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par Colombe pour Le Média en 4-4-2
Il est le père du lobbyisme, le maître dans l’art de manipuler l’opinion que ce soit à des fins politiques ou publicitaires. Edward Bernays, c’est une vie consacrée à l’une des tâches majeures de notre siècle : celle qui consista à pervertir les démocraties pour faire plier les volontés des masses, afin de satisfaire des élites gouvernementales et ensuite des multinationales.
Né en 1891 et mort en 1995, à l’âge de 103 ans. Edward Bernays était le double neveu de Sigmund Freud car sa mère, Anna était la sœur de Sigmund Freud et son père Eli était le frère de la femme de Freud, Martha Bernays. Il est mort dans l’indifférence, presque oublié du grand public alors qu’il a inventé l’un des grands maux du XXe siècle : la manipulation de masse par de fausses informations.
Avant de devenir cet homme, il a été, en 1912, corédacteur en chef de la Medical Review of Reviews et de la Dietetic and Hygienic Gazette. Il est embauché car c’est un ami qui a hérité de ces deux revues scientifiques et qui a ne sait pas trouver une bonne ligne éditoriale.
Au même moment, en ville, une pièce de théâtre, dont le sujet est très tabou, est en train de se mettre sur pied. Cette pièce décrit l’histoire d’un homme qui a la syphilis et qui le cache à sa future femme. Ils ont un enfant qui naît malade. Un sujet très délicat pour l’époque.
Il crée un comité composé de médecins dont il a convaincu que le sujet de la pièce (la syphilis) est d’utilité publique car méconnue du grand public. Le comité parraine la pièce et à l’aide d’une des revues de son ami qu’il utilise comme support pour la publicité, et une nouvelle technique de promotion. Il a alors que 21 ans. C’est cette première action de publicité, très novateur à l’époque. En effet, au début du siècle, les messages publicitaires sont simples : il s’agit de vanter un produit en le décrivant, tout simplement, pour ce qu’il est. Bernays procède par biais, il utilise des figures d’autorité et, via elles, rend le produit intéressant voir incontournable.
Et c’est en 1915 qu’il devient agent de presse. D’abord il popularise le ballet russe car à l’époque peu de gens était attiré par ce style de spectacle. Il organise une tournée en Amérique du ballet de Serguei Diaghilev. En 1917, il devient l’agent de presse du plus grand ténor de son temps, Enrico Caruso. Ces fonctions d’agent vont lui permettre de commencer à mettre en pratique les techniques d’influence et de persuasion.
Edward Bernays se diversifie et cherche d’autres clients moins «artiste». C’est là qu’il s’est servi des travaux de son oncle sur la psychanalyse. L’influence de Freud et de ses théories psychanalytiques lui a permis de mettre en place des mécanismes de manipulation de l’opinion. Ils s’articulent ainsi comme la base de ses concepts à l’aide des dispositifs sociaux pour faire entrer le désir humain dans la logique marchande.
Certes, d’autres avant lui comme les Sophistes de la Grèce Antique ou Machiavel durant la Renaissance italienne avaient expérimenté des techniques de manipulation de l’opinion publique. Mais Edward Bernays se joue des codes de la démocratie. Plus que cela, il la méprise et l’associe au chaos. Selon lui, les citoyens sont incapables de tenir leur rôle comme ils le devraient idéalement car ils ne sont pas assez ou mal informés. Bernays estime qu’un «gouvernement invisible» constitué de minorités agissantes devrait «fabriquer du consentement» à l’aide des outils de propagande pour aiguiller le peuple dans ses choix.
Dans son travail, concevant des stratégies de communication, il a combiné les idées de Gustave Le Bon et Wilfred Trotter, ainsi que utilisé la psychologie des masses et les idées psychanalytiques de Sigmund Freud. Bernays a commencé une sorte de révolution en combinant les idées traditionnelles de l’agent de presse avec les technologies de la psychologie et de la sociologie, créant ce que les théoriciens appellent aujourd’hui les relations publiques modernes. Il a activement utilisé des idées de psychanalyse dans le but de maximiser les effets commerciaux, et tout cela dans le but de promouvoir divers services et produits.
Qui sont les références d’Edward Bernays ?
Gustave Le Bon (1841-1931),
Un personnage important dans la conceptualisation des masses, ses travaux sont encore utilisés. Il a fréquenté la faculté de médecine de Paris mais n’a pas eu son diplôme. Il a été un anti-colonialisme et a dénoncé le concept de race. Afin de les comprendre, il s’est interressé à l’influence du déterminisme social et sociologique pour expliquer des comportements sociaux humains, en s’appuyant aussi à la théorie de la dégénérescence de Bénédict Morel. Il a exposé ses thèses, en 1895, en publiant un livre sur ce sujet «psychologie des foules».
Qu’explique son livre ?
Il y démontre que le comportement d’individus réunis n’est pas le même que lorsque les individus raisonnent de manière isolée. Il explique ainsi les comportements irraisonnés des foules. Ces études ont aidé aussi à conceptualiser les politiques du maintien de l’ordre français.
Gustave Lebon avait classé et nommé les masses de la manière suivante :
• Les foules dites criminelles
• Les jurés de cour d’assises
• Les foules électorales
• Les assemblées parlementaires
Les dénominations ont changé, maintenant on les dénominations sont : électorat, public, audience, consommateur etc.., mais les mobiles, les mécanismes et les facteurs d’influence et de manipulation des foules restent les mêmes.
Gustave Le Bon a aussi nommé et étudié «le leader» en énumérant trois moyens d’action : l’affirmation, la répétition et la contagion. De nos jours, avec des mouvements populaires comme les Gilets jaunes, on choisit ou on met en avant un chef de file et avec les techniques que j’ai citées tout de suite (affirmation, répétition et contagion) il devient un agent d’influence et peut être un agent d’influence que ce soit voulu, à leur initiative ou poussé, et influencé.
Wilfried Trotter (1872-1939)
Il était un chirurgien anglais, un pionnier de la neurochirurgie. Il était également connu pour ses études sur la psychologie sociale, notamment pour son concept de l’instinct de troupeau, qu’il a d’abord décrit dans deux articles publiés en 1908, et plus tard dans son célèbre ouvrage populaire «Instincts of the Herd in Peace and War», un classique précoce de la psychologie des foule.
Trotter a soutenu que la grégaire était un instinct chez l’homme tout comme les ruches, les troupeaux de moutons et les meutes de loups qu’il a étudié.
Wilfried Trotter a rencontré à plusieurs reprises Sigmund Freud car il apprécié ses travaux.
Ses principales actions
La propagande de guerre
En 1917, il saute le pas d’une promotion à échelle nationale : à cette époque le peuple Américain est largement pacifique et n’a aucunement l’intention d’entrer en guerre, alors que le gouvernement est fermement décidé à s’engager dans le conflit, pour des raisons industrielles.
Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, une commission va être créée par un gouvernement pour changer cette opinion au sujet de la guerre. Et c’est au sein de cette commission que Bernays va montrer ce dont il est capable aux yeux des grands décideurs.
La commission CREEL va mobiliser un grand nombre d’intellectuels, de journalistes, de penseurs qui vont mettre en place un plan d’action, c’est-à-dire un ensemble d’outils et de méthodes destiné à gérer les foules et finalement à faire basculer rapidement l’opinion. Et ils vont réussir avec brio. Les bases de la propagande moderne est alors dans le réel.
Les fomenteurs de cette méthode disent que la population dite «ignorante» n’étant pas capable de prendre de décision pour eux même, sous peine de se comporter comme une foule qui hurle, qui piétine. Alors une minorité d’intelligents «prendrait les meilleures décisions».
Donc faire de cette masse, un peuple docile, à qui on offre du prêt à penser, éviterait aux décideurs des gouvernements de se retrouver face une foule qui serait incontrôlable et qui voudrait se mêler de tous les sujets.
La masse des gens ne peut penser rationnellement, et c’est donc à la minorité intelligente de façonner le destin de cette masse… Ce constat mis noir sur blanc de façon scientifique par Freud, et qui est en adéquation parfaite avec les courants de pensée qui sévissent dans les élites de l’époque, va permettre à Bernays, en tirant les leçons de la commission CREEL, d’inventer littéralement le «public relation».
L’étape supplémentaire de Bernays a été de rendre les relations publiques institutionnelles.
La médecine au service de la cigarette
Après la Première Guerre mondiale, les groupes industriels dont les capacités ont été multipliés, ont une capacité de production bien plus grande. Elle doit alors trouver des marchés afin de continuer à fonctionner.
Il faut donc créer des besoins car à l’époque le citoyen occidental de base consomme en fonction de besoins vitaux et exacerber le désir de consommer et rendre les choses futiles, obligatoires. Cette volonté d’orienter les besoins des Américains était intimement liée aux gains de liberté apportés par les progrès social.
Et Bernays qui avait alors monté son entreprise de relation publique, déjà connue pour ce qu’elle a apporté à la commission CREEL, attire ces industriels justement.
Ses premiers clients : en 1929, les industries du tabac : Saviez-vous que les femmes n’ont pas eu toujours eu le droit de fumer ? En effet, dans certains états, comme l’état de New-York, c’était proscrit. De ce fait, dans les années 20, les fumoirs étaient réservés aux hommes.
Au grand désarroi des fabricants de tabac !
Alors, au service de Lucky Srtike, Bernays va littéralement changer la loi. Le stratège est simple : son idée, convaincre les femmes américaines que fumer est un acte glamour et libérateur. Glamour, car jusqu’à cette époque, fumer était chez les femmes associé à la prostitution. Libérateur, car cette démarche de «féminisation» de la consommation du tabac intervient seulement quelques années après que les femmes aient accédé au droit de vote. Fumer devenait synonyme de liberté : les torches de la liberté.
Pour mettre en pratique cette idée, Bernays engage des mannequins pour parader dans des défilés très médiatisés, comme la grande parade de Pâques de New York. Chacune avait une cigarette dans une main et une pancarte «Torch of Liberty» dans l’autre. L’idée est semée : les femmes qui fument sont indépendantes et modernes. Lucky Strike connait un succès fulgurant et octroie à la femme une place de plus en plus importante dans ses publicités. Ces femmes deviennent ainsi des pin-up, pur symbole de la provocation non vulgaire.
Il va aussi faire intervenir des médecins pour qu’ils attestent une caution scientifique et donc de diffuser des fausses informations. Il n’y avait pas d’études qui démontraient que le tabac avait des incidences sur la santé, toutefois affirmer que cela est positif n’était pas non plus prouvé.
D’où vient le petit-déjeuner Américain type ?
Tout le monde connait la composition du petit-déjeuner américain «eggs and bacon». Mais depuis quand et pourquoi ?
Les producteurs et éleveurs de cochons vont faire appel à Edward Bernays.
Il a mis sur pied un comité de médecins qui vont prôner les valeurs d’un fort apport calorique au lever. Car il faut le savoir, au début du siècle, les Américains sont plutôt adeptes d’un petit déjeuner frugal, ce qui ne colle pas avec l’industrie du porc qui croît plus vite que la demande… Or, le comité de médecin ne va pas seulement prôner un apport calorique important… il va bien spécifier «bacon».
Bernays au service des mélomanes !
Il va persuader les Américains d’acheter des pianos. Encore une fois, il biaise en infiltrant les milieux d’architectes qui vont influencer leurs clients dans l’adjonction d’une salle de musique dans les maisons.
Et que faire quand il y a une pièce dédiée à la musique dans une maison ? La remplir. Et quel est l’objet qui va le mieux la remplir tout en donnant du cachet ? Un piano. Encore un succès.
En 1928 Edward Bernays écrit : il met ses théories à disposition
Avec son livre «Propaganda» :
C’est un recueil d’exemples, bien que jamais cités à la première personne, dont il en a la paternité. Le dogme propagandiste est martelé d’un bout à l’autre de l’ouvrage, couvrant tout le champ économique et social. Si Bernays est le premier des grands théoriciens du conseil en relations publiques, la paternité du concept lui est pourtant disputée par Ivy Lee, qui avait ouvert un cabinet au début du siècle. Ivy Lee fut embauché par John D. Rockfeller Jr suite à la répression sauvage des grévistes de la Colorado Fuel and Iron Company, et réussit à retourner la déplorable réputation de l’entreprise en publiant ses bilans en termes d’imposition, de charges, de masse salariale et d’emplois.
Edward Bernays déclara à la sortie de son livre :
«Il est désormais possible de modeler l’opinion des masses pour les convaincre d’engager leur force nouvellement acquise dans la direction voulue».
Les clients de Bernays dans les années 30
Bernays va jouer un rôle lors de l’exposition mondiale de New York de 1939, dominée par General Motors qu’il comptait parmi ses clients de l’époque. General Motors y présente sa vision de l’Amérique du futur, avec une maison témoin, le Futurama. Cette innovation a été une exposition et un tour à l’Exposition universelle de New York 1939 conçu par Norman Bel Geddes, qui a présenté un modèle possible du monde 20 ans dans le futur. L’installation a été parrainée par la General Motors Corporation et a été caractérisée par des autoroutes automatisées et de vastes banlieues. On pouvait y voir les dessins et maquettes de lotissement à l’Américaine : la Suburdia, c’est-à-dire tracer une route un escargot et y construire des maisons de chaque côté (comme on peut le voir dans la série «Desesperate housewives»). Après la crise de 29, l’Amérique tentait de s’en sortir au niveau économique et pensais un nouveau modèle. Des banques ont récupéré des terrains après le crash ou des habitants se sont fait expulser de chez eux et elles avaient bien l’intention d’en faire quelque chose. Donc lors de cette exposition mondiale de New York, c’était l’occasion de faire passer les nouveaux concepts des industriels.
Le rôle de Bernays auprès de Général Motors : mettre en place le plan pour le développement de ces étendues qui arrivaient à maturité, et les maquettes criantes de réalité présentant le monde des années 60 restent à ce jour un incroyable témoignage des capacités de projections des décideurs de l’époque. Certaines personnes croient que ce modèle de civilisation est le fruit du hasard, ou encore un avènement naturel inhérent à l’expansion économique. Pourtant force est de constater qu’au contraire ce modèle est le fruit d’une planification dont la rapidité d’exécution a été planifiée.
La compagnie Mack Truck, qui avait du mal à vendre ses camions. Bernays s’aperçoit après son étude que le problème ne vient pas de la concurrence d’autres constructeurs de camions, mais de la compagnie des chemins de fer et les transports de marchandises. Alors Bernays et son équipe décident de faire une campagne sur les autoroutes, les promouvoir en dénigrant les transports ferroviaires. Il a formé des comités de citoyens bidons, de faux experts écrivent de vrais articles qui paraissent un peu partout, la pression populaire pèse sur des autorités déjà corrompues par des contributions non négligeables.
La United Fruit, une multinationale qui, comme son nom l’indique produisait et distribuait des fruits et des dérivés. Une multinationale bien connue en Amérique centrale et en Amérique du Sud, qui porte parmi ses principaux actionnaires les frères Dulles, dont l’un deux Allen était chef de la CIA.
En 1951 au Guatemala après une élection, Jacobo Arbenz Guzmán est élu et il entame un processus de saisi de terres que la United Fruits n’utilisait pas. Bref, coup dur pour cette noble entreprise américaine habituée à faire ce qu’elle veut en Amérique du Sud, et qui prévoyait un vaste plan de monoculture de bananes dans cette région.
Bernays met en place alors une campagne de propagande pour discréditer le pouvoir nouvellement et démocratiquement mis en place et qui va être dépeint comme un dangereux groupuscule de communistes à la solde du bloc russe, destiné à mettre en place un poste avancé proche des frontières américaines. Alors qu’Arbenz n’a jamais été en contact avec la Russie…
Il y aura une opération de la CIA, autorisé par Eisenhower, sous le nom de code d’opération PBSUCCESS pour simuler un coup d’État contre Arbenz. Ce fût un succès car il fût remplacé par une junte militaire, dirigée par le colonel Carlos Castillo Armas, plongeant le pays dans une longue période de violente instabilité politique.
Le poète Pablo Neruda dénoncera les «republicas bananas», comme une république d’Amérique centrale soumises aux compagnies américaines, et créera ainsi une peinture pour l’illustrer.
La compagnie d’aluminium ALCOA : le mythe des bienfaits du fluorure pour la dentition est né aux États-Unis en 1939. Pourquoi ? La Compagnie d’aluminium ALCOA, qui faisait l’objet de poursuites pour déversement toxique de fluorure, commanda, sur les conseils d’Edward Bernays, à des scientifiques payés par Bernays, une étude faisant l’éloge de ce déchet industriel dérivé de la production de l’aluminium, des fabriques de munitions (et plus tard des centrales nucléaires). L’étude allait jusqu’à proposer qu’on ajoute la substance à l’eau des villes.
En 1947, ALCOA, réussit à placer un de ses propres avocats à la tête de l’Agence fédérale de sécurité, ce qui lui donnait ainsi le contrôle des Services de santé publique. Cette agence qui avait sous son contrôle 87 villes américaines a établi un programme de fluorisation de l’eau, c’est-à-dire que les fonds publics servaient (et servent encore) à acheter un déchet toxique dont l’élimination était très coûteuse et à l’inclure dans l’eau potable consommée par la population.
source : Le Média en 4-4-2
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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