par Mendelssohn Moses
«S’asseoir sur une position défensive n’a jamais gagné une guerre».
Le 2 août 2023, le colonel Douglas MacGregor a été interviewé par le remarquable professeur d’histoire norvégien Glenn Diesen.
Parmi les nombreuses et éclatantes qualités du colonel est celle de se remettre soi-même en cause, et d’interroger ses propres conclusions par rapport à une réalité protéiforme.
Sans connaître personnellement le colonel, je mesure le courage qu’il lui faut pour aller au clash, en s’exposant aux insultes et menaces de la part des Suspects habituels.
Quoiqu’il en soit, il faut souhaiter ardemment que le président Poutine et son entourage prêtent une attention soutenue à ce que dit le colonel dans cet entretien.
Afin de gagner du temps, nous résumons ici uniquement les déclarations du colonel à partir de 33 mins.40 secs.
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GD : Pourquoi la Russie n’a-t-elle pas déclenché la Grande offensive alors que tout est prêt ?
DM : Le président russe est extrêmement prudent. Son objectif jusqu’ici a été d’éviter à tout prix une confrontation directe avec les USA et l’OTAN.
Cependant, les officiers supérieurs des armées russes lui ont très certainement indiqué que la retenue dont fait preuve la Russie dans cette guerre est interprétée – à tort – par Washington comme une faiblesse à exploiter à cœur joie.
En mon opinion, ces officiers russes ont raison. Il est impossible de gagner une guerre en s’asseyant sur une position défensive. Vous pourriez éliminer tous les soldats ennemis, tout leur équipement – et tout de même ne pas gagner la guerre.
Or, l’état d’esprit à Washington et à Londres – et celui des globalistes au pouvoir à Paris et Berlin – ne promet rien de bon. Ils sont aveugles et sourds à la réalité.
Washington n’est pas disposé à reconnaître la défaite. Les officiers supérieurs US qui tentent de présenter des rapports où il apparaît que le niveau des armées et des armements russes, tout comme les faits sur le terrain en Ukraine ne correspondent aucunement au récit officiel US/UK, sont traités comme des intrus.
Jusqu’à ce que les USA ne se réveillent pour découvrir l’armée russe en train de sillonner les rues de Kiev et de traverser le Dniepr, les USA ne croiront pas pour une seule seconde que la guerre est finie.
Le péril actuel est l’excès de retenue du côté russe : si elle devait perdurer, ce serait une invitation à la Pologne et à la Lituanie d’entrer en Ukraine.
Ce qui ouvrira la Boîte de Pandore – et ce sera Sauve qui peut.
Et les conséquences seront terribles.
Voir aussi : http://futuredefensevisions.blogspot.com/2023/08/the-american-conservative
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Petit aparté de RI : Cette réponse de MacGregor montre, s’il en était besoin, la complexité de l’Opération Militaire Spéciale, et surtout la difficulté d’interpréter la manière dont elle se déroule. La non-connaissance des objectifs réels des deux parties (OTAN/Russie) et l’ignorance des étapes que chacune des parties a planifiées pour atteindre ces objectifs brouillent la perception des évènements et peuvent pousser à des analyses parfois contradictoires. Beaucoup d’analystes pensent, comme MacGregor, qu’Il est impossible de gagner une guerre en s’asseyant sur une position défensive. L’excès de prudence et de retenue attribué au côté russe est donc perçu comme une erreur et agace plus d’un. Pourtant, et c’est là qu’il y a une contradiction, il semblerait que, «l’inertie» russe peut aboutir à ce que les USA puissent se réveiller un jour pour découvrir que l’armée russe est en train de sillonner les rues de Kiev et que la guerre est finie. Notons, en passant, que cela suppose que la prise de Kiev fait partie des plans de Moscou. Cependant, cette hypothèse peut être mise à mal par deux remarques : d’abord, les Russes savent mieux que quiconque, et Napoléon l’a appris à ses dépens en 1812, qu’il ne suffit pas de prendre une capitale pour gagner une guerre. Ensuite, le véritable ennemi de la Russie dans cette confrontation qui n’en est peut-être qu’à ses débuts, c’est l’OTAN, dont la capitale n’est certainement pas Kiev. Il n’en reste pas moins que MacGregor a raison sur le fait que l’attitude de Moscou risque d’ouvrir la boîte de pandore. Est-ce voulu ? Là est la question
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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