Seriez-vous insultés si on vous traitait de colérique? De sanguin? De mélancolique ou de flegmatique? Loin d’être une insulte, reconnaitre son tempérament pourrait être un pas de plus vers le saint que vous êtes appelés à être.
Tous les saints sont saints, mais ils sont tous uniques et différents. Non seulement par leur histoire ou leur personnalité, mais aussi par le fait qu’ils ont embrassé ce qu’ils étaient profondément tout en se tournant vers la grâce infinie de leur Père.
Voilà une chose que tous les saints ont en commun: l’humilité. La sainte humilité. Cette vertu qui permet de reconnaitre ses faiblesses sans honte et de s’en repentir, qui rend capable de mettre ses forces données par Dieu au service de l’Évangile avec joie.
En ce sens, connaitre son tempérament, l’argile spécifique dans les mains du potier, serait un pas de plus vers le don sincère du «nous-mêmes» que nous sommes appelés à être.
Comme on se réconcilie avec son histoire, il est parfois nécessaire de se réconcilier avec son tempérament.
Entrons dans le vif du sujet.
L’origine
Dès l’Antiquité, on observait divers tempéraments régnant chez les hommes. On attribuait certains traits à certaines dispositions physiologiques pouvant devenir assez caricaturales. Loin de moi l’idée d’étiqueter qui que ce soit, connaitre son tempérament dominant (nous avons tous des traits ici et là de tous les tempéraments, mais en général, il y en a un qui domine) est simplement une façon de se connaitre plus profondément pour mieux vivre la mission spécifique qui nous est confiée.
Selon la tradition, il y aurait quatre grands tempéraments: colérique, sanguin, mélancolique et flegmatique. On peut définir le tempérament comme la matière première à partir de laquelle la grâce travaille. Une façon réduite, mais efficace pour le déterminer est d’observer l’intensité et la durée des réactions premières aux stimulus reçus.
Le colérique | Coco Lapin
Le colérique a tendance à réagir fortement et sa réaction est généralement longue. Le sanguin a aussi une réponse intense, mais de courte durée. Le mélancolique répond petit à petit aux stimulus, mais lorsqu’il éclate, cela dure assez longtemps. Finalement, les flegmatiques ont peu ou pas de réaction, et s’il en est une, elle est de courte durée.
Bien au-delà de cette définition, chaque tempérament a ses forces et ses faiblesses innées et peut utiliser ses forces pour attaquer ses faiblesses.
Commençons par le colérique. Extraverti de nature, en matière de vie intérieure, il est plutôt actif dans la raison et la volonté. Le personnage qu’on lui attribue dans la classique histoire de Winnie l’Ourson est Coco Lapin, qui prend rapidement les choses en main.
Le colérique est logique et pragmatique. Il a la force naturelle de mener ses projets à terme. Comme il a confiance en lui, il n’est pas anxieux de nature. C’est un leadeur naturel. Il est persévérant et a une très grande volonté. Il est motivé par l’action, aime gagner, compléter les tâches rapidement et il est conduit par des idéaux. Il ne montre pas beaucoup ses émotions, si ce n’est la colère. Il a toutefois tendance à être entêté et à juger facilement. Il n’aime pas ce qui est sentimental. Il a aussi tendance à penser à tort que sa manière de faire est la meilleure et que personne ne peut faire aussi bien que lui.
On peut définir le tempérament comme la matière première
à partir de laquelle la grâce travaille.
Celui qui a un tempérament colérique devra principalement apprendre à vaincre son orgueil et à contrôler sa colère.
Pour s’aider, il peut réciter la Litanie de l’humilité chaque jour et examiner la phrase qui le dérange spécialement. Par sa force de volonté naturelle et son côté rationnel fort, il est invité à examiner quelle pensée a généré telle colère, ou quelle injustice perçue l’a déclenchée, en tenant un journal quotidien ou en faisant un examen de conscience détaillé. S’exercer à demander de l’aide le conduira aussi sur le chemin de l’humilité. S’il laisse le Seigneur le transformer, il fera de grandes choses à l’image de saint Pierre et de saint Paul.
Le sanguin | Tigrou
Le deuxième tempérament extraverti est le sanguin. Il est Tigrou dans Winnie l’Ourson. Il est l’ami de tous. Par son enthousiasme naturel, il sait comment désamorcer les situations désagréables. C’est un être de compassion, franc, spontané, artistique et créatif qui pardonne facilement. Il a de la facilité à vivre dans le moment présent et inspire les autres à faire de même. Cependant, il peine à rester constant, à mener ses projets à terme et à garder sa concentration. Comme sa vie intérieure se déroule plutôt dans l’appétit concupiscible (ce qui concerne le plaisir des sens), il a tendance à être glouton, luxurieux et vaniteux. Puisqu’il est très motivé par le plaisir et la nouveauté, il a tendance à prendre des décisions impulsives et à avoir une aversion pour ce qui est exigeant. Lorsqu’il n’éprouve plus de plaisir à faire quelque chose, il veut abandonner, car il ne peut pas supporter les sentiments négatifs.
Si, avec la grâce de Dieu, il arrive à vaincre son inconstance et son intempérance, il peut devenir un grand saint comme Philippe de Néri ou Thérèse d’Avila.
Il est invité à prendre conscience que les pensées que nous avons génèrent les émotions ressenties. Dans son cas, la pensée derrière l’aversion d’une activité pourrait être: «Ça ne vaut pas la peine de faire telle chose, car je n’éprouve plus de plaisir.» Autrement dit: c’est plate! Il apprendra ainsi à prendre la responsabilité de ses émotions négatives pour ne pas blâmer ses décisions sur les circonstances. Il doit aussi prier pour développer la tempérance et reconnaitre que cette vertu est nécessaire sur le chemin de la sainteté.
Le mélancolique | Bourriquet
Pour sa part, le mélancolique valorise les grands idéaux. Il est réfléchi, profond et sait faire preuve de compassion. Il est attentif aux détails, diligent et ordonné. C’est une personne d’une grande sensibilité et créativité. Il est poétique, pensif, aime le silence et la réflexion. Ses relations avec ses amis sont profondes et authentiques. Une de ses grandes forces est sa capacité à entrer en profonde prière et contemplation. Cependant, il a tendance à tomber dans le perfectionnisme pouvant aller jusqu’au pélagianisme. Il doit faire attention à ne pas usurper la grâce de Dieu, qui est la seule chose pouvant nous perfectionner. S’il est vécu sans la miséricorde divine, ce gout de perfection peut le mener à la tristesse et au désespoir. Il a tendance à penser que les choses ne s’arrangeront pas, à croire que le malheur s’abat sur lui plus que sur les autres ou qu’il n’atteindra jamais son plein potentiel. Il peut être pessimiste, indécis, rancunier et prompt à critiquer. Sa vie intérieure se déroule plutôt dans le côté négatif de l’appétit concupiscible.
S’il s’appuie sur la grâce du Seigneur et arrive à surmonter sa tristesse et à se tourner vers le Seul qui peut le parachever, il ressemblera à un saint comme saint Jean de la Croix ou sainte Thérèse Bénédicte de la Croix. C’est Bourriquet dans Winnie l’Ourson.
Le mélancolique est appelé à utiliser sa capacité naturelle d’introspection pour la prière et la contemplation des mystères de Dieu. Il a avantage à pratiquer la gratitude chaque jour. S’il est aux prises avec une émotion négative, il peut unir sa souffrance à celle du Christ. Il doit comprendre que la perfection ne signifie pas seulement d’être sans tache ou immaculé, mais surtout de devenir un être complet, achevé par la grâce de Dieu.
Le flegmatique | Winnie l’Ourson
Finalement, le flegmatique (Winnie l’Ourson) est motivé par l’harmonie et cherche à préserver la paix dans ses relations. C’est une personne calme, aimant la structure, minutieuse, qui aime les processus. Il est aimable, patient, respectueux et tolérant. En revanche, il peut chercher à plaire aux autres dans le but de ne pas faire de vagues, et donc ne pas se révéler tel qu’il est. Sa vie intérieure se déroule principalement du côté de l’appétit irascible. Il a tendance à séjourner dans la peur, entre autres dans la peur du changement. Il est aisément découragé et a une tendance à la paresse, car il manque de motivation. Il a de la difficulté à identifier ce qu’il veut.
Il y a de la variété, il y a des forces naturelles et des faiblesses naturelles. Mais rien qui ne soit à l’épreuve de la grâce divine.
S’il apprend à surmonter sa peur et son apathie naturelle, il peut devenir un grand saint comme Thomas d’Aquin. Il est encouragé à écrire, tous les matins, cinq choses qui le motivent. Il peut aussi trouver ce qu’il désire profondément et le partager sincèrement, sans restriction, avec Dieu. En rapport à sa peur, il est appelé à examiner les pensées derrière elle et à les tester pour découvrir si elles sont vraies, hors de tout doute. Ce qui ne sera pas le cas. Il doit aussi apprendre à identifier ses motivations profondes en se demandant ce qu’il hait ou désire vraiment, et en s’obligeant à y répondre.
Bref, il y a de la variété, il y a des forces naturelles et des faiblesses naturelles. Mais rien qui ne soit à l’épreuve de la grâce divine. Le Seigneur n’a pas peur de la diversité («Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit», 1Co 12,4). Il ne considère pas un tempérament meilleur qu’un autre («L’œil ne peut pas dire à la main : ‘‘Je n’ai pas besoin de toi’’», 1 Co 12,15; « Le pied aurait beau dire : ‘‘Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps’’, il fait cependant partie du corps», 1Co 12,21). Mais il y a celui qui fait l’expérience qu’il «peut tout en celui qui [le] fortifie». (Ph 4,13)
Note : La description des quatre grands tempéraments est basée sur un rapport d’une compagnie américaine spécialisée dans le coaching catholique : https://shop.metanoiacatholic.com/products/the-temperaments-report. On peut aussi passer un test gratuitement pour identifier son tempérament dominant : https://s.metanoiacatholic.com/ofcywtau
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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