Par Moon of Alabama – Le 23 juin 2023
L’Occident a poussé l’Ukraine à une contre-offensive sans espoir, sur la base d’évaluations erronées et d’espoirs fous.
On prétendait que les troupes russes étaient faibles, non entraînées et non préparées à une attaque ukrainienne. On prétendait aussi que les hommes ukrainiens fraîchement mobilisés, qui avaient reçu des armes et un entraînement “occidentaux”, disposeraient de la quantité et de la qualité nécessaires pour venir à bout des défenses russes.
On a poussé les troupes ukrainiennes, ainsi que le public, à croire à ces conneries.
Lord Bebo @MyLordBebo – 0:55 UTC – Le 23 juin 2023
L’entraînement de l’OTAN expliqué par un prisonnier de guerre ukrainien
-> Les psychologues les ont entraînés à ne pas avoir peur et à penser que la Russie est épuisée et faible….
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Toute évaluation militaire rationnelle et neutre montrait une image bien plus réaliste. Une situation dans laquelle la Russie vaincrait forcément la contre-offensive prévue.
À la fin de l’année 2022, l’armée ukrainienne était épuisée et avait déjà été détruite à deux reprises. Les Russes ont d’abord détruit une grande partie de l’équipement d’origine de l’armée ukrainienne, puis l’équipement de l’ère soviétique apporté à l’Ukraine par les anciens pays du Pacte de Varsovie.
Plus important encore, ils avaient tué ou blessé un grand nombre de sous-officiers expérimentés (sergents, etc.) et d’officiers subalternes de l’armée ukrainienne qui commandaient et constituaient le noyau de chaque compagnie. Les forces ukrainiennes nouvellement mobilisées ne disposaient pas des connaissances ou de la formation nécessaires pour les remplacer.
Les équipements occidentaux sont plus complexes que ceux de l’ère soviétique. Il nécessite également une maintenance plus spécialisée. L’Ukraine a reçu un véritable zoo. Les nombreux types d’équipements et les nombreuses munitions incompatibles qu’ils utilisent constituent un cauchemar logistique.
L’entraînement “occidental” des forces ukrainiennes mobilisées n’a pas permis de former des soldats plus compétents que ne l’aurait fait l’entraînement soviétique. Ceux qui ont vu l’OTAN trébucher en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et en Libye auraient dû s’en rendre compte.
De son côté, la Russie a mobilisé 300 000 soldats qui, pour la plupart, avaient été des soldats sous contrat avant de retourner à la vie privée. Ils ont bénéficié d’une formation de remise à niveau approfondie. Ils sont désormais mieux payés que dans la vie civile, ce qui a certainement contribué à renforcer leur motivation.
La Russie a également modifié la structure de son armée. En 2022, la principale force de combat russe était constituée de groupes tactiques de brigade (GTB). Chacun d’entre eux faisait partie d’une brigade de garnison qui, en plus de soldats sous contrat, disposait de bataillons supplémentaires formés principalement de conscrits. Selon la législation russe, les bataillons de conscrits ne pouvaient pas être utilisés en territoire étranger.
Les GTB de combat disposaient de peu de vrais soldats d’infanterie. Outre leurs 9 pelotons d’infanterie, ils disposaient de 8 pelotons d’artillerie et de 5 pelotons auxiliaires. Sur un total de plus de 800 soldats dans un GTB, seuls 200 étaient réellement des fantassins capables d’occuper les tranchées. L’ensemble de la structure était trop importante et trop difficile à commander.
Une fois que la mobilisation a permis de rassembler suffisamment d’hommes, l’armée russe est passée des GTB à une structure de brigade mobile. Sous l’autorité d’un commandant supérieur, la brigade comprend deux ou trois bataillons composés chacun de trois ou quatre compagnies d’infanterie mobile ou de chars. La plupart de l’artillerie et des troupes auxiliaires des anciens GTB sont désormais concentrées dans la structure de la brigade et peuvent être utilisées de manière plus flexible là où elles sont nécessaires. Dans les bataillons de première ligne, le ratio entre le nombre de combattants et la logistique est désormais beaucoup plus élevé que dans un GTB et l’ensemble de la structure est plus facile à commander.
Au-dessus des brigades nouvellement structurées se trouvent désormais des commandements de division qui disposent de moyens supplémentaires tels que des défenses aériennes, des hélicoptères d’attaque et des unités de guerre électronique. Ils dirigent les brigades au sein d’un front plus large et avec une meilleure vue d’ensemble.
Alors que le manque d’infanterie sous contrat a rendu nécessaire la structure GTB de 2022, les forces mobilisées en plus ont permis en 2023 de revenir aux structures classiques plus efficaces des bataillons en brigades et en divisions. Tout cela était visible dans les rapports de l’armée russe qui ne mentionnaient plus les GTB mais les numéros de brigade. Pour un militaire impartial, il était facile de voir que cette nouvelle force russe serait plus équilibrée et meilleure.
Les images satellite montrent depuis des mois que les troupes russes construisent de vastes structures de défense, telles que des lignes de tranchées et des barrières antichars. Elles continuent d’ailleurs à les renforcer.
Au printemps 2023, l’armée ukrainienne était beaucoup plus faible qu’au début de la guerre. L’armée russe s’était développée et était plus forte. Elle disposait également de positions bien préparées. Les politiciens “occidentaux“, l’opinion publique propagandiste et les commandements militaires n’ont pas reconnu ces faits.
L’OTAN avait simulé la contre-offensive ukrainienne :
La logique veut que toute utilisation responsable du système de simulation KORA ait prédit l’échec de l’attaque de la 47e brigade. Selon le Washington Post, les officiers de la 47e brigade “ont planifié leurs assauts et ont ensuite laissé le programme [KORA] leur montrer les résultats – comment leurs ennemis russes pourraient réagir, où ils pourraient faire une percée et où ils subiraient des pertes“. La simulation KORA a permis aux officiers ukrainiens de coordonner leurs actions “pour tester la façon dont ils travailleraient ensemble sur le champ de bataille“.
Étant donné que la structure des forces ukrainiennes était insuffisante pour accomplir la tâche essentielle de la suppression, les forces ukrainiennes n’avaient aucune chance d’accomplir les exigences d’assaut réelles d’une opération de percée – la destruction des forces ennemies de l’autre côté de la barrière d’obstacles en cours de percée. Cependant, les Ukrainiens sont sortis de leur expérience KORA avec la certitude d’avoir élaboré un plan gagnant capable de vaincre les défenses russes à l’intérieur et autour d’Orekhov.
Lorsque l’on examine la structure d’une simulation basée sur le KORA, il apparaît clairement que le système est entièrement dépendant des diverses données d’entrée qui définissent la simulation dans son ensemble.
Ils pensaient probablement que les Ukrainiens pouvaient réellement gagner. Mais lorsque l’on utilise des estimations erronées des forces de combat de chaque camp comme données d’entrée d’une simulation, le résultat sera toujours erroné.
Les résultats dans le monde réel sont maintenant connus. La contre-offensive ukrainienne a échoué.
L’édition du week-end du quotidien économique allemand titre : “Ce n’est pas une contre-offensive. C’est un crash test sanglant“.
Il est temps de reconnaître que les évaluations militaires “occidentales” et leurs attentes étaient complètement erronées :
Dans ses premières phases, la contre-offensive ukrainienne a moins de succès et les forces russes font preuve de plus de compétence que ne le prévoyaient les évaluations occidentales, ont déclaré à CNN deux responsables occidentaux et un haut responsable militaire américain.
La contre-offensive “ne répond pas aux attentes sur tous les fronts“, a déclaré l’un des responsables.
Selon les évaluations occidentales, les lignes de défense russes se sont avérées bien fortifiées, ce qui rend difficile leur franchissement par les forces ukrainiennes. En outre, les forces russes ont réussi à enliser les blindés ukrainiens grâce à des attaques de missiles et de mines et ont déployé leur puissance aérienne de manière plus efficace.
Les forces ukrainiennes s’avèrent “vulnérables” aux champs de mines et les forces russes “compétentes” pour les défendre, a déclaré l’un des responsables occidentaux.
Même le néoconservateur Institute for the Study of War a été contraint de reconnaître la compétence des forces russes :
Le ministère russe de la défense a réagi à l’attaque ukrainienne avec un degré de cohérence inhabituel et a félicité les éléments du district militaire du Sud pour avoir repoussé l’attaque et regagné les positions perdues.
Quiconque pense que la cohérence n’est pas caractéristique des Russes devrait revenir en arrière et lire au sujet de l’opération Bagration, qui a montré ce qu’une armée russe bien préparée peut réellement faire.
ISW écrit également :
Les forces russes semblent avoir exécuté leur doctrine tactique défensive formelle en réponse aux attaques ukrainiennes […].
Eh bien, à quoi s’attendaient les “experts” de l’ISW ? Que les Russes utiliseraient leurs manuels comme du papier toilette et qu’ils s’enfuiraient lorsque la chasse aux dindes commencerait ?
Dans leur stupidité la plus totale, les néoconservateurs y ont probablement cru.
Les évaluations réalisées n’ont pas tenu compte de la qualité douteuse des forces ukrainiennes fraîchement mises sur pied. Elles n’ont pas tenu compte des changements et de la croissance des structures militaires du côté russe. Elles n’ont pas reconnu la qualité des fortifications et des capacités militaires russes, ni les racines profondes de leur doctrine.
Les résultats sont la conséquence de cette ignorance de la réalité, du fait de prendre ses désirs pour la réalité.
La politique de cette guerre exigeait que le camp “occidental” l’emporte. Les forces armées de l’OTAN étaient orientées dans ce sens. Au lieu de dire aux politiciens quelle serait l’issue réaliste, elle a fourni des évaluations pleines d’espoir qui défiaient la réalité.
En conséquence, l’armée ukrainienne a subi de nombreuses pertes inutiles et a perdu l’initiative.
Espérons qu’au moins quelques personnes en tireront les leçons.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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Source : Lire l'article complet par Le Saker Francophone
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