et la Paix
Entre « enfoiré de Soral » et Solaar aux Enfoirés ! »
Les paroles complètes sont ici.
Médine incarne donc le drame du rap français, comme Mélenchon incarne celui de la gauche française. Représentant un temps la jeunesse immigrée, Médine la dirige vers la gauche, qui la dirige ensuite contre le mouvement national, c’est-à-dire les Français eux-mêmes. Le rap vise les Blancs, les flics, les Français (« céfran »), mais rarement (il y a Freeze Corleone) le pouvoir profond incarné par le CRIF.
A-t-on déjà entendu une chanson sur Élisabeth Badinter, qui appelle quand même à la guerre contre les islamistes, soit, dans sa bouche, contre les musulmans d’en bas, amalgamés à des terroristes potentiels ?
Comment passer pour un dur tout en faisant le tapin
L’équation impossible du couple Mélenchon-Médine est là : comment plaire au feuj sans énerver le beur, et comment plaire au beur sans énerver le feuj. Le curseur est évidemment au centre, avec des petits coups calculés à gauche et à droite, un jeu à somme nulle, surtout pour les électeurs et les jeunes, les cocus de service.
Ce débat sur l’antisionisme et la gauche n’est pas nouveau, il a opposé en 2003 Pascal Boniface à DSK. En 2002, Boniface proposait même d’inscrire Israël sur la liste des pays de l’axe du mal ! Le fondateur de l’IRIS sera exclu du PS devant la montée du « socialiste » qui incarnera, jusqu’à sa chute en 2011, la mainmise de la finance internationale sur la gauche de gouvernement.
Au fond, en laissant Mélenchon jouer à ce jeu tordu, le pouvoir profond contrôle et Mélenchon ET l’électorat musulman. Derrière l’affaire Medine, il y a la volonté de purger – et après on critique Staline – la gauche EELV et LFI de ses éléments anti-israéliens, qui sont aussi résolument anticapitalistes, l’anticapitalisme étant en effet le fondement de l’écologie française. C’est ce qui vient à l’esprit quand on écoute Corinne Lepage sur Radio J.
Les anti-impérialistes de gauche, forcément antisionistes, sont devenus malgré eux des antisémites sous les coups de baguette magique de BHL, qui associe une opinion politique de résistance à de la « haine », si possible condamnable. Voilà pour la triste gauche française.
Invitation de Médine aux universités d’été des Verts « J’assume que nous ayons fait une erreur. Le problème n’est pas Médine, c’est nous. On a cherché le buzz, on l’a eu de la pire des manières possibles. On ne badine pas avec l’antisémitisme”, dit Marie Toussaint. pic.twitter.com/q573bLdRxv
— franceinfo (@franceinfo) August 23, 2023
À droite, le ménage a été bien fait : la droite libérale a été mise au pas depuis longtemps, on l’a vu avec Sarkozy, et la mise au pas de la droite nationale est plus récente avec l’acceptation de Marine Le Pen dans l’arc républicain, sous la surveillance du CRIF et de la LICRA. Au besoin, elle servira un jour pour éteindre l’incendie grandissant des banlieues…
Darmanin, dans la lignée des ministres de l’Intérieur liés au pouvoir profond (Sarkozy, Cazeneuve, Nunez), la voit potentiellement gagner en 2027.
Ainsi, il ne reste, pour le lobby juif français qui est l’émanation du pouvoir de l’argent, plus grande résistance dans le paysage dit démocratique. L’affaire Medine reflète une ligne de faille de la société française, qui a été fracturée à dessein : nous sommes au cœur de la collusion entre deux communautés, celle qui a le pouvoir sans le nombre, et celle qui a le nombre sans le pouvoir, et qui devrait, dans une démocratie normale, avoir largement plus de pouvoir que la première.
Nous ne sommes donc pas en démocratie, et les dirigeants de LFI font semblant de le découvrir à leur corps défendant. Le fait de détenir un pouvoir conféré par l’électorat grandissant des quartiers – la démographie le prouve – se heurtera toujours à celui de la minorité agissante, qui modifie alors les règles de la démocratie électorale (un électeur, un vote) en jetant l’opprobre médiatique sur les partis populaires ou populistes. C’est valable pour le RN gelé grâce au racisme et à l’antisémitisme, et désormais pour LFI avec l’antisémitisme, ce prétendu racisme des musulmans.
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation