Notre ami « Ultrak », fidèle lecteur actif de Profession-Gendarme, nous propose un texte accompagné d’une vidéo qui nous appelle à réflexions.
C’est avec plaisir et nos remerciements que nous le publions ici :
Le général Givre a quatre écoles sous ses ordres, et dirige le CDEC, Centre de Doctrine et d’Enseignement du Commandement de l’armée de terre, un organisme qui produit et enseigne de la doctrine militaire, et se veut un laboratoire d’idées. C’est ainsi qu’il se présente dans cette vidéo extrêmement instructive, qui traite de l’évolution des doctrines de notre armée dans le contexte mondial né de la guerre en Ukraine.
J’invite les lecteurs à visionner l’interview, puis à élargir la réflexion au-delà du sujet traité. Qui est le général Givre ? À première vue, un militaire français éminent, d’une présentation parfaite, donnant une impression d’intelligence et d’humanité. Cette vision est à la fois rassurante pour le citoyen, et valorisante pour les militaires, qui se trouvent représentés à leur avantage. J’ai pourtant ressenti un malaise en regardant et en écoutant cet homme.
Mon malaise provient d’un sentiment de dissonance cognitive. J’aime mon pays, j’aime l’armée, j’aime les militaires, mais ces attachements forts sont-ils compatibles entre eux ? En d’autres termes, les militaires servent-ils le pays ou vont-ils être amenés malgré eux à le trahir ? La question n’est pas incongrue. Les militaires français se sont déjà retrouvés confrontés à des choix cruciaux dans le passé. Je pense qu’il en est de même aujourd’hui.
Ce qui est frappant dans le discours du général Givre est l’absence totale de questionnement sur la position de la France dans le conflit entre les Occidentaux et la Russie sur le territoire ukrainien. C’est comme s’il allait de soi que l’intérêt de la France, son avenir et ses valeurs étaient liés à la victoire de l’Ukraine. La France n’est officiellement pas en guerre, mais la France est censée avoir choisi son camp par une évidence qui s’impose à elle. Quant à moi, je pense que ce camp est celui de la destruction et de la mort de mon pays.
Il ne faut pas être doué de talents extraordinaires pour constater que les États-Unis ont voulu la confrontation avec la Russie en Ukraine, et que la France a participé à sa genèse en se désintéressant de l’application des accords de Minsk. Il n’est pas plus difficile de discerner l’objectif : faire tomber la fédération de Russie, provoquer son éclatement, son affaiblissement irréversible, puis son alignement sur les valeurs prônées par l’Occident. Ensuite, faire tomber la Chine, et ainsi unifier le monde. La Chine ne s’y trompe pas, marquant de plus en plus son soutien à la Russie.
Deux éventualités se présentent. Elles ne peuvent échapper au général Givre. Soit la stratégie occidentale réussit. Le monde est alors unifié sous la bannière américaine, et ce qui se cache derrière elle. Soit une guerre nucléaire éclate, et une large partie du monde est détruite. Je ne crois pas que le général Givre souhaite que la France soit anéantie sous le feu nucléaire. Mais je le défie de démontrer que ce risque soit négligeable. Les millions de cadavres calcinés sont-ils un prix acceptable à payer pour une hypothétique victoire ?
Un militaire doit réprimer l’émotion et peser froidement les enjeux. J’admettrais que la réponse à ma question soit oui, si j’étais convaincu de l’utilité de ce possible sacrifice. Or non seulement je ne le suis pas, mais je pense que l’alternative à la mort nucléaire est une autre forme de mort, humaine et spirituelle, pour mon pays. Général Givre, peut-être en savez-vous plus que le commun des citoyens sur la gestion de la crise sanitaire en conseil de défense ? Puisqu’il s’agissait d’une guerre, selon les mots du président, vous ne pouvez pas vous en être désintéressé.
Le camp occidental s’est distingué dans sa gestion de crise par des mesures de coercition à l’égard de ses citoyens, et des atteintes radicales à ce qu’ils percevaient comme des droits fondamentaux. Si ce camp devait triompher de la Russie puis de la Chine, le monde n’offrirait plus d’espoir que soit contrebalancée la folie éventuelle de ses dirigeants. Mon intime conviction est que les produits à ARN messager, injectés sous diverses contraintes à la plupart des citoyens français, en particulier aux militaires, sont des poisons à action différée. Et je ne crois pas avoir été défendu par les stratèges de l’armée française dans cette guerre non conventionnelle, qui s’est déroulée aussi sur notre sol. Je ne crois pas que je le serai plus si les États-Unis éliminent leurs rivaux et imposent sans partage leurs nouvelles valeurs au monde.
Dans une perspective historique, je me rappelle les propos du général Allenby, lors de l’entrée des troupes britanniques à Jérusalem en 1917 : « aujourd’hui les Croisades sont terminées ». Il se trompait. Le 13 avril 1204, la « deuxième Rome », Constantinople, capitale et ville sainte de l’Empire byzantin, avait été pillée et largement détruite par les Croisés, entraînant l’affaiblissement durable de l’Empire byzantin, et sa chute définitive lors de la conquête ottomane de la ville, le 29 mai 1453. Nul ne doute que Moscou ait pris la succession de Constantinople à la tête du monde chrétien orthodoxe. Puisque le communisme, puis sa chute, n’ont pas suffi à lui retirer ce rôle capital, les Croisades ne seront définitivement achevées qu’à la chute de Moscou. Si cela doit arriver, trois guerres auront été nécessaires. Dans l’intérêt de qui ? Certainement pas dans celui de la France, dont le rang n’a cessé de tomber.
Je ne vois que deux façons de sortir de la dissonance cognitive que j’ai évoquée au début de cet article. Soit le général Givre explique ce qui m’échappe de l’intérêt fondamental de la France à combattre, sous les ordres du vieillard Joe Biden, la Russie en Ukraine. Soit je reste sur l’analyse que je viens de développer, et il me faut oublier mon attachement à l’armée française, enfermée par ses généraux dans un cadre stratégique restreint, et ainsi devenue incapable de défendre les intérêts essentiels du peuple français. Que le général Givre ne s’abrite pas derrière l’argument de la légitimité du régime en place et de ses décisions. La précédente guerre mondiale a montré les limites de cet argument.
Signé : Ultrak
[Ukraine / Russie] Impact de la guerre sur les stratégies de @armeedeterre – avec le Général Givre
Source : Youtube
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