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par Bruno Bertez
RÉALISME !
La Russie ne peut être battue.
C’est une évidence pour moi depuis le premier jour et le déroulement des évènements, à ce jour, le confirme sans doute aucun.
Face à la puissance militaire russe, l’Ukraine ne peut offrir que des tentatives plus ou moins terroristes du type ISIS.
Le conflit ne dure que par l’espoir sans cesse entretenu d’une future arme miracle.
C’est un truc, un gadget plus qu’une véritable tactique militaire.
Bien entendu si les évènements devaient tourner je m’empresserais de changer d’avis : quand le réel change il faut savoir changer de scenario.
Ceci étant posé la question centrale que ne se posent pas les marchés c’est : que se passera-t-il si la bulle militaire occidentale éclate, si le Réel prend le dessus et que l’imaginaire se fracasse ?
Voilà la question prioritaire et, c’est incroyable, je ne vois personne s’en préoccuper.
L’idée superficielle est soit que cela ne se produira pas, soit que ce sera comme l’Afghanistan c’est à dire que cela sera noyé sous la Com et rapidement oublié.
Ce n’est pas mon pari.
Une fenêtre de criticalité est ouverte ; pas très loin dans le temps logique du système il y a la Falaise de Sénèque.
Attention ce n’est pas une prévision, c’est l’évocation d’une terrible possibilité. Évocation d’un cas possible.
Une fenêtre de fragilité est ouverte dans le système mondial, et un choc comme celui qui est envisagé ci-dessus peut très bien provoquer une réaction chaotique.
Cela veut dire que l’évènement constitué par l’échec militaire peut avoir un retentissement qui dépasse les effets anticipiés réels ; il peut y avoir catalysation, résonance, effets multiplicateurs, non linéarité. Pour parler vulgairement : la mayonnaise peut prendre.
Le système fondé autour de l’hégémonie du dollar ne repose plus sur la vertu ou la croyance en la vertu ; non il repose sur l’inverse à savoir qu’il n’y a plus de vertu et plus de limite, que l’on pourra toujours continuer à trasher, et avilir car il n’y a pas d ‘alternative ; il n’y a plus de vertu, plus de limite mais il n’y a pas d’alternative, c’est le système TINA.
Cette croyance, cette certitude sont devenues un invariant de base du système, comme en 2008 l’était la croyance en la hausse perpétuelle de l’immobilier…
Une crise c’est la rupture d’un invariant qui était ancré dans une croyance.
Le système dans sa phase finale actuelle repose sur l’absence de limite depuis 20 ans et il dure à cause de cela ; Cette croyance en l’absence de limite, est complétée ou déclinée par le fameux mythe qu’un pays qui crée sa propre monnaie et s’endette dans cette monnaie ne peut faire faillite.
C’est un mythe bien sûr car si le pays est en difficulté de paiement, insolvable, que le prix qu’il doit payer pour rouler ses dettes monte et qu’il essaie de payer ses dettes par la planche à billets, il accélère la fuite devant ses dettes, devant ses actifs financiers et devant sa monnaie, il se Weimarise !
Le plus important c’est non pas le mythe mais la question de l’absence de limites au «roulement», à la reproduction du système américain.
Le système se perpétue parce que les limites peuvent être franchies sans conséquences ; le système USA peut «rouler» ses dettes, il peut accumuler déficits sur déficits, ils peut dériver budgétairement, fiscalement, extérieurement, il n’y a plus de statue du commandeur en aucune matière. Tout glisse, tout descend la pente.
C’est d’ailleurs pour cela que les dérives s’accélèrent et que l’on est en phase finale. Les limites à la dérive d’un système permettent de contrôler sa destruction, d’étaler mais l’absence de limite fait qu’il se lance dans le mur ou le gouffre tout seul.
C’est le problème du capitalisme qui depuis la fin des syndicats et du modèle soviétique est devenu fou, sans retenue, débridé sans frein et ainsi précipite ses contradictions et sa destruction finale en tant que système historique.
Donc si vous me suivez toutes les limites sont franchies, et pire oubliées, le système est livré à la fois aux forces de destruction et d’accélération. Un canard sans tête.
Mais que peut- il se passer si de façon significativement historique quelqu’un à l’extérieur donne un signe puissant que des limites sont atteintes, que les croyances à la toute puissance sont erronées et injustifiées ?
Je livre cette interrogation à votre sagacité.
Jeffrey Sachs :
«La seule chose qui ne peut pas arriver, à mon avis, c’est que la Russie soit vaincue. Et la raison en est que si la Russie devait perdre au sens conventionnel du terme, je pense que la Russie se dirigerait probablement vers une guerre nucléaire… On me dit tous les jours, oh, ne vous laissez pas faire chanter par les armes nucléaires. Les gens qui disent ça n’en ont aucune idée».
source : Bruno Bertez
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