RapSit-USA2023 : La foi perdue de/en l’Amérique

RapSit-USA2023 : La foi perdue de/en l’Amérique

RapSit-USA2023 : La foi perdue de/en l’Amérique

Voilà un sondage qui devrait faire date mais qui passera sans doute, – “certainement”, dirions-nous, sans prendre trop de risques vu l’état d’insincérité de la presseSystème, – certainement inaperçu donc… La raison en est qu’il nous présente ce que nous jugeons être l’“effondrement de la foi” des Américains dans l’Amérique, par le biais de l’effondrement des “valeurs” instillées par le Système dans l’imaginaire des têtes blondes (ou noires ?) à la peau blanche (ou noire ?). Tout cela se perd dans la gadoue du  Woke et la bouillie du wokenisme, saupoudrées d’un assaisonnement constant de politiqueSystème. C’est un recul constant depuis les années1990 et un effondrement depuis 2019… C’est le vénérable Wall Street Journal (WSJ) qui nous livre les résultats du sondage.

« Le nombre d'Américains qui considèrent le patriotisme, la religion et d'autres “valeurs américaines” essentielles comme importantes a chuté depuis la fin des années 1990 et s'est effondré au cours des quatre dernières années, si l'on en croit un nouveau sondage du Wall Street Journal. »

On substantialise tout en résumant pour ne pas trop nous charger l’esprit, – c’est-à-dire qu’on résume à coup de marteau, comme Nietzsche faisait de la philosophie ; cela, par le biais de RT.com, le seul organe de presse qui donne une image à peu près convenable de la vérité américaine et américaniste.

« Publié lundi, le sondage révèle que le pourcentage d'Américains qui déclarent que le “patriotisme” est très important pour eux est tombé à 38 %, alors qu'il était de 61 % en 2019 et de 70 % en 1998. La “religion” a perdu de son importance, 39% la citant comme très importante, contre 48% en 2019 et 62% en 1998.

» Seulement 30 % des Américains considèrent aujourd'hui qu'il est très important d'avoir des enfants, contre 43 % en 2019 et 59 % en 1998. En 1998, 47 % des Américains considéraient l’“engagement dans la communauté” comme très important, un chiffre qui est passé à 62 % en 2019, avant de chuter à 27 % en 2023.

» Seul l’“argent” a constamment gagné en importance, 43 % des Américains le considérant comme très important, contre 41 % en 2019 et 31 % en 1998. »

L’analyse nous indique qu’il y a eu de nombreux événements impliquant les USA et affectant la psychologie américaniste, dans tous les cas depuis les années 1990. Nous le savions et nous en doutions, sans aucun doute, mais nous avons surtout là une sympathique explication de l’effondrement de certaines “valeurs” jusqu’alors tenues et perçues comme dans l’américanisme, et quasiment sanctifiées à cet égard ; ces “valeurs” bouillonnant dans ce mélange d’affectivisme et d’idéalisme soutenant un formidable conformisme structuré par une psychologie sans équivalente dans son caractère d’exceptionnalité fantasmagorique ; cet habillage psychopolitique (et métapolitique) ayant permis l’acceptation et le développement de l’idéal de puissance suivant une dynamique que nous définissons d’un point de vue métahistorique comme le “déchaînement de la Matière”. C’est dire l’importance du maintien de ces “valeurs” ; c’est dire l’aspect catastrophique de la nouvelle selon laquelle ces valeurs s’effondrent en s’éparpillant, selon une opposition radicale, cruelle et furieuse, entre les deux factions américanistes devenues les deux frères-ennemis de la Grande République.

Polarisation, sans aucun doute ! Le patriotisme des républicains n’est certainement pas fait pour soutenir et protéger la perception démocrate de l’américanisme, – exactement le contraire puisque la notion démocrate est, elle, assimilée à du globalisme dévoreurs de l’idée originelle de l’américanisme… Décidément, rien ne dénouera l’écheveau de l’affrontement de la guerre civile psychologique qui déchire les USA.

« Cette polarisation est évidente dans l'enquête, les républicains classant le patriotisme, la religion et le fait d'avoir des enfants plus haut que les démocrates. L'engagement communautaire est légèrement plus important pour les démocrates, tandis que les deux groupes considèrent que l'argent est tout aussi important. C'est sur la notion de patriotisme que le fossé est le plus profond : 59% des républicains la jugent très importante, contre seulement 23% des démocrates. »

Un bémol de taille, – dans le chef de ceux qui l’introduisent, – est introduit pour faire valoir que ce sondage en ligne, totalement anonyme, ne présente pas les mêmes caractéristiques que les sondages de cette sorte qui ont précédés, qui se faisaient par téléphone. On comprend pourquoi. Un appel téléphonique, venu d’un inconnu assuré et armé d’un discours structuré, déstabilise nombre de psychologies et conduit à des attitudes de résistance, de dissimulation, à des compromissions, etc…

C’est effectivement ce qu’on nous dit, en citant des résultats beaucoup plus ‘soft’, beaucoup plus conforme à la narrative chuchotée par le président des États-Unis en train de siroter un excellent ice-cream préparé par la First Lady.

« Les versions précédentes du même sondage ont été réalisées par le biais d'entretiens téléphoniques avec 1 000 adultes, tandis que la dernière itération a été réalisée en ligne.

» Le sondeur Patrick Ruffini a fait remarquer que les personnes interrogées par téléphone sont “beaucoup plus susceptibles de répondre de manière à donner l'impression qu'elles sont des citoyens honnêtes, patriotes et attachés à l'engagement communautaire”. D'autres sondages montrent que ces valeurs et d'autres valeurs similaires sont également en déclin, mais à un rythme beaucoup plus lent que ne le suggère l'enquête du Wall Street Journal. »

Ces remarques ni ne nous intéressent, ni ne nous concernent. Le sondage en ligne a une et parfois plusieurs chances de définir une vérité-de-situation alors que le sondage par contacts personnels dépend nécessairement d’un processus où le sondeur tient toutes les cartes où il lit sa propre “vérité”, qui est tout aussi nécessairement une sorte de variété hybride de l’ère de la postvérité.

Le “Dieu est mort” de l’Amérique

Au contraire, le sondage du WSJ retrouve une analyse intuitive et interprétative d’un grand esprit, – qui plus est constitutionnaliste, démocrate et progressiste à l’ancienne vertu, adversaire de Trump sans se dissimuler un instant ce que vaut Biden, – c’est-à-dire Jonathan Turley qui nous avait inspiré un texte d’analyse, le 11 janvier 2021, sous le titre, – excusez-nous du peu et du jeu de mots, – de « Il était une foi en l’Amérique »… Le sondage du WSJ en est la démonstration éclatante et catastrophique

« • L’événement du 6 janvier 2021 (l’‘attaque’ du Capitole), très controversé dans ses conditions, ouvert à de nombreuses interprétations et manipulations, est analysé ici d’un point de vue fondamental, moins comme un événement d’une lutte entre divers adversaires que comme une démonstration effrayante de la perte de la foi en l’Amérique des citoyens américains. • C’est le professeur Turley, qu’on lit et consulte souvent et qui est un des meilleurs constitutionnalistes US, qui analyse la situation d’une manière rigoureuse. • Pour lui, les personnes qui ont ‘attaqué’ le Capitole n’étaient ni des insurgés ni des terroristes, c’étaient des citoyens américains qui n’ont plus foi en l’Amérique. • Turley ne cherche pas de coupables là où il importe peu d’en trouver, parce que l’essentiel est le constat, et il parle de l’Amérique comme d’une religion en crise de sa foi en elle-même : “Quel que soit le nom que vous donnez [à l’événement], c’était une désacralisation.[…] [Il] est trop facile de traiter cela comme une crise insurrectionnelle. C’est bien plus grave. C’est une crise de la foi.” • C’est le “Dieu est mort” de l’Amérique. »

Ainsi l’Amérique est-elle revenue à son état initial tel que l’avait constaté Tocqueville, qui n’est nullement de succomber aux exhortations sublimes des Pères Fondateurs. Dans le sondages du WSJ, on voit qu’il n’y a plus qu’une seule “valeur” qui tienne les citoyens américains ensemble : le fric… Jusque, donc, le dollar-papier ne devienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être : d’une valeur de papier-toilette, de PQ comme disent les bidasses et les biffins…

Ainsi rappelions-nous que Tocqueville écrivait ceci dans son ‘Journal’, qui nous donne le point de départ de l’Amérique vers la puissance, – qui nous semblerait aujourd’hui, l’élipse de la révolution était accomplie, le point d’arrivée, – où l’aventure se termine là où elle avait commencé, – dans la désintégration finale…

« Il s’agit de deux citations extraites de Œuvres (I) de Tocqueville, dans la Pléiade. (Les mots soulignés en gras le sont par l’auteur lui-même.)

«Sing Sing, 29 mai 1831

»Le principe des républiques anciennes était le sacrifice de l’intérêt particulier au bien général, dans ce sens on peut dire qu’elles étaient vertueusesLe principe de celle-ci me paraît être de faire rentrer l’intérêt particulier dans l’intérêt général. Une sorte d’égoïsme raffiné et intelligent semble le pivot sur lequel roule toute la machine. Ces gens-ci ne s’embarrassent pas à rechercher si la vertu publique est bonne, mais ils prétendent prouver qu’elle est utile. Si ce dernier point est vrai, comme je le pense en partie, cette société peut passer pour éclairée mais non vertueuse. Mais jusqu’à quel degré les deux principes du bien individuel et du bien général peuvent-ils en effet se confondre ? Jusqu’à quel point une conscience qu’on pourrait appeler de réflexion et de calcul pourra-t-elle maîtriser les passions politiques qui ne sont pas encore nées, mais qui ne manqueront pas de naître ? C’est ce que l’avenir seul nous montrera.»

«Sing Sing, 1er juin 1831

»Quand on réfléchit à la nature de cette société-ci, on voit jusqu’à un certain point l’explication de ce qui précède: la société américaine est composée de mille éléments divers nouvellement rassemblés. Les hommes qui vivent sous ses lois sont encore anglais, français, allemands, hollandais. Ils n’ont ni religion, ni mœurs, ni idées communes; jusqu’à présent on ne peut dire qu’il y ait un caractère américain à moins que ce soit celui de n’en point avoir. Il n’existe point ici de souvenirs communs, d’attachements nationaux. Quel peut donc être le seul lien qui unisse les différentes parties de ce vaste corps? L’intérêt.»

 

Mis en ligne le 29 mars 2023 à 19H20

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

À propos de l'auteur Dedefensa.org

« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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